Oracle, fervent militant de l’ASP

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Alors que le marché semble toujours en phase d’évangélisation, Oracle mise très clairement sur le modèle ASP. Aujourd’hui, l’éditeur américain propose l’accès à distance pour la totalité de ses solutions applicatives depuis son offre Oracle.com. De pur éditeur, Oracle se transforme en société de services, même si ses ambitions ont été freinées par le marché.

La stratégie Internet d’Oracle n’est peut être pas aussi médiatisée que celle de Microsoft avec .Net, pour autant, ses applications disponibles sur Internet sont loin d’être confidentielles. L’américain propose aujourd’hui un vaste catalogue d’applications commercialisées sur le mode ASP. Certes, Oracle a un peu cherché sa voie dans la mise à disposition à distance de ses applications. L’éditeur californien envisageait en effet de faire cavalier seul en proposant lui-même ses solutions externalisées et, surtout, en offrant aux entreprises la possibilité de les héberger dans son data center de Redwood (voir édition du 3 août 2000). Peine perdue, quelques mois plus tard, Oracle réorientait sa stratégie en y intégrant des partenaires à la fois pour la commercialisation et l’hébergement de ses solutions. Toutefois, l’éditeur ne fait pas entièrement marche arrière, puisqu’il est toujours possible pour les entreprises, mêmes européennes, d’héberger des solutions chez Oracle. Mais au vu du faible engouement, pour le moment, des services en ligne, on comprend bien pourquoi Oracle a souhaité offrir à ses clients européens des centres d’hébergement sur le même continent et pas à des milliers de kilomètres de là.

Aujourd’hui, l’offre de services en ligne de l’éditeur, regroupée sous le nom d’Oracle.com, met à disposition des entreprises deux types de services. Depuis Oracle.com, il est possible d’accéder, soit gratuitement, soit en payant, à ce que l’éditeur appelle des On Demand Services, des services ne nécessitant aucun paramétrage spécial. Dans ce type d’offre, on retrouve par exemple Sales.oracle.com, une application de gestion de prévisions commerciales, Support.oracle.Com, une application de gestion d’appels pour un service après-vente, ou encore iLearning, une solution de formation à distance (voir édition du 14 septembre 2001). Le deuxième type de services accessibles depuis Oracle.com concerne la suite eBusiness, qui comprend les modules d’ERP, de CRM, de SCM, de RH ou encore des applications d’e-commerce. C’est précisément au sein de cette offre que l’entreprise peut choisir entre un hébergement dans le data center d’Oracle ou dans l’un des centres proposés par l’un de ses partenaires, ou encore par le client lui-même. Dans tous les cas de figure, Oracle assure l’administration à distance de l’environnement applicatif.

« L’ASP décollera d’abord au sein des grandes sociétés. » « Dans le domaine applicatif, toutes nos solutions sont disponibles en mode ASP », déclare Carole Muller, responsable marketing d’eBusiness Suite. Mais si Oracle a clairement pris le virage de l’ASP, le marché est loin de suivre. Au niveau mondial, Oracle ne compte que 180 clients pour sa suite eBusiness en mode locatif. Selon l’éditeur, « la plupart de ces clients sont des sociétés internationales proposant à l’ensemble de leur organisation un point d’accès unique en ligne à leur système de gestion ». Aux Etats-Unis, où la demande est la plus forte, les services ASP représentent 5 % des bénéfices d’Oracle. Pour Carole Muller, les trois prochaines années vont voir une explosion de la demande. « D’ici 3 ans, les revenus tirés du marché ASP représenteront pour Oracle 50 % de ses revenus », affirme-t-elle. L’arrivée de l’ASP permet à Oracle de changer quelque peu sa stratégie. D’éditeur de logiciels pur et simple, il est en passe de réussir sa mutation vers les services, à condition toutefois que le marché de l’ASP décolle enfin. Ce dernier a du mal à convaincre. D’abord très orienté PME, l’ASP pourrait trouver finalement son salut auprès des grandes entreprises. « Les grands comptes ont surtout beaucoup plus de facilité que les petites sociétés à intégrer de nouvelles pratiques. Contrairement à ce que l’on a pu dire, l’ASP décollera d’abord au sein des grandes sociétés. Les PME suivront alors », commente Carole Muller. Et d’expliquer que la réduction du TCO (Total Cost Ownership) de 30 à 50 %, la maîtrise de son budget informatique, la difficulté à maintenir un système d’information dans la durée, l’avantage de l’entreprise à se concentrer sur son coeur de métier, etc., devraient finir par convaincre les plus réticents à adopter le modèle ASP.