Microsoft lance son programme antipirate pour Windows XP

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WGA permet d’authentifier les versions légales de son logiciel phare. L’inscription à ce programme est obligatoire pour bénéficier des mises à jour.

Après dix mois de programme pilote, Microsoft lance aujourd’hui la version officielle de Windows Genuine Advantage (WGA) 1.0. WGA vise à lutter contre les versions illégales de Windows XP installées sur les ordinateurs (les versions antérieures de l’OS ne sont pas concernées). Non pas en faisant la chasse aux pirates mais en incitant les utilisateurs à vérifier eux-mêmes l’authenticité de leur application. « Paradoxalement, dans le monde numérique, la copie pirate est généralement identique à l’originale », rappelle Laurent Signoret, responsable de la conformité des licences chez Microsoft France (monsieur anti-piraterie en deux mots), « la philosophie de WGA consiste donc à créer de la différence entre la version pirate et l’originale. »

Comment? En apportant de la valeur ajoutée. « Avant, on achetait un logiciel », explique Philippe Peredchokin, chef de produits Windows, « ajourd’hui on achète un logiciel et un service à valeur ajoutée. » En plus des mises à jour habituelles, les utilisateurs qui auront authentifié leur version de Windows XP bénéficieront en effet de petits utilitaires (économiseurs d’écrans…) et de tutoriaux sous formes de fiches pratiques et de courtes vidéo, notamment. Ceux qui ne souhaiteront pas se soumettre au programme, que leur copie de Windows XP soit légale ou non, n’auront plus accès aux téléchargements, que ce soit via les services de mise à jour automatique (Windows Update ou Microsoft Update) ou à partir du centre de téléchargement (download Center).

Correctifs de sécurité disponibles

« Seuls les patchs des failles de sécurité critique resteront disponibles », confirme Laurent Signoret. Après mûre réflexion, Microsoft a en effet décidé de ne pas prendre le risque d’augmenter la prolifération des virus par le biais des copies illégales. WGA ne s’arrête cependant pas à la simple vérification. Microsoft propose de légaliser sa copie pirate. « En cas de copie illégale, nous invitons le client à se retourner vers son revendeur », explique Philippe Peredchokin. « si aucune solution n’est trouvé de ce côté, alors nous proposons un échange. » Autrement dit, rendre légale une copie pirate.

Une procédure gratuite « si le client est en mesure de prouver qu’il a réellement été abusé ». Il devra alors remplir un formulaire de renseignements sur l’acquisition du logiciel, fournir la preuve d’achat ainsi que le CD contrefait. Si le client ne peut prouver sa bonne foi, il aura la possibilité d’acquérir une version légale à prix réduit : 90 euros pour la version Familiale de Windows XP et 135 euros pour la version Professionnelle (contre respectivement plus de 250 et 380 euros pour les versions boîtes). « Mais cette solution est vraiment proposée en dernier recours », insiste le responsable produits qui ajoute que l’offre est limitée à 45 jours à compter du lancement de WGA. Une limite qui pourrait être étendue à 90 jours selon les résultats du programme.

Faire pression sur les revendeurs de contrefaçons

Cette procédure permet ainsi au client de faire pression sur les revendeurs indélicats (voire eux-mêmes abusés), afin de « décourager les canaux de ventes qui s’appuient sur la contrefaçon pour profiter d’une concurrence déloyale », justifie le responsable anti-pirate. Selon Laurent Signoret, 35 % environ des Windows XP installées, dans le monde comme en France, sont des versions contrefaites (contre 45 %, en moyenne en France, pour l’ensemble des logiciels). Avec WGA, programme qui vise essentiellement les PME et le grand public où les taux de piratage sont plus élevés qu’au sein des grandes entreprises, Microsoft espère notamment acquérir de nouveaux clients. « Si nous récupérons 5 % des copies illégales avec WGA, nous serons très satisfaits », souligne Laurent Signoret. La France compte environ 26 millions de PC dont 12 millions en entreprise.

Quant à la procédure d’inscription en elle-même à WGA, elle reste simple : il suffit d’installer une fois pour toute (de façon transparente à l’occasion d’une mise à jour) un ActiveX qui authentifiera le système à chaque téléchargement. Une procédure simplifiée par rapport à la version pilote où il fallait saisir les 25 caractères de la clé d’activation du produit. Le principe de WGA devrait progressivement s’étendre à l’ensemble des produits Microsoft, notamment les applications serveurs. Aujourd’hui même, Microsoft annonce le lancement de la phase pilote d’OVA (Office Validation Assistant), l’équivalent de WGA pour la suite bureautique. A terme, Microsoft espère donc faire converger ses procédures d’authentification et de mises à jour vers un seul et même service.