Panne chez Orange : une mise à jour logicielle d’un équipement coeur de réseau a mal tourné

Régulations

Devant une commission parlementaire, Stéphane Richard, P-DG d’Orange, a fourni les premiers détails sur l’origine des perturbations sur son réseau mobile en fin de semaine dernière.

Après Jean-Ludovic Silicani venu exposer la vision de l’ARCEP sur l’arrivée de Free Mobile, c’est au tour de Stéphane Richard, P-DG d’Orange, de passer au grill de la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale dans la même journée.

Mais sur un autre sujet : comment expliquer la méga-panne survenue entre vendredi et samedi sur le réseau mobile de l’opérateur ?

Auparavant, en début d’après-midi, il avait rencontré Fleur Pellerin, ministre délégué en charge des PME, de l’Innovation et de l’Economie numérique pour dresser un premier constat.

Dans les prochaines étapes, un rapport intermédiaire sera établi fin juillet et un audit interne sera bouclé pour le 10 septembre.

Le patron d’Orange a donc donné au comité parlementaire des précisions sur l’origine de la panne qui a duré 13 heures et qui a affecté plus de 26 millions de clients (ce qui donnera lieu à une forme de dédommagements).

Tout d’abord une confirmation : c’est bien une anomalie logicielle sur le coeur du réseau qui a entraîné les perturbations globales (appels vocaux, envois de SMS et Internet mobile out). Il rejette formellement l’hypothèse d’une attaque informatique.

« Le problème est survenu au coeur du réseau, composé de vingt-sept machines, installées sur une quinzaine de sites différents, et fabriqué par Alcatel-Lucent« , a révélé Stéphane Richard devant les membres de la commission parlementaire.

« C’est un matériel de dernière génération, mis en place en mai 2012. Chaque année, on procède à des mises à jour logicielles, et une des mises à jour est intervenue 48h avant l’incident, il semblerait que ce soit lors de cette mise à jour qu’il y ait eu un problème, c’est la cause-source de l’incident« , a-t-il précisé selon la retranscription partielle fournie par l’AFP.

« L’anomalie créée par cette mise à jour n’a pas fait l’objet d’une alerte automatique, on est peut-être dans le défaut de conception ou la défaillance humaine, je ne le sais pas encore. »

Tout en poursuivant : « Du coup, la redondance (soit le doublement ou le triplement des systèmes par sécurité) prévue dans le système n’a pas fonctionné« , a-t-il expliqué.

« Richard explique l’infra mobile à sa façon. Il parle sans le dire du HLR jusqu’à la BTS« , considère un fin connaisseur du monde des télécoms (merci @nkgl).

De son côté, l’ARCEP était restée silencieuse sur le sujet de la panne Orange.

D’ailleurs, Stéphane Richard n’avait pas jugé nécessaire de tenir au courant l’autorité de régulation des télécoms (« Nous n’avons pas d’obligation juridique d’informer l’ARCEP« ).

Néanmoins, celle-ci a publié un communiqué à ce sujet pour préciser sa position.

« La prévention des risques de défaillance des réseaux de communications électroniques, et leur traitement, relèvent bien du gouvernement (…) La loi prévoit que l’ARCEP intervient a posteriori (soit de sa propre initiative, soit à la demande du ministre) afin de vérifier que l’opérateur en cause a bien rempli ses obligations. »

Elle veille toutefois à l’analyse de l’incident qui a mis en cause les conditions de disponibilité et de qualité du service prévues dans les licences mobiles.

« Si un manquement aux obligations de l’opérateur devait être constaté, l’Autorité aurait la faculté, après mise en demeure, de prononcer une sanction. »

L’ARCEP prévoit également d’organiser prochainement une audition de Stéphane Richard sur le sujet.

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