Linux en quête de standardisation

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Le Free Standard Group, un groupe de travail centré sur les technologies Linux, vient de rendre publique la bêta 1.0 du Linux Standard Base. Le LSB vise à énoncer des règles communes de développement à tous les éditeurs et permet de vérifier la compatibilité des logiciels développés sous Linux avec les différentes distributions. Une standardisation qui facilitera le travail des développeurs tout en rassurant les entreprises.

Il y a plus d’un an, les éditeurs Linux et nombre d’acteurs de l’industrie informatique se sont réunis en consortium, le Free Standard Group, pour créer un standard de développement sous Linux. Objectif : assurer qu’un logiciel développé sous Linux fonctionne correctement quelle que soit la version de distribution exploitée (Red Hat, Suse, Mandrake, Debian, Caldera, TurboLinux, etc.). Le résultat de cette concertation est la publication de spécifications communes à tous les éditeurs de distributions qui adhèrent au projet. Elles prévoient, entre autres, de préciser l’emplacement des fichiers, notamment des librairies (l’équivalent des .dll sous Windows). « Une application développée sous Mandrake tournera sur une distribution Mandrake mais pas forcément sur une autre distribution car l’endroit où sont référencées les librairies ne correspond pas obligatoirement à leur emplacement réel sous une autre distribution », explique Frédéric Bastok, directeur technique et cofondateur de MandrakeSoft. « Si le client a accès aux sources, il doit recompiler le programme afin de l’adapter à sa distribution. » Seules les prochaines versions des distributions Linux bénéficieront du LSB.

Des systèmes standard mais toujours personnalisables

Celui-ci met ainsi les développeurs Linux au même niveau que ceux de Windows qui, à quelques exceptions, bénéficient du standard de fait du système d’exploitation de Microsoft. Une situation que renforcera Windows XP en réunifiant les systèmes « grand public » (Windows 98 et Me) et professionnel (NT/2000). Le principe même de l’Open source est cependant conservé. Si le LSB standardise les applications au niveau des fonctions basiques de Linux, il n’interdit en rien aux entreprises d’ajouter des spécificités propres à leurs besoins. « Si l’on fait l’analogie avec une voiture, le LSB indique au constructeur où mettre les roues par rapport au châssis. Le choix du reste, la carrosserie, la couleur, l’habillement intérieur, etc., est laissé aux soins du constructeur », explique Frédéric Bastok. Le LSB est renforcé par un ensemble de scripts qui permettent de vérifier et valider cette compatibilité.

Si les entreprises ont tout à gagner avec l’adoption du LSB, les éditeurs effacent un peu plus leurs différences. Mais « pas dans le mauvais sens », rassure le directeur technique de MandrakeSoft, « le choix des outils de configuration, d’installation et de l’environnement graphique sont laissés à l’éditeur ». Par ailleurs, l’assurance d’un produit qui fonctionne « du premier coup » et le gain de temps que devrait générer le LSB sont perçus comme des avantages indéniables pour ces sociétés qui basent leur modèle économique sur le service essentiellement. « L’objectif est d’éviter les erreurs d’Unix et de la fragmentation des systèmes », rappelle Frédéric Bastok, « c’est le seul moyen de se positionner en concurrents crédibles face à Windows ».

LSB permet donc de franchir un pas supplémentaire dans la standardisation de Linux. Standard qui, associé aux faibles coûts des distributions et à l’accès au code source, devrait faire gagner au logiciel libre quelques parts de marché sur le terrain des entreprises face aux solutions Microsoft. La présence d’Oracle, IBM, Compaq, HP et bien d’autres au sein du FSB en est probablement la meilleure preuve.