Lycos Europe met un terme à sa campagne antispam fulgurante

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Lycos Europe, se sentant « dépassé par le succès », préfère cesser sa campagne MakeLoveNotSpam lancée la semaine dernière. A défaut d’avoir éradiqué le spam, le portail est ravi d’avoir « éveillé les consciences ».

L’opération antispam de Lycos Europe aura eu une vie aussi intense que brève. Le site MakeLoveNotSpam affiche une page statique sans liens et illustrée du logo de l’opération. Ce lundi matin, le message « Stay Tuned » (restez en ligne) pouvait laisser entrevoir un retour rapide du service. En début d’après-midi, le message en question a disparu. Le portail a confirmé l’arrêt de l’opération. Le service antispam du portail proposait à tout internaute exaspéré par le spam de télécharger une application qui, sous l’apparence d’un économiseur d’écran, envoyait à répétition des requêtes Web vers des sites de spammeurs afin d’augmenter la consommation de leur bande passante et, donc, leurs charges (voir édition du 29 novembre 2004). Ouvert en début de semaine dernière, le site MakeLoveNotSpam rencontrait des difficultés depuis vendredi 3 décembre. « Le site a été victime de son succès », répondait-on du côté de Lycos pour expliquer cette désaffection. L’outil antispam avait alors été téléchargé plus de 110000 fois en quatre jours, selon Lycos.La foule qui se fait justice Le succès de l’opération « démontre le degré d’exaspération des internautes face au spam », analyse Bruno Rasle, consultant et co-auteur, avec Frédéric Aoun, de l’ouvrage de référence Halte au spam. « Mais, globalement, ce n’est pas une bonne démarche car c’est un peu la foule qui fait sa justice. », poursuit-il. Une démarche limite d’autant qu’il peut y avoir des erreurs d’aiguillage. même si Lycos, qui s’appuie sur la blacklist Spamcop ? « l’une des plus agressive » selon le consultant antispam ? déclare vérifier manuellement la nature des sites avant de les cataloguer comme cibles.Au-delà de l’aspect technique, Bruno Rasle s’interroge sur la légalité de la démarche. Et de rappeler la déconvenue de La Droite Libre affiliée à l’UMP dont les responsables avaient appelé les militants à inonder de courriers électroniques les boîtes aux lettres de dirigeants syndicaux en protestation aux grèves du moment. Incitation qui avait valu une condamnation en mai 2003 de la branche politique militante de droite à la suite de plaintes syndicales. « Dans le cas de Lycos, il y a incitation et fourniture de moyens », constate Bruno Rasle.Guerre ouverteDu côté de Lycos Europe, on affiche une certaine satisfaction. « L’idée était de réveiller les consciences », explique un porte-parole de Lycos, « au vu du succès de l’opération, nous estimons avoir atteint notre but et préférons arrêter net. Continuer auraît été perçu comme une guerre ouverte. » Lycos dément d’ailleurs les informations de l’analyste du trafic Web Netcraft selon lesquelles deux sites chinois de spammeurs seraient tombés sous les attaques de l’outil antispam. « Les sites en questions ne faisaient pas partie de notre liste de cible », souligne Lycos. Le groupe Internet réfûte également les rumeurs d’attaques de ses serveurs. Il dément l’idée selon laquelle Lycos Europe auraît fermé MakeLoveNotSpam par crainte de représailles des spammeurs contre ses propres serveurs. Il restera à vérifier que ce remue-ménage portera ses fruits dans le cadre de la lutte contre le spam et pas uniquement dans les annales des coups médiatiques de Lycos.