Michael Dell ne manque pas d’Airport !

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Interrogé par Technology Review, Michael Dell, le PDG de la firme éponyme, a lâché la petite phrase de trop : il assure que sa société a été la première à installer la technologie sans fil dans les portables avec antennes intégrées. Une nouvelle pierre dans le jardin d’Apple : la Pomme avait devancé Dell d’un an et un mois ! Conséquence immédiate : la communauté Mac se serre les coudes.

Michael Dell, 36 ans, est l’archétype de la réussite à l’américaine : s’il a mis sur pied son modèle de vente à 19 ans, aujourd’hui à 36 ans, il dispose de la taille nécessaire pour initier la consolidation du marché informatique (voir édition du jour). Si on savait les industriels du secteur particulièrement féroces entre eux et les détournements d’innovations nombreux, Michael Dell a sans doute lâché la petite phrase de trop : « En ce moment, notre équipe pour les portables est en train de travailler dur sur la taille, le poids et l’intégration de la technologie sans fil. Nous avons été les premiers à intégrer le sans-fil dans les portables, avec des antennes intégrés. » Cette citation a mis le Web des aficionados du Mac sens dessus dessous ! La raison ? Michael Dell peut être taxé de révisionnisme aggravé de l’Histoire de l’informatique ! La firme de Cupertino a en effet introduit la technologie sans fil intégrée dans l’iBook un an et trois mois avant que le premier Dell portable n’en profite ! Présenté à MacWorld New York en juillet 1999 (voir édition du 21 juillet 1999), sa commercialisation avait débuté en septembre de la même année !

De Mac Observer à Applelinks en passant par MacCentral, les sites d’actualités américains concernant Apple ont tous bondi ! MacObserver a été l’un des premiers à se poser des questions et à poser des questions aux relations de presse de Dell qui ont dû réaliser des contorsions phraséologiques pour tenter de sauver l’honneur du PDG de la firme ! Mais rien n’y a fait : si dans un premier temps, il était accordé un mois de retard à Dell, c’était sans compter une méprise sur les dates ! Dell n’a introduit son premier portable sans fil qu’en septembre 2000 ! Déjà une technologie du siècle dernier pour Apple ! « Cela a été une percée dans l’informatique nomade », se rappelle le directeur marketing du matériel d’Apple, Greg Joswiak, interrogé par MacCentral. « Il est très intéressant que Michael Dell dise ceci, alors qu’il est très bien informé. En tout cas, chez Apple, nous nous sentions si sûr de l’avenir des réseaux sans fil que nous avions mis des antennes Airport et des ports dans chaque Macintosh, machine de bureau comme portable, avant que Dell n’intègre cette technologie dans son premier portable. » La polémique tombe pile au moment où Intel laisse tomber l’autre format de transmission sans fil, HomeRF, pour rallier celle introduite par Apple, Wi-Fi (Airport, dans la terminologie marketing de la Pomme), marquant ainsi l’adoption massive de celle-ci (voir édition du 30 août 2001).

Apple dans le collimateur de Dell

A y regarder de près, l’interview de Michael Dell s’avère en fait une très importante diatribe à l’encontre des technologies propriétaires. Jamais Apple n’est nommée, mais la firme est à nouveau visée, sans contestation possible (voir édition du 9 avril 2001) ! Michael Dell se laisse même aller à une pointe d’humour en plein discours sur la tendance à l’adoption de standards ouverts par le public : « La tendance incontournable, c’est que l’industrie et les standards ouverts sont un bénéfice pour le consommateur. Si vous jetez un oeil sur n’importe quelle société informatique propriétaire, que ce soit Silicon Graphics, Data General, Digital, Prime ou ‘remplissez vous-même le blanc’, leur destin est presque toujours le même. Leurs marges plus élevées en font des cibles prioritaires pour des concurrents non propriétaires. » Sentirait-on une menace à peine voilée de Dell ? Ou ne s’agit-il que d’une manoeuvre destinée à impressionner et à véhiculer dans le public des idées préconçues sur le « bon » modèle informatique ? Il ne s’agit pas de la première fois que Michael Dell s’en prend ainsi à la firme de Cupertino. Celle-ci lui barre la route d’un de ses possibles relais de croissance : l’éducation (voir édition du 21 mai 2001). Mais outre les divergences politiques (Jobs a soutenu le candidat démocrate à la présidence quand Dell n’a pas caché son support au Républicain) les deux industriels ne manquent pas une occasion de joute verbale. On attend avec impatience la prochaine petite phrase de Jobs !