L’Internet sur réseau électrique relancé

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Le futur d’Internet passe t-il par les lignes électriques ? C’est fort possible au vu du nombre de projets initiés dans ce sens de par le monde. L’Allemagne, en particulier, est à l’avant-garde de cette technologie avec trois projets distincts. En France, en revanche, le statut d’EDF pourrait empêcher la diffusion du procédé.

Et si, pour accéder à Internet, on se servait des fils électriques plutôt que des câbles téléphoniques ? L’idée n’est pas nouvelle (voir édition du 9 février 1999) mais elle commence à faire son chemin un peu partout dans le monde. L’intérêt est double. Non seulement les différentes technologies en test permettent toutes de très hauts débits (on annonce des débits trente fois supérieurs à une connexion Numéris, soit près de 2 Mbits/s) mais, en plus, les infrastructures électriques sont déjà en place et donc l’investissement pour le consommateur est minime. Il consiste le plus souvent à simplement rajouter un boiter dans le placard électrique de la maison. De plus, on peut faire aussi passer les communications téléphoniques par les fils électriques.

Si, jusqu’à présent, la technique ne semblait pas très au point, des interférences parasitant les communications téléphoniques, des progrès technologiques récents semblent redonner espoir aux promoteurs de ces technologies ainsi qu’aux industriels de l’électricité. Le principe repose sur l’utilisation du champ magnétique créé par le passage du courant à l’intérieur du fil.

Le Cebit, la grande exposition de Hanovre en Allemagne, est l’occasion de faire le point et de multiplier les annonces, en particulier concernant le marché germanique. Trois projets différents vont voir le jour. Il faut savoir qu’en Allemagne, il n’existe pas de monopole de distribution de l’électricité comme en France. Les trois projets sont issus de fournisseurs de courant et s’appuient sur des technologies similaires. Premier d’entre eux, celui de Veba. Ce fournisseur a déjà expérimenté la technologie de Powerline Communication sur 8 foyers de Magdebourg en ex-Allemagne de l’Est et va prolonger sa phase de test, cette fois-ci sur 400 maisons, via sa filiale Avacon.

Autre projet, celui de EnBW, un fournisseur du sud de l’Allemagne, dont EDF possède 25 % du capital. En association avec Siemens, ce fournisseur souhaite utiliser ses lignes à haute tension pour la transmission de données informatiques. Enfin RWE, le premier fournisseur d’énergie électrique outre-Rhin, va également présenter à Hanovre son projet basé, lui aussi, sur les technologies de Powerline Communications. Une phase d’expérimentation sur 200 habitations et entreprises va bientôt être lancé, afin de vérifier la viabilité tant technique que financière du projet. D’autre part, cette entreprise en a profité pour annoncer une joint venture avec le sud-coréen Keyin Telecom pour le déploiement de cette technologie au Pays du Matin Calme.

Car il n’y a pas qu’en Allemagne que cette technologie intéresse. Outre Media Fusion aux Etats Unis (voir édition du 3 juin 1999), les expérimentations vont bon train un peu partout dans le monde. Toujours aux Etats Unis, Sithe Energies, filiale à 60 % de Vivendi et important fournisseur d’énergie sur la côte Est, compte aussi se lancer dans le domaine. Plus près de nous, PowerGen en Angleterre ou Endesa en Espagne ont aussi des projets similaires. Pour l’instant, toutes ces sociétés en sont à la phase de négociation d’alliances, pour arriver sur le marché avec des solutions techniques mais aussi du contenu.

Si tous ces fournisseurs s’orientent vers la transmission de données hors murs, c’est-à-dire sur de grandes distances, d’autres réfléchissent à des solutions plus centrées sur le foyer. C’est le cas de Microsoft, qui a récemment pris une participation au sein de la société Itran, spécialisée dans les réseaux domestiques via fils électriques. La firme de Redmond a aussi signé une lettre d’intention avec General Electric pour le développement d’appareils domestiques raccordés, par exemple des fours à micro onde ou des réfrigérateurs.

Et en France ? Du fait de sa mission de service public, EDF doit se cantonner à la fourniture d’électricité. Si bien que l’entreprise nationale expérimente ces technologies en Allemagne, par le biais de sa participation dans EnBW, mais se retrouve bloquée pour ce qui est de son propre marché intérieur. La situation est donc figée, EDF étant toujours, à ce jour, le seul fournisseur d’électricité en France. La Commission Européenne ayant ordonné que l’Etat français mette fin à ce monopole, on peut espérer que d’autres industriels arrivent sur le marché de la fourniture de courant et, partant, de la transmission de données par les fils électriques. Une technique qui pourrait bien être la solution aux problèmes de déploiement de l’Internet à haut débit en dehors des zones urbaines.