Partage des oeuvres : la SACEM lâche du lest via Creative Commons

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Comment permettre aux artistes de proposer leurs titres sous une licence autorisant le partage non commercial ? La SACEM a signé un accord avec Creative Commons pour une expérience pilote de 18 mois.

Accord SACEM – CC : un progrès selon le Parti Pirate, scepticisme chez Jamendo

Le Parti Pirate français se réjouit de l’accord SACEM – Creative Commons.

Par communiqué, il explique : « La SACEM accède enfin à une demande faite de longue date non seulement par les communautés Libristes et le Parti Pirate, mais aussi et surtout par les auteurs eux-mêmes. »

Selon le parti prônant le partage libre, « elle rattrape ainsi une partie de son retard sur ses homologues étrangères (notamment du Nord de l’Europe), et reconnaît la nécessité de licences alternatives au ‘droit d’auteur’ traditionnel. »

Il critique tout de même l’absence de licences « véritablement libres » (plaçant l’œuvre directement dans le domaine public) et rappelle sa volonté de réformer en profondeur le droit d’auteur pour mettre fin à « une loi injuste au service d’intérêts privés, notamment ceux d’une industrie du divertissement sur le déclin. »

De son côté, Pierre Gérard, co-fondateur de Jamendo, la plate-forme de partage de musique sous licence Creative Commons qui gère l’exploitation de ses 340 000 œuvres créés par 40 000 artistes sous forme commerciale, n’est pas très enthousiaste.

« Nous n’avons jamais été consulté. Je suis très sceptique sur cet accord car je ne vois pas ce qu’il apporte« , avance-t-il.

« Si je veux accueillir des artistes Creative Commons de la SACEM, c’est impossible puisque je suis une entité commerciale. Les restrictions du plan pilote sont trop sévères. »

Claire Giraudin répond à ça que ces licences sont juste de nouvelles possibilités offertes à leurs sociétaires, mais pas un changement de la gestion commerciale du catalogue de la Sacem.

« Les artistes ont le choix d’aller chez eux, de venir chez nous, ils font ce qu’ils veulent. On a chaque année plus de 4000 nouveaux membres qui s’inscrivent, alors qu’ils n’y sont pas obligés. »

Mais Jamendo ne peut pas percevoir de droits radio ou TV sur les œuvres des artistes déposés sur sa plate-forme.

Les chaînes et les stations ne veulent pas passer par un intermédiaire autre que la SACEM.

« C’est est un monopole de fait, mais pas dans la loi« , selon Pierre Gérard.

Jamendo essaie tout de même de récupérer certain de ces jeunes talents.

« Nous, on essaie d’attirer des artistes qui sont à la SACEM mais qui n’ont pas une grande couverture médiatique. On les accueille et on fait des choses avec eux, on n’est pas dogmatique. »

Malgré cet appel, il nuance l’opposition qui semble exister entre les deux entreprises : « on n’est pas une alternative à la SACEM, mais un complément pour des usages différents. »

 

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