Microsoft en quête de crédibilité

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Victimes d’attaques virales à répétition et de failles de sécurité en cascade, les applications de Microsoft semblent perdre de leur crédibilité aux yeux des utilisateurs. Gênant à quelques semaines du lancement de .Net, la plate-forme de services en ligne concoctée par l’éditeur. Pour redresser la barre du navire, le capitaine Bill Gates rappelle à l’ordre ses troupes en leur enjoignant à mettre le cap sur la sécurité. Il était temps !

Le talon d’Achille de Microsoft est la sécurité. C’est Bill Gates en personne qui l’a expliqué par mail à ses 47 000 employés. Mémo que le service marketing s’est empressé de communiquer à la presse mercredi 16 janvier 2002. On peut notamment y lire que « toutes ces caractéristiques fabuleuses de nos produits ne serviront que si le consommateur a confiance dans nos logiciels. Donc, désormais, quand nous sommes confrontés au choix d’ajouter plus de caractéristiques ou résoudre les problèmes de sécurité, nous devons choisir la sécurité ». Les clients de Microsoft seront ravis d’apprendre que, jusqu’à présent, les ingénieurs préféraient rajouter des gadgets plutôt que de se soucier de la fiabilité de leurs applications. Cette nouvelle orientation de développement s’intègre dans ce que l’architecte logiciel en chef de Redmond appelle « l’informatique de confiance » (Trustworthy Computing).

Ce programme vise à faire de l’informatique un système « aussi disponible, fiable et sûr que les services d’eau, d’électricité ou de téléphone ». Inutile de préciser qu’il y a encore du travail. Car pour Bill Gates, ce soudain besoin de sécurité n’est pas lié aux perpétuelles attaques et découvertes de failles, que ce soit au niveau serveur (voir édition du 5 octobre 2001) que client à travers Internet Explorer (voir édition du 16 janvier 2002) ou Outlook. Pour Bill Gates, ce sont les récents événements historiques qui provoquent une exigence accrue en sécurité de la part des utilisateurs. « Les attentats du 11 septembre et les séries d’attaques virales ont rappelé les besoins en sécurité », écrit-il.

Microsoft, AOL, Sun et les autres

Certes la popularité, pour ne pas dire le quasi monopole, des produits Microsoft attirent statistiquement plus de pirates que les autres plates-formes. Certes Microsoft n’est pas le seul à fabriquer des applications parfois défaillantes. Ses concurrents les plus directs, AOL (voir télégramme du 15 janvier 2002) comme Sun (voir télégramme du 16 janvier 2002), découvrent régulièrement les faiblesses de leurs développements. Mais eux ne se vantent pas (trop) d’avoir réalisé le système d’exploitation le plus sécurisé du moment comme l’annonçaient, à grand renfort de publicité, les équipes marketing au lancement de Windows XP. Lequel se révèle finalement ne pas être forcément plus fiable que les OS précédents (voir édition du 21 décembre 2001).

« Aie confiance? »

Et ce que Microsoft a fait avec Windows XP lors de son lancement, Bill Gates est en train de le refaire avec .Net, la plate-forme de services en ligne dont le géant de Redmond doit prochainement lancer les premiers outils de développement (VisualStudio.Net Microsoft .Net Server et .Net Framework). Nous rassurer pour mieux nous la vendre. Bref, retrouver sa crédibilité. C’est quand même étrange pour une société comme Microsoft de se préoccuper de sécurité à trois semaines d’un nouveau lancement. Une société sérieuse étudie généralement le problème à la conception du produit. Pas à sa livraison. Microsoft préfère visiblement le discours à la méthode en se voulant rassurant dans les textes mais pas toujours dans les faits. Et son discours a de quoi rappeler celui de Kaa, le serpent du Livre de la jungle qui hypnotise sa victime en leur répétant « aie confiance »… Cela dit, le problème est peut-être plus général : peut-on faire confiance à un système informatique ? Quelle que soit la réponse, c’est un autre débat.