Microsoft à nouveau confronté aux règles de la concurrence

Mobilité

Dix-neuf Etats américains ont déposé un dossier contre Microsoft auprès du ministère de la Justice, reprochant à l’éditeur d’imposer son navigateur pour la consultation d’un site développé par ses soins. Ce qui constituerait un nouveau cas de pratiques anticoncurrentielles.

En signant, fin 2002, un accord à l’amiable avec le gouvernement fédéral et les Etats plaignants, accord approuvé par le ministère américain de la Justice (DoJ, voir édition du 4 novembre 2002), Microsoft espérait sans doute mettre un terme à son procès antitrust débuté en 1998. Pourtant, les autorités américaines, à travers le DoJ et les procureurs généraux de dix-neuf États fédéraux, reprochent à Microsoft d’avoir placé un lien dans le répertoire Ma Musique (sous-dossier de Mes Documents) qui ouvre automatiquement Internet Explorer (IE) même si l’utilisateur a sélectionné un autre navigateur par défaut. Intitulé Shop for Music Online, ce lien (probablement spécifique à la version américaine de Windows XP, nous ne l’avons pas trouvé dans la version française de l’OS) connecte au site Windowsmedia.com qui permet, via des partenaires comme BestBuy.com, d’acheter de la musique en ligne.

Les procureurs, qui ont adressé leur dossier au juge Colleen Kollar-Kotelly chargé du dossier antitrust, reprochent donc l’activation automatique d’IE lorsqu’on clique sur le lien incriminé. L’un des points de l’accord stipulait que l’utilisateur était libre d’utiliser le navigateur de son choix sauf dans le cas où celui-ci n’est pas en mesure de répondre techniquement à la requête. Nous avons visité Windowsmedia.com avec Mozilla sans rencontrer de difficultés, l’usage exclusif d’IE pour visiter ce site ne tient donc pas d’un point de vue technique. De son côté, Microsoft ne voit pas de contradiction entre son service et les accords signés avec le DoJ. L’affaire est entre les mains du juge qui décidera de la suite à lui donner.

Une autre affaire en sursis

En revanche, elle n’aura pas grande influence sur la Commission européenne. Rappelons que celle-ci reproche à Microsoft des pratiques anticoncurrentielles à travers l’implémentation dans son système d’exploitation du lecteur multimédia Windows Media Player. Pour régler le litige, Bruxelles, par la voix du commissaire européen de la direction de la Concurrence Mario Monti, avait proposé à l’éditeur en août 2003 de livrer une version de son OS épurée du lecteur ou bien d’inclure des applications concurrentes. Microsoft, qui avait jusqu’au 17 octobre 2003 pour apporter d’éventuels éléments de défense (voir édition du 7 août 2003), a attendu le dernier moment pour déposer ses arguments. Microsoft et les pratiques anticoncurrentielles, une histoire sans fin ?