Musique numérique : le marché légal décolle mais le piratage prospère

MobilitéRégulations

Selon l’Ifpi, les ventes de musique numérique ont progressé de 25% en 2008 mais le piratage est loin d’être résorbé.

Alors que Midem bat son plein à Cannes, la Fédération internationale de l’industrie du disque (Ifpi) estime dans son rapport annuel que le marché légal de la musique en ligne a progressé d’environ 25% en 2008, pour atteindre un chiffre d’affaires de l’ordre de 3,7 milliards de dollars, contre 3 milliards en 2007. Ces ventes, via Internet ou le téléphone mobile, représentent aujourd’hui 20% des ventes totales et légales de musique, contre 15% en 2007.

Les internautes mélomanes ont ainsi fait le choix de télécharger légalement en 2008 1,4 milliard de singles, ou chanson à l’unité, soit une augmentation de 24%. Les ventes d’albums complets ont de leur côté connu une hausse de 36%.

En France, le Syndicat national de l’édition phonographique (Snep) évalue à 70 millions d’euros le chiffre d’affaires généré par la vente de musique en ligne en 2008, contre seulement 50,8 millions en 2007.

Inventer de nouveaux business models pour lutter contre le piratage

Il n’en reste pas moins que le piratage de fichiers musicaux a toujours le vent en poupe. Selon l’Ifpi, 95% des morceaux de musique téléchargés l’année dernière l’ont été illégalement, ce qui représente pas moins de 40 milliards de titres…

« L’industrie de la musique se réinvente et réinvente ses modèles économiques. Les maisons de disques ont complètement repensé leur approche, réorganisé leur fonctionnement et répondu aux transformations des modes de distribution et de consommation de la musique », explique John Kennedy, P-DG de l’IFPI.

Les professionnels de la musique ont déjà mis en place plusieurs solutions pour tenter de lutter contre le téléchargement illégal des morceaux de leurs artistes. Le rapport met en exergue l’apparition de l’offre Comes With Music par Nokia. En achetant un mobile de la marque parmi une sélection proposée, les clients du constructeur se voit aussi offrir l’accès illimité au catalogue Nokia Music Store pendant un an, où ils peuvent télécharger tous les morceaux qu’ils veulent.

L’Ifpi salut également la création de la plate-forme MySpace Music en septembre dernier. Les quatre plus importantes maisons de disques – EMI, Warner Music, Universal et Sony BMG – y proposent leur catalogue de titres. Chacune d’entre elle détient une part proportionnelle à son poids sur le marché du disque.

La fin des DRM et la sanction légale, ultimes solutions ?

La solution du « sans DRM » (Digital Right Mangement, ou verrou anti-copie) semble aussi avoir trouver un écho favorable auprès de l’industrie musicale.

Les quatre majors s’y sont toutes mises depuis peu : Universal et Sony Music ont annoncé la semaine dernière qu’elles stoppaient la mise en place de DRM sur leurs morceaux et Warner Music France a décidé d’expérimenter la suppression de ses verrous anti-copie pendant un an.

Chez EMI, l’abandon des DRM a été décidé depuis avril 2007. Et de son côté, Apple a annoncé début janvier qu’il allait supprimer totalement les verrous numériques pour les morceaux proposés à la vente sur iTunes.

Toutefois, la lutte contre le piratage ne saurait être totalement efficace sans une aide apportée conjointement par les fournisseurs d’accès à Internet  et les gouvernements, estime l’Ifpi.

A ce propos, elle souligne l’émergence du projet de loi Création et Internet en France, qui provoque le débat notamment à cause du système de riposte graduée visant à punir les internautes convaincus de téléchargement illégal.

Adopté fin novembre au Sénat, le projet de loi soutenu par Christine Albanel, la ministre de la Culture et de la Communication, passera devant l’Assemblée Nationale d’ici le mois de mars.

A consulter également : Forum Vnunet.fr : Projet de loi Créations et Internet : quels enjeux ?

Lire aussi :