M. Nique (Idate): « L’iPhone d’Apple ne peut pas concurrencer Nokia »

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Pour la sortie de l’iPhone 3G aux Etats-Unis, Vnunet.fr donne la parole à un expert du marché des terminaux mobiles.

Vendredi 11 juillet, Apple a débuté la commercialisation de iPhone 3G simultanément dans 22 pays, dont les Etats-Unis. Les détenteurs du nouveau modèle du smartphone d’Apple pourront pleinement profiter des fonctionnalités tactiles et des facilités de navigation. A cette occasion, Michael Nique, spécialiste des marchés des terminaux mobiles pour le compte de l’Idate, dresse un premier bilan de la première année du smartphone d’Apple et de ses perspectives. (Interview téléphonique réalisée le 11 juillet)

Vnunet.fr : Un an après le lancement de l’iPhone aux Etats-Unis, quel bilan d’étape peut-on dresser du parcours du smartphone d’Apple ?
Michael Nique : A fin juin 2008, Apple a annoncé qu’il a commercialisé 6 millions d’iPhone dans le monde. C’est une performance honorable sur le marché des smartphones mais sans éclats particuliers (150 millions vendus dans le monde). A l’origine, Apple avait pour ambition de prendre 1% de part de marché dans les terminaux mobiles (1 milliard d’appareils vendus dans le monde). Ce challenge est perdu puisque la firme de Steve Jobs n’a atteint qu’un niveau de 0,5%.

Vnunet.fr : Dans quelle mesure le modèle 3G va favoriser son essor ?
Michael Nique : Nous estimons qu’Apple parviendra à écouler 20 millions d’iPhone en 2008 alors que certains cabinets d’analyses concurrents avancent des prévisions de l’ordre de 50 millions. L’Idate se montre donc plus prudent sachant qu’il se vendra environ 110 millions de smartphones dans le monde cette année. Le modèle iPhone 3G permettra de mieux investir le marché haut de gamme des pays développés et de revenir à un modèle plus traditionnel de terminaux subventionnés par l’opérateur. Un système dans lequel Apple avait d’emblée refusé d’entrer.

Vnunet.fr : Du coup, vous relativisez l’entrée d’Apple sur le marché des smartphones…
Cela constitue une césure mais il faut apporter des nuances. L’iPhone a permis de vulgariser des fonctionnalités comme l’écran tactile, qui existait auparavant. Le terminal d’Apple est réputé pour sa simplicité d’usage. Il ne faut pas non plus négliger l’engouement pour la marque Apple. Mais l’iPhone 3G n’est ni plus ni moins qu’un téléphone mobile multimédia similaire à ce que propose ses concurrents comme Nokia avec son modèle N95 et bientôt le N96.

Vnunet.fr : En termes de part de marché, l’iPhone est-il en mesure d’effrayer Nokia côté grand public ou le BlackBerry côté professionnel ?
Il sera difficile pour Apple de concurrencer Nokia pour des raisons de capacité limitée de production. A la différence du leader finlandais, Apple ne dispose pas de ses propres usines pour fabriquer des iPhone. Mais il est clair que la bataille sera rude sur des segments de clientèle comme le haut de gamme. Les Etats-Unis restent le terrain de prédilection de l’iPhone. Un pays dans lequel Nokia dispose d’une part de marché quasi-nulle. C’est l’inverse en Europe. Zone dans laquelle l’iPhone rencontre plus de difficultés. Pour le marché professionnel, Apple affiche aussi des ambitions en proposant des applications type push e-mail ou l’intégration d’outils soutenant Word ou Excel.

Vnunet.fr : C’est le 17 juillet qu’Orange va commencer à livrer l’iPhone 3G. Dans quelle mesure cette nouveauté va-t-elle dynamiser les ventes ?
Les ventes réalisées par Orange en France sont plus faibles que les autres opérateurs disposant d’une exclusivité dans d’autres pays européens [O2 au Royaume-Uni et Deustche Telekom en Allemagne, ndlr]. L’arrivée du modèle 3G va certainement donner un coup d’accélarateur mais l’effet restera limité car nous restons sur le marché haut de gamme, même avec une subvention de l’opérateur. On peut raisonnablement penser qu’Orange peut doubler ses ventes d’iPhone d’ici la fin de l’année [il en a vendu 100 000 entre décembre 2007 et avril 2008, ndlr]. Certes, les conditions de commercialisation sont moins drastiques [avec la fin du système de commission de chiffre d’affaires en fonction du trafic Internet mobile généré à reverser à Apple, ndlr]. Mais cela reste un challenge pour Orange, même si le terminal est subventionné. L’opérateur doit convaincre le client de prendre un abonnement Orange et l’inciter à consommer davantage de services Internet mobile.

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