Opera veut que le cordon entre Internet Explorer et Windows soit coupé

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L’éditeur norvégien du navigateur éponyme lance une action devant la Commission européenne pour forcer Microsoft à séparer Internet Explorer de Windows.

Une nouvelle plainte vient de frapper Microsoft en Europe. Elle émane de l’éditeur Opera Software qui développe le navigateur homonyme. L’entreprise norvégienne a déposé plainte contre la firme de Redmond auprès de la Commission européenne le 12 décembre 2007. Elle accuse Microsoft de fausser la concurrence sur le marché des navigateurs mais aussi de freiner les développements du Web et des services associés en ne respectant pas les standards du Web.

« Il ne fait aucun doute sur le fait que le navigateur Internet Explorer soit rattaché à Windows offre à Microsoft des avantages aux dépens de ses concurrents« , affirme Håkan Wium Lie, directeur technique d’Opera Software, dans une vidéo mise en ligne sur le site de l’éditeur.

D’autre part, l’éditeur basé à Oslo accuse Microsoft de freiner le développement du Web en ne respectant pas les standards qui s’y rattachent. « Les standards du web sont très importants pour que les pages soient multiplates-formes« , ajoute Håkan Wium Lie, « aujourd’hui, Microsoft sabote les standards du Web, ils ne veulent pas vraiment des standards. »

Lier des applications à Windows est illégal

La décision de porter plainte contre Microsoft pour abus de position dominante dans le marché du navigateur peut surprendre dans la mesure où la question des logiciels qui accompagnent le système d’exploitation a notamment été traitée aux États-Unis début 2000 et plus récemment par la Cour européenne de justice. Mais selon le directeur technique, c’est au contraire le bon moment.

« Il y a quelques mois [en septembre, ndlr], la cour européenne a énoncé son jugement à propos de la vente liée« , explique le porte-parole d’Opera, « et [ce jugement] dit que lier des applications à Windows est illégal, c’est pourquoi nous portons l’affaire en justice aujourd’hui. » Opera tentera donc d’exploiter le jugement européen comme une jurisprudence pour appuyer ses arguments. D’autre part, le directeur technique ajoute que « l’usage du navigateur est beaucoup plus important aujourd’hui qu’il y a 10 ans » et son usage désormais quotidien en fait un composant indispensable.

En conséquence, Opera Software demande à la Commission européenne d’obliger Microsoft à distribuer IE indépendamment de Windows comme elle tente de l’imposer avec Windows Media Player ou, à défaut, que le système soit livré avec plusieurs navigateurs concurrents. D’autre part, l’éditeur souhaite pouvoir imposer à Microsoft le respect des standards du web.

3,4 % de part de marché pour Opera

Opera Software est ambitieux. D’abord parce que le succès de Mozilla Firefox sur le marché des navigateurs risque d’enlever l’argument d’une concurrence faussée. Selon Xitimonitor, le navigateur symbolisé par un panda rouge poursuit sa progression en Europe. Sa part de marché s’élève à plus de 27 % en septembre 2007 contre 21,4 % un an plus tôt.

D’autre part, si Bruxelles peut éventuellement obliger Microsoft à documenter ses technologies, on voit difficilement comment lui imposer des technologies. Même si le respect des standards du Web est relativement accessible. C’est d’ailleurs l’un des arguments d’Opera Software pour qualifier son navigateur interopérable sur différentes plates-formes (ordinateurs, téléphones mobiles, consoles de jeux, passerelle domestique…). Malgré ces qualités innovantes, la part européenne du navigateur Opera reste elle cantonnée à 3,4 %, toujours selon Xitimonitor.