Marklar ou Mac OS X sur x86

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Selon la rumeur, Apple disposerait d’une version pour PC de son système d’exploitation. Terreur des aficionados, demande pressante des utilisateurs de la plate-forme x86, l’existence de cette version baptisée « Marklar » n’est pas confirmée par Cupertino. Pourtant, à l’heure où le flou artistique persiste autour de l’avenir des processeurs Motorola, le projet Marklar continue d’alimenter la rumeur.

La rumeur est repartie de plus belle : Apple aurait porté sur x86 son logiciel système ainsi que quelques applications. Le projet « Marklar », révélé en août 2002 par le très sérieux eWeek, comprendrait, à l’en croire, rien d’autre qu’une version complète de Mac OS X tournant sur l’architecture x86 et Cupertino serait d’ores et déjà en mesure de faire fonctionner Jaguar sur PC. Depuis le mois d’août, les motivations d’Apple sembleraient même plus claires et, pour le site anglais de Macuser, les objectifs du projet seraient multiples : disposer d’un plan de rechange en cas de faillite du PowerPC, d’un moyen de pression sur Microsoft et d’une arme de contre-attaque en mesure de torpiller les procédés de sécurisation et de gestion de droits respectivement initiés par Intel et Microsoft, Lagrande et Palladium. Objectif d’Apple : livrer un système d’exploitation moins contraignant que Windows pour profiter du ras-le-bol manifeste éprouvé par certains utilisateurs de PC. Qu’il s’agisse d’un fantasme ou d’une réalité tangible, notons que la rumeur Marklar ne date pas d’hier : dès l’automne 2000, elle circulait sur le Net et précisait alors qu’un ingénieur avait été approché par Apple pour réaliser ce « portage » (voir édition du 15 novembre 2000).

La fin du PowerPC ?

Quoi qu’il en soit, la perspective d’un système d’exploitation signé Apple sur PC a plutôt tendance à effrayer les habitués du Mac. En revanche, la nouvelle serait fort appréciée par une frange d’utilisateurs de PC et, surtout, par certains analystes et commentateurs qui militent pour un recentrage d’Apple sur les activités logicielles, selon eux nettement plus rentables. Mais d’autres voient les choses d’un tout autre oeil, affirmant que le passage de Mac OS sur une architecture x86 signerait le début de la fin du constructeur de Mac. Selon eux, le système ne résisterait pas à la copie et à la distribution frauduleuses qui ne manqueraient pas d’emboîter le pas à sa commercialisation et, il faut l’avouer, un tel scénario paraît probable. Quant à l’abandon du PowerPC, il serait dommageable, Apple perdant du même coup les quelques avantages techniques dont ne disposent pas encore les PC. Cela dit, une stratégie pourrait avoir été envisagée de longue date pour une future version de « Mac OS X86 ». On peut même en imaginer les différentes phases en reprenant l’historique de ces cinq dernières années de développement.

? Première phase : réinventer un système d’exploitation. Depuis 1997, la firme y travaille. Mac OS X n’est rien d’autre qu’un Unix amélioré par quelques technologies estampillées Apple. Il représente cependant et d’ores et déjà 1 % des OS installés sur la planète.

? Deuxième phase : lancer les maisons d’édition dans le développement d’applications natives (tournant sur ce nouveau système d’exploitation). Actuellement, plus de 6 030 applications tourneraient sous Mac OS X, selon le site osx.hyperjeff.net. Le monde Mac en compterait plus de 4 715 développées en Carbon et Cocoa, le reste provenant du monde Unix ou/et fonctionnant en X-windows. Un chiffre impressionnant obtenu en quelque 20 mois. Dans le même temps, nous sommes bien placés pour le savoir, Apple développe des applications à elle, dites « iApps », capables de capter des nouveaux utilisateurs (voir édition du 18 juillet 2002).

? Troisième phase : augmenter les parts de marché de la firme. La campagne de migration, le lancement de périphériques numériques, les efforts de réduction des prix de la firme et la commercialisation de serveurs en sont les illustrations les plus flagrantes. Le démarrage imposé des Mac sous Mac OS X aussi…

? Quatrième et dernière phase : fournir des licences de Mac OS à des constructeurs de PC. Cette phase n’interviendrait qu’à certaines conditions et que si certaines configurations conjoncturelles se présentent. Apple, étant parvenue à augmenter sa part de marché, contracte ses coûts de production et réduit notablement les prix des Mac. Les efforts sur le PowerPC ne mènent à rien. Microsoft décide d’abandonner les développements pour Mac (dont sa suite bureautique) et les utilisateurs de PC manifestent le besoin de disposer de solutions alternatives. Là, Apple pourrait enfin envisager de fournir des licences à des constructeurs de PC ou même de faire fabriquer des PC tournant sous Mac OS X86, aboutissement du projet Marklar. Elle commencerait par les serveurs, les applications étant, sur ce marché, très souvent recompilées pour fonctionner sur différents Unix. Dans le même temps, elle engagerait les éditeurs à adapter leurs logiciels à l’OS PC, une opération a priori peu douloureuse car le coeur Darwin de Mac OS X, issu de NeXTStep et OpenStep, tourne déjà sur PC.

Réussite obligatoireSi l’on s’en tient à ce scénario de science-fiction, Apple se trouverait actuellement entre la phase 2 et la phase 3. Quant au scénario lui-même, il suppose un succès sans commune mesure de Mac OS X et un retour du constructeur aux toutes premières places du classement. Dans cet eldorado, l’utilisateur, en fonction de ses moyens, pourrait choisir entre le Mac et son design inégalable et une flopée de PC moins agréables au regard. Quoi qu’il en soit et en supposant que Marklar soit réellement une stratégie d’entrée sur la plate-forme x86, reste à souhaiter que les étapes soient respectées !