Lycos Europe invite à spammer les spammeurs

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Le groupe Internet lance un outil antispam d’un nouveau genre sur fond de campagne européenne dédiée. Le principe : à partir d’un économiseur d’écran , les internautes sont incités à attaquer les sites qui se font connaître via le spam.

Prendre les spammeurs à leur propre jeu en inondant leurs clients, ou les adeptes de la méthode, de pourriels. C’est ainsi que Lycos Europe entend lutter contre le spam, ces courriers électroniques indésirables envoyés en masse, à travers une campagne qui, officiellement, commencera le 1er décembre prochain en France. Le portail propose cependant depuis vendredi un économiseur d’écran pour Windows et Mac, baptisé MakeLoveNotSpam qui, à la mise en veille de l’ordinateur, interroge des sites Web dont les administrateurs pratique le spamming. Le résultat de la requête HTTP ne s’affiche évidemment pas sur le poste de de l’utilisateur de MakeLoveNotSpam. Lequel est, a priori, protégé d’éventuelles représailles puisque le serveur cible ne peut identifier l’intention qui anime la requête MakeLoveNotSpam. Cette multiplication de requête vise à surcharger les sites de spam visés en question à la manière d’une attaque par déni de service (Distributed Denial of service ou DDoS). Une technique bien évidemment illégale. C’est pourquoi Lycos ne vise pas l’arrêt des sites cibles mais à les rendre inefficaces en les surchargeant. « Les sites cibles font l’objet d’un ‘diagnostique de vitalité’ qui permet d’éviter la paralysie complète », justifie Lycos dans les informations fournies pour télécharger l’application. Les requêtes HTTP sont centralisées chez Lycos qui en contrôle ainsi le nombre et la fréquence. La bande passante utilisée par un internaute est d’ailleurs volontairement limitée à 3,4 Go de données par jour. Selon Lycos, son système antispam aurait permis d’alourdir le temps de réponse de 5 à 85% selon les sites visés. Certains n’étaient d’ailleurs plus en mesure de répondre lors de nos rapides essais.Plus de dépenses, moins de recettes pour les spammeursOutre les perturbations de trafic, Lycos entend surtout nuire à un pan d’activités nuisibles en lien avec le spamming. « Ces sites ne vendent pas d’espace publicitaire mais essaient de vendre en ligne leur(s) produit(s) au moindre coût possible », lit-on dans les explications de la campagne MakeLoveNotSpam, « un de leurs coûts est la bande passante. Ainsi, une augmentation de leur bande passante signifie-t-elle une augmentation de leur facture. » Pour Malte Pollmann, directeur des services de Lycos Europe, cette technique de combat antispam a pour but de décourager financièrement les spammeurs en leur montrant que leurs dépenses seront toujours supérieures aux recettes potentielles. « Jusqu’à présent, ce sont les utilisateurs et fournisseurs d’accès qui investissent dans des outils antispam », déclare le responsable, « c’est la première fois que la tendance est inversée. Nous ne visons pas les serveurs de mails mais la façon dont les spammeurs vendent leurs produits. » Confiant, Malte Pollmann est convaincu que, d’ici un ou deux ans, la méthodologie pourrait venir à bout du spam.Pour désigner les sites cibles de MakeLoveNotSpam, Lycos s’appuie sur les listes noires (blacklists) qui répertorient les sites à spam. « Entre 50 et 100 sites Web sont quotidiennement visés », estime le directeur des services de Lycos Europe. Aucun des sites à blâmer en matière de spamming ne se trouverait en Europe. Au dernier pointage : plus de 31000 économiseurs d’écrans MakeLoveNotSpam sont actifs. Le résultat des requêtes auraient dépassé les 120 Go de bande passante utilisée. Mais la participation de l’internaute à la lutte contre le spam ne s’arrête pas là. Celui-ci a la possibilité de dénoncer un site à spam à partir du microsite de téléchargement de l’économiseur d’écran. Le militant antispam pourra même, d’un clic à partir de cette même fenêtre, effectuer une « requête antispam ». Pour l’heure, on ignore l’efficacité de cette mesure mais elle a le mérite d’offrir un bon défouloir.