Média : Libération transformé en réseau social ? La tension monte

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Face à des difficultés financières, les actionnaires du quotidien Libération veulent changer radicalement les activités et le modèle économique. Le personnel s’oppose violemment au projet et manifeste leur colère dans le journal.

La une de l’édition de Libération en date du 8 septembre marque les esprits : « Nous sommes un journal, pas un restaurant, pas un réseau social, pas un espace culturel, pas un plateau télé, pas un bar, pas un incubateur de start-up… » Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’accueil que la rédaction a réservé aux propositions originales de la direction du quotidien est glacial.

Vendredi, les actionnaires de Libération (Bruno Ledoux, Edouard de Rothschild et le groupe italien Ersel) ont avancé un projet audacieux qui transforme le quotidien en « un réseau social, créateur de contenus monétisables sur une large palette de supports multimédias ». En raison des difficultés financières du journal et de la chute des ventes, ils cherchent des « relais de croissance » en misant sur « la puissance de la marque Libération ».

Cela se traduit par diverses pistes qui dépassent largement l’activité presse pour tendre vers une dimension de réseau social : « transformer avec le designer Philippe Starck le siège parisien du journal en « un espace culturel et de conférence comportant un plateau télé, un studio radio, une newsroom digitale, un restaurant, un bar, un incubateur de start-up ». Bruno Ledoux, actionnaire à 26% du quotidien (et promoteur immobilier), estime que « c’est une idée novatrice, à l’heure où tous les médias cherchent des relais de croissance, chacun avec son propre ADN » et considère « qu’il s’agit de la seule solution viable ».

Mais les salariés (290 personnes) rejettent en bloc ce schéma d’avenir, considérant que les pistes évoqués s’écartent trop loin de leur métier originel et de « leur valeur ». Et les réactions publiées dans le journal sont fortes (« foutage de gueule », « bras d’honneur », « insulte »). C’est donc un rapport de force qui s’installe entre le personnel et les actionnaires et la rédaction n »hésite pas à utiliser le média dans ce rapport de force en écrivant : « S’il était appliqué, Libération se verrait ramené à une simple marque. Les semaines qui viennent s’annoncent difficiles, mais nous restons unis et déterminés. »

D’autres propositions émanant des actionnaires sont plus prosaïques pour faire des économies dans les coûts d’exploitation mais tout aussi compliquées à partager : déménagement du journal en proche banlieue, bouclage au quotidien du journal plus tôt, baisse des salaires…L’activité du journal est fortement perturbée : grève organisée jeudi dernier, assemblée générale intervenant plus tôt que prévu…

Dans l’effervescence ambiante, une édition de Libération a été préparée pour lundi (10 février) : « A la une : Internet. Les moteurs à évasion fiscale + Libé toujours mobilisé ».

En espérant que Libération ne suive pas le naufrage d’un autre titre phare de la presse quotidienne nationale française : France Soir.

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Le personnel de Libération s’oppose au projet des actionnaires de transformer le quotidien en réseau social.

 

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