Palm à portée de la Pomme ?

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L’année 2002 pourrait être l’occasion d’un rachat de Palm par Apple dans un délai que la firme pourrait raccourcir. Plusieurs indices concordent : les postes de recherche de Palm sont désormais tenus par des anciens de la Pomme, la firme leader des PDA vient de racheter Be Inc à Jean-Louis Gassée, également ancien de la Pomme… Fred Anderson, le directeur financier de la firme de Cupertino, pourrait s’avérer un homme clé dans cette éventuelle transaction.

De vieux démons resurgissent chaque année dès qu’il s’agit d’Apple. L’éventuel rachat de Palm en fait partie. Plus personne n’y croyait car cette opportunité a été infirmée par Phil Schiller l’année dernière. Mais en 2001, ce rachat est à nouveau envisagé à la lumière de nombreux indices concordants. Des détails d’abord : une petite phrase de Jean-Louis Gassée, ancien PDG de BeOS, la société vendue tout récemment à Palm (voir télégramme du 16 août 2001), a mis le feu aux poudres. En soit, elle ne signifie rien, puisque cet ancien responsable d’Apple n’a fait que répondre « Je ne vous ai pas entendu » à une question portant sur la possibilité d’une nouvelle tentative de rachat de Palm par Apple l’année prochaine. Pas de quoi fouetter un chat ! Un vent de folie s’est tout de même levé sur le Web suite à cette réponse sibylline… Mais dans le même temps, la direction de la recherche de Palm vient de changer : elle est désormais tombée aux mains de David Nagel, directeur technique de la compagnie de télécommunications AT&T. Celui-ci a supervisé le nouveau système d’exploitation du Palm et pourrait prendre le poste de PDG de la structure chargée des développements logiciels pour Palm quand la séparation matériel/logiciel deviendra effective selon les plans établis (voir édition du 30 juillet 2001). Enfin, Nagel est surtout un ancien responsable d’Apple qui s’était chargé du projet Copland, l’un des systèmes d’exploitation avortés avant le retour de Steve Jobs.

Mais le noyautage de Palm par des anciens d’Apple ne s’arrête pas là : en rachetant Be Inc, Palm va hériter de l’expertise de Steve Sakoman, actuel directeur technique de la firme logicielle fondée voici près de dix ans par Jean-Louis Gassée. Il était le responsable du projet Newton chez Apple, le premier assistant numérique qui a initié le lancement du marché. La stratégie de Palm se trouve aussi aux mains de Doug Solomon, alors que le marketing relève des compétences de Satjiv Chahil, tous deux anciens du campus de Cupertino arrivés courant 2000. Il se dit également que les équipes techniques de Palm fourmillent d’anciens de l’équipe Newton d’Apple. Au vu du nombre de ces spécialistes, les synergies entre Apple et Palm prennent tout à coup du relief ! Et ce n’est pas Steve Jobs qui le démentira. Il aurait récemment déclaré à Fortune Magazine, selon le site américain SF Gate, à propos de Palm : « Je rêve toujours que nous ayons été capables de l’acheter ». Ce type de rumeur fait toujours recette : l’attente d’un successeur du Newton est particulièrement intense dans la communauté des aficionados du Mac. Et Palm a toujours été considéré comme une cible idéale. La firme cadre également complètement avec l’idée d’ère numérique chère à Steve Jobs (voir édition du 9 juillet 2001) et dispose des compétences pour faciliter l’élaboration d’un assistant pour Internet frappé de la Pomme. Elle utilise également des processeurs de chez Motorola et une version de Linux vient d’être portée sur la plate-forme. Du coup, un portage de Darwin paraît possible. Et pourquoi pas un Palm avec une interface Aqua ?

Fred Anderson, le joker d’Apple

Un seul problème subsiste : Palm, filiale de 3Com, ne peut être vendue à un repreneur sans qu’un ticket d’entrée ne soit versé à sa maison mère. Cette clause ne prendra fin qu’au mois de juin 2002, un délai qui repousserait d’autant une acquisition par Apple. Mais le coup de pouce final pourrait bien venir de Fred Anderson, l’actuel directeur financier de la Pomme : il dispose du carnet d’adresses le plus complet sur ces questions, puisqu’il est le seul vice-président de la firme à avoir côtoyé les équipes récemment mises en place chez Palm. Directement responsable du trésor de guerre amassé par Apple durant les cinq dernières années, c’est aussi lui qui donnera son aval pour un rachat. Et Dieu sait qu’Anderson ne sera pas prêt à payer trop cher son ticket d’entrée ! Pour cette raison, le siège au conseil d’administration de 3Com qui lui a été offert ce mois-ci pourrait mettre des cartes supplémentaires dans ses mains? et accélérer un éventuel rachat. Reste que de tels augures se sont déjà plusieurs fois infirmés. Avoir un Palm frappé de la Pomme dans sa paume reste donc un Eden utopique pour le moment?