Ommic, la réussite du modèle ASP

Mobilité

Si le secteur de l’ASP est populaire, il n’en est pas moins confidentiel. Peu d’entreprises ont jusqu’à présent fait le choix de l’ASP, c’est-à-dire d’externaliser certaines de leurs applications. Toutefois, Jean-Eric Finck, directeur général d’Ommic, une filiale de Philips pour la conception de circuits intégrés AsGa, n’a pas hésité à opter pour ce nouveau mode de distribution. Il s’explique sur ces choix et sur les avantages liés à l’externalisation d’une de ses applications.

VNUnet : Pourquoi avez-vous choisi le mode ASP pour votre société ? Autrement dit, pourquoi avoir externalisé vos applications plutôt que de les acheter sous licences ?

Jean-Eric Finck :En fait, je n’avais pas le choix. J’avais quatre mois pour passer du statut de division de recherche du groupe Philips à une société indépendante. En septembre 99, il fallait tout créer, tout mettre en place : de la direction administrative, des services de comptabilité, en passant par l’informatique… Et face aux coûts pour mettre en place un système informatique, la location s’est vite imposée. Nous avons donc opté pour louer à la société Origin le logiciel de gestion Intégré R/3 de l’éditeur SAP. Si on avait dû l’acheter, une telle solution aurait nécessité un an pour sa mise en place. Par ce mode de distribution, nous avons pu l’installer en un mois et demi.

VNUnet : Depuis janvier, date à laquelle votre activité a commencé, quel bilan pouvez-vous faire ?

Jean-Eric Finck :La maîtrise des coûts. Je crois que c’est indéniable. Je sais exactement combien cela me coûte. Ensuite intervient une économie d’énergie, certes difficilement chiffrable, pourtant c’est bien là un des points importants concernant ce mode de distribution. Externaliser ses applications signifie surtout ne plus se préoccuper d’un tas de problèmes qui ne sont plus forcément liés aux métiers premiers de l’entreprise. Sur le plan des dépenses, c’est une économie considérable. Généralement, on prévoit que les coûts de gestion d’une entreprise doivent être inférieurs à 1 % du chiffre d’affaires. J’arrivais auparavant à 2 % et encore avec beaucoup de difficultés. Aujourd’hui, j’en suis à 0,5 % et je devrais arriver pour 2001 à 0,3 %. Autrement dit, l’externalisation pèsera de moins en moins lourd sur la société.

VNUnet : Concrètement, à combien estimez-vous les économies réalisées ?

Jean-Eric Finck :Nous avons choisi quatre modules dans la solution SAP : la comptabilité-finance, la logistique commerciale, l’achat-stock et enfin la gestion immobilisation. Le coût de mise en place a été de 400 000

francs. Actuellement, nous payons 300 euros (un peu plus de 1 950 francs) par utilisateur et par mois. Douze utilisateurs ont accès à cette solution externalisée. Si nous avions opté pour l’achat de ce progiciel, cela nous aurait coûté, avec la mise en place, entre 1 et 2 millions de francs. Sans oublier que chaque année, nous aurions dû verser à SAP 15 % du prix du progiciel par an, uniquement pour un travail de maintenance auquel il faut ajouter les coûts liés à la mise à jour du progiciel qui sont là aussi de l’ordre de 15 %.

VNUnet : Le secteur de l’ASP est encore à un stade confidentiel, n’aviez-vous pas peur de vous y lancer ?

Jean-Eric Finck :Au commencement, je ne connaissais pas ce nouveau mode de distribution. J’ai su après que c’était ce que l’on appelait de l’ASP (Application service providing). Mais cela ne changeait rien. Pour moi, c’était un peu une continuité de l’infogérance.

VNUnet : Quelles différence faites-vous entre le modèle ASP et l’infogérance ?

Jean-Eric Finck :Certains vont jusqu’à dire que l’un est un sous-ensemble de l’autre. Je ne le pense pas. Ce sont deux systèmes complémentaires. Dans un système d’infogérance, la société confie la gestion de ces machines à des personnes qui se trouvent en dehors des murs de l’entreprise. L’ASP va plus loin en externalisant à la fois les hommes et les machines.

VNUnet : Pensez-vous externaliser d’autres applications ? Quelles pourraient être les limites de l’ASP au sein de votre entreprise ?

Jean-Eric Finck :Nous réfléchissons actuellement à apporter quelques changements pour nos applications bureautiques. Mais je crois que nous allons nous tourner vers un modèle d’infogérance pour ce type d’application plutôt que de choisir le modèle ASP. Difficile pour ce type d’application d’imaginer des machines qui ne soient pas au sein de l’entreprise. En revanche, nous sommes en train de mettre en place un système de gestion de production en mode ASP. Pour cette application, nous allons mettre à peu près 6 mois en raison notamment de ce qui existait auparavant. Pour ce cas là, nous ne partons pas de zéro. La difficulté est de faire coexister un système de traçabilité des produits avec la mise en place d’une application de gestion de production, qui elle sera externalisée. Toutefois, le centre de conception assistée par ordinateur (CAO) – qui est le coeur de notre outil de travail et sert à la réalisation de circuits intégrés – ne sera jamais externalisé, tout simplement pour des raisons de temps réel. Même si les solutions de sauvegarde (back-up) seraient mieux réalisées à l’extérieur.

VNUnet : Comprenez-vous les sociétés qui hésitent à passer en mode ASP ?

Jean-Eric Finck :Non. Et notamment à cause de ce modèle d’infogérance. Certaines sociétés pratiquent l’infogérance, alors pourquoi ne pas aller jusqu’au bout de cette logique ? Toutefois, le modèle ASP est un peu différent pour les grosses sociétés où le nombre d’utilisateurs ferait immédiatement grimper les coûts de la location. Mais pour les PME, le choix est évident.

Pour en savoir plus : Ommic