Palm : difficile de se transformer en outil d’entreprise

Mobilité

Palm confirme son engagement auprès des entreprises après avoir dominé le marché grand public. Pour autant, l’utilisation des Palm – et plus généralement des PDA – comme solution d’entreprise n’est pas encore répandue. En attendant, le constructeur doit faire face à un marché en baisse et à une concurrence de plus en plus importante.

Quelle stratégie pour Palm ? Question d’autant plus difficile que le navire est sans capitaine depuis quelques jours. Carl Yankowsi, l’actuel PDG du fabricant d’assistants personnels, quitte ses fonctions, après que Palm a réalisé un chiffre d’affaires de 214 millions de dollars pour le premier trimestre de l’année fiscale 2002, clôturé au 31 août 2001, soit une baisse de 47 % par rapport à la même période de l’an passée. Le quotidien Les Echos ne cache d’ailleurs pas son pessimisme en rapportant certaines rumeurs selon lesquelles la firme pourrait se trouver en cessation de paiement avant la fin de l’année. En attendant et de manière temporaire, le poste échoit au Français Eric Benhamou. L’ancien PDG de 3Com aura pour principale mission d’assurer la transition de Palm vers la scission en deux sociétés distinctes, l’une tournée vers le système d’exploitation, l’autre centrée sur la fabrication des appareils. Par ailleurs, Palm annonce la filialisation de l’un de ses trois pôles stratégiques. PSG (Platform Solutions Group) deviendra une filiale à 100 % de la maison mère d’ici la fin de l’année. Le pôle PSG, aujourd’hui intégré dans la division Solutions de Palm, est chargé de développer la plate-forme Palm OS et de gérer les accords concédés aux fabricants d’ordinateurs de poche.

Eric Benhamou devra par ailleurs faire face au ralentissement économique. Selon une étude de la société Dataquest, le marché des ordinateurs de poche a baissé de 9,5 % au troisième trimestre 2001. Les ventes mondiales d’assistants personnels numériques (PDA) sont passées de 2,81 millions d’unités au deuxième trimestre à 2,54 millions. Palm, fabricant d’appareils et éditeur du système d’exploitation Palm OS, n’a pu maintenir sa domination sur les deux marchés et a dû notamment pratiquer de sévères baisses de prix pour écouler ses stocks. Peter Blanken affirme d’ailleurs que Palm a réussi à baisser ses stocks de 30 %. Mais la baisse des prix lui a surtout permis de conserver sa place de numéro un mondial, malgré une légère baisse de sa part de marché qui passe à 30 % dans le monde (contre 32 % au deuxième trimestre) et 38 % aux Etats-Unis (contre 40 %). Une bataille tarifaire qui n’a pas empêché Handspring, son plus proche concurrent, qui utilise le système Palm OS, de passer de 11 à 14 % de parts de marché mondial. En revanche, cela lui a donné l’occasion de creuser le fossé avec Compaq et sa gamme iPaq, qui passe de 16 % au deuxième trimestre à 7,3 % au troisième. L’annonce de l’arrivée de Pocket PC 2002 y étant sûrement pour beaucoup.

Pas encore un outil de production

Mais Palm, qui espérait trouver un nouveau marché dans le domaine des applications pour entreprises, devra attendre encore quelque temps. Selon la société, les détenteurs de PDA accèdent dans 94 % des cas à des applications PIM (Personal Information Manager). Seulement 5 % utilisent le PDA comme un outil de communication et enfin 1 % accèdent à des applications de type métier. Même si Palm tente une approche entreprise, les achats de PDA, estime le cabinet d’étude Gartner, sont encore exclusivement du domaine grand public. Gartner estime qu’il faudra attendre 2003 pour que le PDA soit perçu comme un outil de production pour des applications de type CRM. « Après le grand public, Palm veut conquérir les directeurs informatiques », précisait Carl Yankowski, PDG de Palm au moment du rachat du fabricant de logiciels Extended Systems pour 264 millions de dollars. Extended Sytems permet de relier les assistants personnels aux applications de l’entreprise, notamment en proposant des solutions de synchronisation à distance des informations contenues sur le serveur de l’entreprise (voir édition du 07 mars 2001).

Ce n’est toutefois pas dans le domaine des applications verticales que la croissance sera la plus spectaculaire, mais sur les services de communication. La carte SD a par ailleurs été étendue à toute la gamme récente de Palm du m125 au m505. Par ailleurs, la carte SD devrait être compatible Bluetooth dès janvier aux USA et pour mars 2002 en Europe. « Nous sommes véritablement au début de la carte SD. Elle sera sans aucun doute de plus en plus adoptée. C’est la disquette de demain », affirme Laurence Clavière, directrice internationale marketing chez Palm. Toutefois, si Palm confirme son intérêt pour des solutions intégrées avec un téléphone, aucune date précise n’est avancée. Pourtant, selon le constructeur, il y aura encore une demande très forte pour des solutions non intégrées.

Les processeurs DragonBall remis en question

Pour autant, ce délai « imposé » par les entreprises pourrait laisser le temps à Palm de migrer vers des processeurs plus puissants, tel ARM, en lieu et place des processeurs DragonBall actuellement utilisés. Les processeurs actuels ne permettent pas de porter un nombre suffisant d’applications sur Palm, ce qui a pour conséquence immédiate de limiter l’attrait des entreprises pour les produits de la firme. Vers une adoption du StrongArm, qui équipe déjà bon nombre de Pocket PC ?