Mono : des outils de développement Linux pour .Net

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Sous la houlette de Ximian, le projet Mono vise à proposer des outils de développement sous Linux pour .Net, la plate-forme Internet de Microsoft. Mono permettra ainsi aux développeurs Linux de créer des applications pour .Net. Seul obstacle en perspective, l’accès à Passport, base d’identification de Microsoft et clé de voûte de .Net.

La société Ximian, qui développe notamment l’interface graphique Gnome pour Linux et Unix, lance le projet Mono (singe, en espagnol). Ambitieux projet, Mono n’est rien de moins qu’une plate-forme à la fois compatible et concurrente de .Net de Microsoft. Rappelons que .Net, la future plate-forme estampillée Windows, permettra de développer des applications et des services Web dont les premiers exemples concrets ont été récemment montrés et rassemblés sous la bannière « Hailstorm » (voir édition du 20 mars 2001). Le tout s’appuyant sur Passport, la base de données qui centralisera les informations propres à chaque utilisateur. Si, selon l’éditeur de Redmond, les applications écrites sous .Net tourneront sur des systèmes d’exploitation non-Windows (pour ne pas dire Linux), il n’en est pas de même pour les outils de développement dont le langage C# (un Java sauce Microsoft) et CLI (Common Language Infrastructure), l’équivalent de la machine virtuelle, là aussi à la sauce Microsoft. Au mieux, les développeurs auront droit à une version FreeBSD de ces outils de programmation (voir édition du 2 juillet 2001). C# et CLI ont certes été présentés au ECMA et au W3C pour standardisation, mais ils n’en sont pas moins soumis à la licence « shared source » de Microsoft qui risque fort de limiter le développement d’applications commerciales sous Linux, Solaris de Sun et tout type d’Unix.

Des applications écrites sous Linux… pour .Net

C’est ce que cherche à éviter Ximian avec Mono en proposant des outils de développement sous licence GPL (General Public Licence) et LGPL (Library GPL) qui permettront d’écrire des applications Open source sous Linux et de les déployer sur la plate-forme .Net… comme sur d’autres plates-formes à venir éventuellement. Cela permettrait aux développeurs de construire leurs applications une seule fois et de les déployer a priori n’importe où. Les outils du projet Mono comporteront un compilateur C#, une implémentation complète des bibliothèques « class » compatibles avec le CLI de Microsoft, et des versions Linux de CLR (Common Language Run-Time) et du moteur JIT (just-in-time).

Conscient de l’enjeu que représente .Net, Ximian refuse de laisser Microsoft exercer un monopole technique en forçant, d’une certaine manière, l’ouverture de sa future plate-forme. Mais en développant des outils indirectement dédiés à .Net, c’est également une façon d’en reconnaître les qualités, si ce n’est techniques, en tout cas conceptuelles. Aussi les applications développées sous Mono n’en seront pas moins limitées par l’accès à Passport. Les applications dédiées aux sites Web qui utiliseront cette base d’authentification devront probablement utiliser les outils de Microsoft pour y accéder, voire des API spécifiques. Mais Passport n’est encore qu’un pari de l’éditeur. Rien n’obligera les sites, et donc les développeurs, à s’appuyer sur ce système d’identification et d’authentification pour proposer leurs services propres. Et rien ne dit que les utilisateurs seront prêts à confier leurs données personnelles à Microsoft en toute confiance. Et d’ici l’avènement de .Net, nombre de solutions comparables pourraient émerger. Si le compilateur C# est attendu pour la fin de l’année, les premières applications ne verront pas le jour avant le premier semestre 2002. Tout dépendra de l’adhésion de la communauté Open source au projet.