Loïc Le Meur (LeWeb): « L’adaptation du secteur est inéluctable »

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La session LeWeb’08 se déroule entre le 9 et 10 décembre à Paris. Cette année, le grand rendez-vous des start-up est marqué par la crise.

Bon, autant le dire d’emblée : le programme des interventions prévues dans le cadre de la session LeWeb’08 est de bien meilleure qualité que l’édition précédente : plus de keynotes de managers de groupes Internet qui comptent (Microsoft, Google, Amazon, Orange, MySpace, Facebook… ), moins de tables rondes. Entre le 9 et 10 décembre, Paris va donc devenir la capitale des jeunes pousses du monde entier. LeWeb’08 abritera également un concours de start-up avec 30 sociétés en compétition (dont 9 françaises). Loïc le Meur, le grand organisateur des sessions « LeWeb » (mais aussi P-DG-fondateur de Seesmic, une start-up orientée vidéo installée à San Francisco), revient sur l’affluence pour assister à l’édition 2008 malgré la récession globale. Signalons qu’un flux vidéo « live » sera accessible à partir du site Internet de l’événement pour suivre toutes les interventions sur le plateau central. (Interview réalisée le 8 décembre 2008)

Vnunet.fr: Crise oblige, avez-vous rencontré davantage de difficultés à monter la session « LeWeb’08 » ?
Loïc Le Meur: Il est vrai qu’avec la récession, je pensais que je dépasserais à peine le millier d’inscrits. Hors, nous en recensons 1700 au dernier pointage. C’est le record des sessions « LeWeb » et nous en sommes à sa cinquième édition cette année. En règle général, l »une des premières lignes de budget qui saute dans une entreprise quand les temps sont durs, c’est le billet d’avion. Cet afflux en termes de fréquentation est très bonne nouvelle. J’interprète cela comme une nécessité pour les entrepreneurs de rencontrer les investisseurs. Il y en aura trois cents acteurs financiers dans la salle. Notons aussi la présence de 250 journalistes accrédités. Rien qu’avec la venue de Christine Lagarde, ministre de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi, annoncée à la dernière minute [attendue dans l’après-midi du 10 novembre pour la remise du « Trophée de la Meilleure Start-Up », ndlr], une cinquantaine de journalistes supplémentaires ont demandé d’un coup leur accréditation.

Vnunet.fr: Le grand thème fédérateur du Web’08 est intitulé « Love » mais ce serait plutôt « crise »…
Loïc Le Meur : Nous avons adapté le programme initial pour faire du Web’08 le couteau suisse de l’entrepreneur pendant la crise. Nous allons analyser toutes les sources de revenus possibles : les annonceurs mais aussi les objets virtuels. Un business dont les gens n’ont pas conscience du potentiel et qui dépasse le monde du jeu. Ceratiens sociétés réalisent 50% de leur business avec la vente d’objets virtuels. Nous avons également invité des start-up qui ont atteint le point d’équilibre et des entrepreneurs qui ont su dépasser les caps difficiles. Je pense notamment à Marc Simoncini, PDG de Meetic, qui s’est lancé dans la vague creuse en 2001 c’est à dire la période la plus difficile.

Vnunet.fr: Vous vivez maintenant dans la Silicon Valley. Quel est l’état d’esprit là-bas ?
Loïc Le Meur : J’ai le sentiment que la Valley est en train de passer un cap. La phase licenciements est passée. Depuis le mois de septembre, on a recensé 75 000 licenciements dans le secteur, notamment dans la Silicon Valley. Je ne suis pas en train de dire que c’est une bonne chose mais le passage était obligé. En revanche, je suis surpris qu’en discutant avec des entrepreneurs français, on me dit que ce n’est pas nécessaire. Tant mieux si c’est le cas. Mais j’ai des doutes : je ne vois pas comment on peut éviter cette phase. La grande différence entre l’éclatement de la bulle Internet et la récession actuelle, c’est que la Silicon Valley a réduit la voilure plus rapidement.

Vnunet.fr: On prête à John Chambers, P-DG de Cisco, ce commentaire brut :
« Les gros vont maigrir un peu et les petits vont crever ». Qu’en pensez-vous ?

Loïc Le Meur : L’adaptation du secteur me paraît inéluctable mais on n’empêchera pas la fermeture d’entreprises en Europe. Je pense par exemple à Mobuzz.com, une Web TV indépendante basée à Madrid qui avait été fondée il y a quatre ans et qui a fermé ses portes la semaine dernière. Ils étaient une vingtaine à Paris dont un salarié à Paris. C’est l’une des premières sociétés Internet à fermer en Europe et ce sont celles qui créent du contenu qui seront touchées en premier.

Vnunet.fr : Concernant votre start-up Seesmic, vous avez récemment annoncé des partenariats avec le Washington Post et la BBC. Quid du marché français ?
Loïc Le Meur : Rien dans l’immédiat. Nous avons déjà un partenariat avec Rue89 et je garde une salariée en France. Notre actualité porte plutôt sur la nouvelle version de notre site qui va sortir dans les prochains jours. Nous sommes d’abord une entreprise américaine qui a l’ambition de devenir le premier talk-show sur Internet à long terme. J’ai adapté la taille de mon entreprise. Maintenant, j’ai trois ans devant moi pour travailler. Et je vais chercher les moyens de générer des revenus le plus rapidement possible. Je suis ravi de constater que, dans les trois dernières semaines, 75 millions de dollars ont été levés aux Etats-Unis dans le domaine de la vidéo sur Internet.


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