Longhorn veut la peau de Panther

Mobilité

La prochaine version de Windows n’est pas attendue avant 2006 mais Microsoft en parle déjà. Objectif : minimiser les innovations introduites par Apple avec Panther et annoncer sa stratégie de développement pour les années à venir.

Hasard du calendrier, deux jours avant que Microsoft ne présente à ses développeurs la prochaine version de Windows, appelée Longhorn (voir édition du 28 octobre 2003), Apple commercialise Panther , quatrième itération de Mac OS X (voir édition du 27 juin 2003). Curieusement, les deux systèmes bénéficient d’une couverture médiatique quasi équivalente. Avec sa « nuit de Panther » (vendredi 24 octobre au soir), la marque à la Pomme a reproduit le lancement tapageur de Jaguar l’année dernière. De son côté, Microsoft fait aussi largement parler de lui avec la crise sécuritaire qu’il traverse actuellement, les 9 % de non-renouvellement de licences Windows par les entreprises lors du dernier trimestre et les déclarations récentes d’Intel sur un futur processeur (voir édition du 15 octobre 2003) capable de faire cohabiter Mac OS X et Longhorn. Tous les éléments étaient donc réunis pour porter un coup de projecteur sur les deux nouveaux OS des frères ennemis de l’informatique ! Mais pour ce qui est de Longhorn, Bill Gates prévient à l’avance que ce Windows-là aura autant d’importance en 2005 ou 2006 que n’en a eu son ancêtre en 1995 (voir encadré).

Les futurs enjeux de l’informatique

Avec cette annonce à long terme ? qui n’est pas sans rappeler le projet Rhapsody, nom de code de Mac OS X quatre ans avant sa sortie officielle – Microsoft entend démontrer qu’il rattrapera Apple sous peu. L’éditeur de Redmond est coutumier de ce type de communication : en 1983, il avait dévoilé Windows 1 près d’un an avant le lancement du premier Macintosh qui l’avait inspiré ! Au-delà de la simple querelle de clocher, Longhorn est le symbole des futurs enjeux de l’informatique : le système doit permettre d’écrire des applications de services Web fonctionnant sur tous les périphériques connectables? pourvu qu’ils tournent sous Windows, et uniquement sous Windows. Résolument ouvert, le duo IBM-Linux va à l’encontre de cette stratégie, tout comme les éditeurs qui parient aujourd’hui sur un Internet construit autour de standards. Pour Irving Wladawsky-Berger, responsable de la technologie et de la stratégie d’IBM, interrogé par le New York Times, « Microsoft rappelle l’IBM des années 1988-1990. Une des premières choses que nous faisions à l’époque était de protéger la franchise de nos grands systèmes [les mainframes, Ndlr]. Windows va continuer à être une technologie maison, tout comme les grands systèmes le sont pour nous. » Dès lors, Microsoft et Apple ne peuvent s’empêcher de jouer la confrontation entre Panther et Longhorn. Cette foire d’empoigne idéologique sur le devenir de l’Internet est partie pour durer de longues années.