Open source : Linspire s’oppose à la GPLv3

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Selon Linspire qui édite une distribution Linux, l’application de la GPLv3
pourrait nuire aux logiciels libres. A côté, la Fondation Linux peste contre
Microsoft.

La future licence GPLv3 qui encadrera l’usage de la plate-forme GNU/Linux et de nombre de logiciels libres inquiète. Pas seulement les éditeurs de solutions propriétaires mais aussi les partisans du « monde libre ». Dans une lettre ouverte daté du 5 juin 2007, Kevin Carmony, président et directeur exécutif (CEO) de l’éditeur Linspire, s’interroge sur les conséquences  » imprévisibles » qui pourraient découler de l’application de la GPLv3 attendue pour juillet 2007.

« Ironiquement, dans un effort d’accroître la liberté de l’utilisateur, actuellement la GPLv3 limite les choix », souligne le dirigeant de l’entreprise qui édite une distribution Linux dans laquelle cohabite des applications propriétaires (comme dans nombre de ses concurrents) à commencer par les pilotes des cartes graphiques, par exemple.

Isoler Linux et les logiciels libres

Dans un souci de protéger les logiciels libres, la Free Software Foundation (FSF) prévoit, à travers la GPL (General Public Licence), d’interdire toute passerelle entre libre et propriétaire aux éditeurs et distributeurs de solutions informatiques. Sont principalement concernés les gestionnaires de DRM (digital right management ou gestionnaires des verrous numériques), les logiciels brevetés (reconnus comme tels aux Etats-Unis et au Japon mais pas en Europe) et les drivers matériels et autres codecs.

Même s’il déclare « respecter entièrement » ce principe, Kevin Carmony craint que sa mise en application ne mette fin à la capacité pour Linux de concurrencer les systèmes propriétaires, Windows particulièrement mais aussi Mac OS X, sur les ordinateurs de bureau et portables. « Car les utilisateurs grand public regardent des DVD, écoutent [de la musique] avec des iPod et jouent à des jeux vidéo en 3D », fait-il judicieusement remarquer.

En résumé, la GPLv3 risque d’enfermer Linux et les logiciels libres qui s’y réfèrent dans un univers isolé de toute réalité technologique et économique de l’industrie informatique. « Que vous pensiez que ce soit bon ou mauvais, c’est une conséquence à laquelle nous devons tous nous préparer », annonce le dirigeant. En conséquence, « Linspire ne sera peut-être pas en mesure de supporter la GPLv3 ou de continuer à investir des millions dans des projets open source qui risquent de limiter le choix plutôt que de l’élargir ».

Considérer toutes les conséquences

Les modifications de la GPLv3 ont notamment été dictées suite aux accords d’interopérabilité et de partage de propriété intellectuelle que Microsoft et Novell ont signé en novembre 2006 et qui a mit le feu aux poudres au sein de la communauté open source. Selon la FSF, signer des accords avec Microsoft revient encourager l’éditeur de Windows dans sa stratégie de diviser pour mieux régner.

Mais pour le porte-parole de Linspire, la nouvelle version de la licence risque d’avoir des conséquences sur les solutions Linux. « Tout ce que je demande c’est que les rédacteurs de la GPLv3 considèrent pour le moins toutes les conséquences, pas seulement celles qui affecteront Microsoft, mais aussi celles qui toucheront Linux et le mouvement open source », conclut-il. Sera-t-il entendu?

La Fondation Linux invite Microsoft à cohabiter
Les acteurs du logiciel libre poursuivent leur croisade contre les menaces de Microsoft de poursuivre les éditeurs Linux pour violation de brevet. Après l’initiative ShowUsTheCode et la diatribe de Linus Torvalds qui affirme que Microsoft viole plus de brevets que Linux, c’est au tour de Jim Zemlin de passer à l’action. A travers une tribune dans BusinessWeek, le directeur de la Fondation Linux, qui a pour vocation le développement d’une plate-forme Linux homogène, dénonce les manoeuvres d’intimidation de Microsoft à l’encontre de Linux et des logiciels libres. « Microsoft aura fait 500 000 dollars de profits nets le temps que vous finissiez de lire cet article. Il est intéressant de noter que la majorité de ce profit vient de son système d’exploitation Windows et la suite Office. Ce n’est pas une coïncidence si ces deux produits sont les plus menacés par Linux », écrit-il. Et de se montrer à son tour menaçant : « Touchez un seul membre de la communauté Linux, et vous aurez à faire à tous », lance-t-il en direction de l’éditeur de Windows qu’il invite paradoxalement à « travailler au contraire avec nous pour rendre le système de brevets plus solide, raisonnable, et efficace pour toute personne impliquée dans l’industrie du logiciel ». Il est certain que dans ce contexte, la GPLv3 ne facilitera pas à la cohabitation.