Napster au bord du gouffre

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Aux Etats-Unis, la juge Marylin Hall Patel vient d’ordonner la fermeture temporaire du service de partage de fichiers Napster, considérant qu’il servait à copier massivement des titres audio protégés par le droit d’auteur. La société, qui risque plusieurs millions de dollars d’amende et de mettre la clé sous la porte, compte faire appel.

L’heure est grave pour Napster. Le site, qui s’est fait connaître auprès de 20 millions d’utilisateurs grâce à son logiciel d’échange de fichiers, doit mettre fin à son service. En effet, la juge Marylin Hall Patel en a exigé la fermeture temporaire dans le cadre d’une « injonction préliminaire », avant de donner une issue définitive au procès conduit depuis plusieurs mois face à la Recording Industry Associations of America (RIAA).

L’arrêt prendra effet vendredi 28 juillet 2000 à minuit, soit 9 heures le samedi matin à Paris. L’avocat de Napster, David Boies, prévoit de faire appel de cette décision mais la partie semble très mal engagée. En rendant publique sa décision, la juge a indiqué que « lorsque la transgression de la loi atteint une telle ampleur, les plaignants sont en droit de faire respecter leur droit d’auteurs ».

Les arguments de Napster n’ont donc guère porté leurs fruits. Premier échec, la juge refusait d’accepter en mai dernier que Napster n’était qu’un simple prestataire technique, dégagé de la responsabilité des contenus échangés sur ses serveurs (voir édition du 10 mai 2000. La société a ensuite modifié sa stratégie avec une ligne de défense en plusieurs points. L’un des arguments repose sur le droit de copier des titres pour un usage personnel (voir édition du 4 juillet 2000), à travers le Digital Audio Recording Act. Mais l’industrie musicale a balayé cette idée en arguant que la diffusion, même si elle n’est pas à titre commercial, ne s’effectue plus dans un cercle privé mais à l’échelle de la planète. Les maisons de disques auraient présenté pas moins de 12 000 oeuvres protégées par le droit d’auteur… et en libre accès grâce à Napster. D’après l’AFP citant Russell Frackman, l’avocat de la RIAA, entre 12 et 30 millions de chansons seraient téléchargées chaque jour. Or Napster n’a guère les moyens de faire le tri, dans une telle masse de données, entre les titres protégés ou non.

Tout n’est pourtant pas perdu. Une garantie de 5 millions de dollars a été demandée aux maisons de disques pour dédommager Napster s’il gagnait son procès. Enfin, un récent accord avec Liquid Audio, spécialiste du cryptage pour la musique, laisse supposer que Napster étudie une solution pour orienter un internaute vers le site des artistes et l’achat en ligne (voir édition du 25 juillet 2000).

Des études signées Jupiter Communications ou Cyber Dialogue indiquent que le modèle du logiciel d’échange pourrait être un moteur pour la vente de titres. En tout cas, avec 4 millions d’utilisateurs par jour, il n’y a plus de doute que le téléchargement est devenu un modèle techniquement viable. Quant à savoir s’il l’est économiquement…

Pour en savoir plus :

* Napster

* La RIAA