Microsoft et Novell/Suse Linux s’unissent pour un monde interopérable meilleur

Mobilité

Les partenariats portent sur le partage de propriété intellectuelle et sur
les développements techniques en matière de virtualisation notamment.

Entre libre et propriétaire, existe-t-il une troisième voie pour les utilisateurs comme pour les éditeurs? Microsoft et Novell viennent de signer des accords de partenariat qui pourraient bien être à l’origine d’un nouveau modèle économique. « Nous avons réalisé une chose unique : nous avons été capables de réconcilier l’irréconciliable », résume Bernard Ourghanlian, directeur technologie et sécurité chez Microsoft France. Autrement dit, permettre au modèle propriétaire propre à Windows de cohabiter en bonne intelligence avec l’environnement open source de Suse Linux Enterprise Server (SLES). Deux plates-formes plébiscitées par nombre d’entreprises. Les accords en question courent jusqu’en 2012.

Le partenariat entre les deux éditeurs intervient sur les aspects commerciaux et techniques autant que juridiques. « L’accord va donner à Novell et Microsoft un accès respectif à un nombre significatif de brevets des deux parties », explique le porte-parole. Concrètement, « Microsoft s’engage à ne pas faire valoir ses brevets et sa propriété intellectuelle sur les technologies éventuellement exploitées dans SLES ».

Ces accords juridiques bénéficieront notamment aux développeurs et clients qui supportent des projets open source comme Mono (qui permet de faire tourner des applications .Net sous Unix/Linux) ou le protocole Samba d’accès aux ressources Windows sous Unix/Linux (notamment). De part l’utilisation de technologies issues de Redmond, l’exploitation de ces logiciels libres peut prêter à ambiguïté d’un point de vue juridique. L’accord enlève donc l’épée de Damoclès que Microsoft avait mainte fois suspendue au dessus des acteurs du libre dans sa lutte contre la montée en puissance de Linux.

Au bénéfice de la communauté du libre

L’accord sur l’usage éventuel de la propriété intellectuelle de Microsoft va même plus loin puisqu’il s’étend à l’ensemble de la communauté de développeurs d’applications open source, destinées ou non à Suse Linux. « A condition qu’il n’y ait aucune exploitation commerciale derrière », précise Bernard Ourghanlian.

D’un point de vue technique, le partenariat entre Microsoft et Novell encouragera le développement de nouvelles solutions en matière de virtualisation, d’interopérabilité des formats de fichiers et des services web. Les deux acteurs participeront ainsi au développement d’un hyperviseur qui permettra de lancer indifféremment Windows ou SLES et donnera accès à la totalité des périphériques matériels de la machine. Ce qui n’est pas toujours le cas dans les environnement Linux. Cet hyperviseur est attendu dans le courant du second semestre 2007. « Après la sortie de Longhorn Server », confirme le directeur technique.

Le renforcement de la compatibilité des fichiers passera par le développement de « traducteurs » entre les formats OpenXML de Microsoft et OpenDocument de la communauté du libre (particulièrement soutenue par Sun Microsystems dans ce cadre).

Quant aux services web, ils bénéficieront de développements visant à faciliter la gestion de serveurs physiques et virtuels entre les deux environnements. Microsoft et Novell s’engagent également à fédérer au mieux leurs annuaires, respectivement Active Directory et eDirectory. L’ensemble de ces développements devrait s’effectuer dans un centre commun aux deux éditeurs et dont il reste à définir le lieu d’implantation.

Répondre à la demande du marché

Les conditions financières de l’accord n’ont pas été détaillées. Des transferts de fonds s’effectueront entre les deux parties selon l’usage de solutions sujette à brevet (avec une large part des versement de Microsoft vers Novell selon le volume supérieur d’applications déployées dans le monde). Novell mettra de son côté un système de royalties reversées à Microsoft et issues des revenus générés par les produits open source. Enfin, les deux entités participeront à des campagnes marketing communes.

A travers cet accord de partenariat, Microsoft pousse à l’extrême sa stratégie de rendre ses solutions interopérables avec les environnements concurrents. Une stratégie qui répond simplement à la demande du marché.  » Il y a une demande claire de nos clients en matière d’interopérabilité », concède le porte-parole. Une stratégie initiée depuis 2001 avec le programme Shared Source Initiative qui vise à rendre disponible le code d’un certain nombre d’application (dont la dernière en date est Windows Emedded CE 6.0) et récemment renforcés par les accords passé avec JBoss, SugarCRM, Xensource ou Zend Technologies.

De son côté, Novell (un acteur issu du monde propriétaire avant l’acquisition de Suse Linux en 2003) va profiter du partenariat pour asseoir sa position face à son concurrent Red Hat. Lequel pourrait également bénéficier de la stratégie d’ouverture de Microsoft. « L’accord avec Novell n’a rien d’exclusif », confirme Bernard Ourghanlian.