L’intégration applicative en pleine recomposition

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Sur le front de l’intégration applicative se rejoue l’éternelle querelle des anciens et des modernes. Alors que les seconds finalisent une offre basée sur des standards et dotée des mêmes fonctionnalités que les premiers, ceux-ci, se sentant menacés, cherchent des voies de différenciation.

Récemment, Sonic Software, jeune éditeur d’une plate-forme d’intégration applicative basée sur Java et XML, et Tibco, acteur historique de l’EAI (enterprise application integration), ont été en conflit suite à la publication par le premier sur son site Web d’un test comparant les performances de son bus applicatif avec celui de Tibco. La comparaison étant peu flatteuse pour le produit de Tibco, ce dernier a demandé, en vain, à une cour de justice californienne d’empêcher la diffusion du test. Hasards de l’actualité, Sonic Software et Tibco font à nouveau parler d’eux à l’occasion de la sortie de nouveaux produits. Rappelons que, si l’un et l’autre éditeur interviennent dans le champ de l’intégration applicative, ils en incarnent deux approches opposées. Sonic Software fait partie de ces jeunes éditeurs qui promeuvent un nouveau type d’outil baptisé par le Gartner Group « Enterprise Service Bus » (ESB), lesquels s’appuient sur des standards : ceux des services Web (SOAP, WSDL…) ainsi que les connecteurs d’applications JCA (J2EE Connector Architecture), complétés par des fonctionnalités de transformation et de routage intelligent des messages. A l’inverse, Tibco illustre l’approche propriétaire de l’intégration, qui repose sur des connecteurs applicatifs développés par ses soins.

IBM prépare sa propre solution ESB

On assiste donc sur ce marché à une guerre des anciens et des modernes, même si les tenants de l’EAI propriétaire, sous la pression des « modernes », intègrent désormais dans leurs produits les standards relatifs à la connexion applicative, ce qui les amène à redéfinir la valeur ajoutée de leurs solutions (voir édition du 18 avril 2003). Comment Tibco relève-t-il le défi ? A l’occasion de la sortie de nouvelles versions de certains de ses produits, l’éditeur a indiqué quels étaient les axes de sa stratégie pour l’avenir (voir édition du 25 mars 2003). Le premier vise à établir un pont entre l’EAI et les systèmes d’administration de systèmes de type OpenView de HP ou Tivoli d’IBM, l’idée étant de traduire en langage métier l’impact d’une défaillance d’un serveur ou d’une indisponibilité du réseau. L’autre axe a trait à l’analyse statistique des informations qui transitent au niveau de son EAI, pour permettre à l’entreprise de mieux appréhender l’environnement dans lequel elle évolue. C’est précisément le but assigné à un autre domaine applicatif, la business intelligence et plus généralement l’informatique décisionnelle. Mais, alors que cette dernière travaille sur des silos de données extraites périodiquement, l’approche prônée par Tibco présente l’avantage du temps réel. Ce qui signifie pour les entreprises une réactivité accrue. Reste à traduire ces projets en produits disponibles sur le marché, ce qui devrait intervenir d’ici à la mi-2004 pour les seconds. Pour Sonic Software, l’heure n’est pas encore de s’aventurer du côté du décisionnel mais d’enrichir sa solution d’intégration de nouveaux modules, relatifs au BPM (gestion des processus métiers) par exemple, ainsi que d’une interface de développement, avec l’ambition d’offrir toute la couverture fonctionnelle des plates-formes des « anciens » de l’intégration telles MQSeries d’IBM. Et réciproquement, serait-on tenté de dire, IBM ayant annoncé cet été qu’il proposerait d’ici à la mi-2004 sa propre solution ESB.