Michel Bon : ‘Malgré d’énormes pertes, France Télécom va bien’

Mobilité

France Télécom inscrit à son bilan, pour la première fois depuis sa privatisation partielle et son entrée en bourse en octobre 1997, un résultat dans le rouge avec une perte historique de 8,28 milliards d’euros pour 2001. France Télécom semble donc payer lourdement l’explosion de la bulle de la « nouvelle économie ». Le groupe entend conserver une vision « sereine et prometteuse de l’avenir ».

Ce n’est pas un hasard si Michel Bon a répété que France Télécom était solide, que son avenir était clair et prometteur, lors de la présentation des résultats 2001 de France Télécom. Le PDG du groupe cherchait en effet à rassurer les investisseurs, car pour la première fois de son histoire, l’opérateur semi-public a annoncé une perte nette de 8,3 milliards d’euros contre un profit de 3,66 milliards en 2000.

L’opérateur a toutefois cherché à minimiser les chiffres en précisant que cette dégradation était liée à des provisions exceptionnelles de 10,2 milliards d’euros. L’importance du montant s’explique notamment par le fait que France Télécom qui, comme ses concurrents entre 1999 et 2001, a participé au mouvement de consolidation en pleine bulle spéculative, et ne retrouve aujourd’hui pas toute la valeur des sociétés qui fut la leur au moment du rachat. France Télécom décide donc de se retirer de Telecom Argentina et a décidé de déprécier toute la valeur de la société dans ses comptes, soit 360 millions d’euros. Même scénario pour le câblo-opérateur NTL (soit 4,6 milliards d’euros). FT a par ailleurs mis dans ses résultats le montant qu’il devra verser aux actionnaire d’Equant si le cours n’atteint pas 45 euros avant 2004 dans le cadre des certificats de valeur garantie. Enfin, le dossier Mobilcom dont France Télécom, qui possède 28,3 % de l’opérateur allemand, a préféré intégrer 6,5 milliards d’euros dans ses comptes en cas de scénario catastrophe.

Trois scénarios pour l’UMTS allemand

Michel Bon estime que trois scénarios sont possibles concernant le marché de l’UMTS en Allemagne et son avenir avec Mobilcom : soit le statu quo dans lequel Mobilcom réduirait ses investissements et France Télécom se trouverait alors dilué dans un ensemble plus vaste, soit France Télécom est contraint de devenir majoritaire dans Mobilcom. Une solution qui n’est pas réellement souhaitée par France Télécom. Gerhard Schmid, le PDG de Mobilcom, veut exercer une option de vente à l’encontre du français, mais ce dernier juge que toutes les conditions ne sont pas réunies. En fait, lors de la prise de participation de France Télécom dans Mobilcom, l’opérateur s’engageait à racheter les actions de Gerhard Schmid. Aujourd’hui, France Télécom déclare que si Gerhard Schmid persiste « à vouloir interpréter nos accords de façon inexacte », – et c’est le troisième scénario – France Télécom portera l’affaire devant les tribunaux.

Vente d’actifs non stratégiques

Afin de réduire ces pertes, qui sont les plus élevés d’Europe, le groupe a décidé d’accélérer son programme de cessions d’actifs jugés non stratégiques. Ainsi, en plus de la vente de titres STMicroelectronics, Sprint PCS, de TPS, des réseaux câblés, des actions d’autocontrôle, de l’immobilier, et de créances, évalués au total à 9 milliards d’euros, le groupe a décidé de mettre en vente Télédiffusion de France (TDF), les participations dans les consortiums satellitaires, dont Eutelsat, et, surtout, dans l’italien Wind, qui devraient rapporter environ 8 milliards d’euros.

Mobilité et Internet en vedette

Dans ce contexte et plus que tout le reste, Orange s’impose comme le moteur de la croissance, avec un chiffre d’affaires en France qui progresse de 21 % à 17,1 millions d’euros grâce à l’augmentation de son parc d’abonnés. Ce qui permet de fait d’amoindrir quelque peu la dette nette consolidée du groupe français qui s’élevait à 60,7 milliards fin 2001 contre 61 milliards un an plus tôt. Wanadoo, qui regroupe les services d’accès Internet, les portails, les sites marchands ainsi que les services aux professionnels, enregistre une progression de son chiffre d’affaires de 41 %. Le troisième fournisseur d’accès Internet en Europe compte 8 millions de clients dont un cinquième en haut débit.

Pour l’avenir, Michel Bon là encore se veut confiant « les perspectives de France Télécom pour l’exercice en cours s’annoncent favorables et nous ne nous préparons pas à annoncer des pertes l’année prochaine », déclare-t-il.