Comment Orange a fait basculer Google en site incitant au terrorisme

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En arguant d’une « erreur humaine », Orange a intégré Google dans la liste de sites Internet bloqués par voie administrative. Le souci, perçu par les clients ce matin, est en voie de résolution.

Entre surprise, stupéfaction et incompréhension…Il faut y aller doucement avec l’affaire Google down qui a secoué ce matin le Web français. Le moteur de recherche n’a pas été coupé dans le monde. En revanche, les clients Orange ont eu la désagréable surprise de tomber sur une page d’avertissement « le délai d’attente est dépassée » en se rendant sur les destinations Web Google.com, Google.fr mais aussi Wikipedia.fr.

Plus troublant en cette période d’état d’urgence : une partie des internautes abonnés de l’opérateur, qui ont tenté de se rendre sur ces adresses Web, ont été re-dirigés vers une page abritant un message assez déroutant du ministère de l’Intérieur : « Vous avez tenté de vous connecter à un site dont le contenu incite à des actes de terrorisme ou fait publiquement un acte d’apologie du terrorisme »

Orange a commencé à fournir des premiers éléments d’explication sur ce qui est présenté comme un souci de paramétrage Domain Name System (DNS) de ce matin: « L’incident a duré environ une heure et il est maintenu résolu », précisait le service de communication de l’opérateur contacté vers midi.

Le souci est lié « à une erreur humaine lors d’une opération technique sur un serveur », explique-t-il lors d’un entretien téléphonique. Le problème serait intervenu « lors de la mise à jour des sites bloqués ». « Une simple erreur humaine » est survenue lors de l’intégration des sites dans la liste par un technicien.

« Pas d’acte malveillant » selon Orange

Orange assure qu’il ne s’agit pas d’un « acte volontaire ou malveillant ». Il ne s’agirait pas d’une action hacktiviste donc, toujours selon l’opérateur télécoms. « Nous avons bien vérifié tout cela », assure notre interlocutrice du service communication de l’opérateur.

Mais, dès qu’il s’agit d’avoir des précisions sur les modalités de mises à jour de cette liste de sites bloqués par voie administrative, l’opérateur reste plus discret.

Du côté des clients, le retour à la normale serait assuré mais ce n’est pas si évident à en croire les réactions sur les forums et notre propre expérience depuis notre poste de travail. Il est parfois nécessaire de vider le cache de son navigateur ou de rebooter la box Orange, précise-t-on du côté d’Orange.

Le service de relation client de l’opérateur est également informé de l’incident pour répondre aux éventuelles questions à propos de cette affaire Google Down.

Anti-terrorisme : blocage administratif effectif de sites depuis février 2015

La loi du 13 novembre 2014 renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme permet le blocage administratif de sites Internet faisant l’apologie du terrorisme ou y provoquant. Selon une page d’information de la CNIL, la mesure de blocage reposera sur l’action des FAI, lesquels seront chargés de changer le paramétrage de leur serveur DNS.

Le process est décrit comme tel : lorsque l’OCLCTIC* demande le blocage d’un site, son nom sera envoyé à tous les FAI, qui modifieront dans leurs annuaires les paramètres techniques permettant d’accéder au site.

« Dès lors, quand un utilisateur souhaitera y accéder, il ne pourra pas en obtenir l’adresse et il sera redirigé vers une page d’information du ministère de l’Intérieur », selon la CNIL.

C’est la mésaventure rencontrée ce matin par les clients d’Orange qui cherchaient à utiliser Google et Wikipedia. La liste des sites bloqués de manière administrative est notamment alimenté par des signalements initialement effectués par les internautes sur la plateforme PHAROS.

Dans un article en date du 26 janvier 2016 du Figaro, Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, précisait que 283 sites Internet soupçonnés d’afficher des contenus illégaux (pédophilie, apologie du terrorisme) ont été bloqués en France depuis février 2015.

La loi sur l’état d’urgence, adoptée en novembre 2015, renforce les mesures de vigilance vis-à-vis la propagande djihadiste : le blocage administratif immédiat de tout site Internet « provoquant à la commission d’actes de terrorisme » est autorisé. Jusqu’alors, les FAI avaient un délai de 24 heures pour répondre à ces demandes.

* Office Central de Lutte contre la Criminalité liée aux Technologies de l’Information et de la Communication

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