Loisirs Enchères : un modèle alternatif qui lève des fonds

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Deuxième levée de fonds (525 000 euros) pour Loisirs Enchères. Retour sur l’activité de cette start-up avec son président-cofondateur Thomas Boisserie.

Et de deux pour Loisirs Enchères.

La start-up bordelaise avait bouclé, au mois d’avril, un premier tour de financement de 275 000 euros avec le concours de business angels locaux, actifs notamment dans le monde du vin.

Elle vient de lever 525 000 euros supplémentaires auprès de deux de ses partenaires historiques (Bpifrance, le Conseil régional d’Aquitaine) et d’un bouquet d’investisseurs privés « internationaux pour la moitié d’entre eux », selon Thomas Boisserie.

Ce diplômé de l’École de management de Grenoble, cofondateur de Loisirs Enchères, en est aussi le président depuis mars 2015. Il était auparavant responsable du business développement.

L’inspiration lui est venue des Pays-Bas et plus particulièrement de VakantieVeilingen, une référence utilisée par plus d’un quart de la population, avec un chiffre d’affaires dépassant les 100 millions d’euros.

Quelle est la particularité de ce site Internet ? Il se présente comme une alternative aux ventes « à prix cassés », en appliquant le modèle des enchères aux offres de voyages, d’hôtels, d’activités, de loisirs et de sorties.

Également populaire en Espagne avec en tête de liste le site Subasta de Ocio, ce principe est reconduit avec Loisirs Enchères. La mise à prix est fixée à 1 euro, quelle que soit la nature du service proposé. Les enchères peuvent durer de quelques dizaines de minutes à plus d’une semaine.

Avec environ 180 produits proposés par jour, l’offre ratisse large, des billets pour le prochain match de basket du Paris-Levallois aux journées d’initiation au parachute en passant par les séjours nature en Ardèche et les week-ends gastronomiques dans le Vaucluse. L’objectif étant, selon Thomas Boisserie, de proposer « du qualitatif, qu’on ne trouvera pas forcément sur d’autres sites ».

Circuit alternatif

La levée de fonds servira en partie à étendre le périmètre géographique de cette offre encore très concentrée sur le Sud-Ouest et la région parisienne (environ un tiers des enchères). Loisirs Enchères compte surtout exploiter son agrément d’agent de voyages obtenu la semaine passée pour proposer des « packages » incluant les vols.

Une approche « à la Fram » ? Thomas Boisserie s’en défend : « Les ventes à prix cassés ne signifient plus grand-chose aujourd’hui, tant elles sont devenues monnaie courante. Tel qu’on nous le présente, on achète désormais systématiquement à prix réduit. Mais on ne connaît plus vraiment la valeur des choses ».

Il poursuit : « Quand je vois, sur un site, un séance spa avec un tarif annoncé à 130 euros et ramené à 30 euros, je me dis que le vendeur prend une sacrée marge… Ou bien qu’il ne faudra pas s’attendre à un service de qualité ».

C’est précisément sur cette problématique de définition des prix que se positionne Loisirs Enchères, en tant que circuit promotionnel alternatif régulé, à l’image des marchés boursiers, par l’offre et la demande.

La valeur ajoutée pour les clients ? Des réductions « de 30 à 50 % en moyenne sur les prix d’origine ». Et pour les partenaires ? Tout dépend de leur secteur d’activité. Un exploitant d’hôtels pourra par exemple mettre aux enchères ses chambres inoccupées. Un moyen de leur donner de la visibilité via « un autre circuit que celui des majors, qui imposent leurs prix ».

Thomas Boisserie donne aussi l’exemple d’Iberia. La compagnie aérienne espagnole ne passe pas par la plate-forme Loisirs Enchères, mais son cas est probant : elle a testé le modèle au mois de juin en mettant aux enchères 20 % des sièges dans ses avions. « Cela lui a valu 100 000 nouveaux abonnés ».

Bordeaux plutôt que Paris

Pour Loisirs Enchères, l’aventure débute officiellement le 1er juillet 2014, avec le soutien d’un capital-risqueur à l’identité non dévoilée. Des six cofondateurs, cinq sont de nationalité hollandaise. Tous ont d’autres projets en parallèle. Parmi eux, seul Guido Braak rejoint Thomas Boisserie dans les bureaux alors occupés par la SAS dans la commune du Haillan.

Une première page se tourne en octobre 2014 avec l’installation dans la pépinière d’entreprises éco-créatives des Chartrons, à Bordeaux.

La jeune pousse dispose aussi d’un pied-à-terre à Paris, sis au 55, rue La Boétie, c’est-à-dire l’ancien siège de l’UMP. Elle a effectivement été sélectionnée par le Crédit Agricole pour rejoindre Le Village by CA, cette couveuse ouverte par le groupe bancaire dans le cadre de sa politique d’open innovation.

Cette présence dans la capitale pourrait, dans l’absolu, faciliter les relations commerciales avec les partenaires. De plus, le loyer est pris en charge par la caisse régionale Aquitaine du Crédit Agricole.

Et pourtant, seul un développeur est installé à Paris. Le reste de l’équipe (15 personnes) est basé à Bordeaux, où « la vie est 22 % moins chère », selon Thomas Boisserie. « Cela nous permet de recruter davantage, d’autant plus que la pépinière des Chartrons est idéalement située, à proximité de nombreuses écoles », confie l’ancien Parisien.

La première levée de fonds avait servi, entre autres, à développer les applications mobiles Loisirs Enchères pour iOS et Android. Elle avait aussi entraîné une vague de recrutements. En phase avec le développement de la start-up, l’équipe s’est agrandie « plus vite que prévu »… à tel point que la rentabilité, initialement prévue pour cette année, ne devrait être atteinte qu’au premier semestre 2016.

Le modèle économique de Loisirs Enchères est fondé essentiellement sur le prélèvement d’une commission, ajoutée au montant de chaque enchère gagnante. Le montant de ces « frais de dossier » varie de 5 à 40 euros en fonction de la prestation vendue. En sachant que certaines dépenses ne sont pas comprises ; typiquement, la taxe de séjour.

Crédit photo : sergign – Shutterstock.com

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