Microsoft tire sur Linux à boulets rouges

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Microsoft vient de publier un texte pamphlétaire, « Les mythes de Linux », visant à démonter un par un les mythes sur lesquels Linux aurait bâti sa réputation. Grand vainqueur de cette charge : Windows NT4, bien sûr. Ce qui prouve en tout cas que Microsoft prend la menace Linux au sérieux.

La charge que vient de lancer Microsoft contre Linux, en publiant son « Linux Myths » a provoqué de vifs remous dans la communauté Linux. Il faut dire que l’éditeur du système d’exploitation le plus vendu dans le monde n’y va pas de main morte. Pour défendre sa forteresse Windows NT, il a choisi de prendre un par un ce qu’il appelle des « mythes », et les comparer à la réalité. Sont ainsi passés en revue les « mythes » suivants : Linux fonctionne mieux que Windows NT ; Linux est plus fiable que NT ; Linux est gratuit ; Linux est plus sécurisé que NT ; Linux peut remplacer Windows sur un bureau. Et d’illustrer chacun des point évoqués par plusieurs contre-exemples. Cependant, l’argumentaire de Microsoft oscille sans cesse entre la vérité irréfutable, et une certaine mauvaise foi.

Pour prouver que Linux tourne moins bien que NT, Microsoft rappelle deux tests récents, qui avaient effectivement montré la supériorité de NT. Certaines de ces lacunes ont depuis été corrigées, dans les noyaux les plus récents de Linux, mais pas toutes. Rappelons tout de même que ces tests avaient choisi des configurations que l’on retrouve rarement dans la réalité, et qui font effectivement planter Linux/Apache, comme des cartes Ethernet à 100 Mo. « IIS de Microsoft est plus rapide pour délivrer des pages Web en dur, mais Linux est nécessairement plus rapide que NT pour délivrer des pages en CGI », indique Frédéric Le Guern, responsable technique et directeur de la société de développement Internet Aptéryx. De même, il est vrai que Linux, dans sa version de base, ne supporte pas plus de 2 Go de mémoire vive, et que le noyau ne sera pas amélioré sur ce point prochainement. Mais Microsoft oublie de dire que Linux supporte quand même 4 Go de RAM, à condition d’y adjoindre un patch – commercial, il est vrai. Quant au fichier swap limité à 128 Mo, le problème est résolu depuis des mois… Légitime est aussi la remarque de Microsoft au sujet des faiblesses de Linux en matière de clustering – il n’existe cependant pas de clustering commercial satisfaisant pour NT non plus, pas plus que de journal de système de fichier…En partie exact aussi, l’argument selon lequel la gestion de la sécurité sous Linux manque de souplesse : les autorisations et les droits d’accès fonctionnent selon le principe du « tout ou rien » : ou l’on est superutilisateur, ou l’on est utilisateur de base, sans rien entre les deux. Enfin, les critiques sur les retards de Linux sur le multiprocessoring sont aussi fondées.

Cependant, certains arguments de Microsoft sont très discutables. Quand l’éditeur de Redmond affirme que Linux, malgré sa gratuité, ne réduit pas le coût global TCO (Total Cost of Ownership), à cause des tarifs des techniciens et de la maintenance, on ne peut s’empêcher de songer aux prix demandés par les administrateurs réseaux NT. Et que dire des tracas des négociations des licences de logiciels propriétaires… Même chose à propos de la sécurité comparée des deux systèmes. « Aucun système d’exploitation ne garantit une sécurité à 100%, aussi bien Linux que NT », explique Frédéric Le Guern, « quant à la réparation des trous de sécurité et autres bugs, Microsoft a raison de dire qu’il est un interlocuteur unique. Par contre, il réagit beaucoup plus lentement que la communauté Linux ».

Et puis, on trouve quand même quelques contre-vérités manifestes : « Microsoft affirme que Linux ne supporte pas le plug-and-play, ni la gestion d’énergie. C’est faux, il sait le faire » continue Frédéric Le Guern. Quand à l’USB, il devrait être prêt pour la version 2.4 du noyau.

Enfin, l’argument selon lequel Linux ne saurait remplacer Windows sur un bureau, à cause de son faible nombre d’applications n’est ni vrai ni faux : il suffit d’avoir les applications qu’il faut. Linux est, pour l’instant, incapable de faire du multimédia correctement, mais la bureautique, les applications scientifiques et l’Internet lui conviennent tout à fait.

Pour en savoir plus :

*« Linux myths », sur le site de Microsoft (US)

* Une réponse de Linuxien (en anglais)

* Et une autre (en anglais)