Pascal Mercier (Global Equities) : « Nous avons un fabuleux écosystème autour des start-up en France »

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Paroles d’investisseurs : Entretien Pascal Mercier, directeur associé de Global Equities. Il dirige la division Corporate Finance de cet intermédiaire, qui propose aux start-up de les aider à lever des fonds, jusqu’à leur introduction en Bourse et leur cession.

Entretien Pascal Mercier, directeur associé de Global Equities. Il dirige la division Corporate Finance de cet intermédiaire, qui propose aux start-up de les aider à lever des fonds, jusqu’à leur introduction en Bourse et leur cession.

Il est également l’un des fondateurs des Pigeons, mouvement de défense des entrepreneurs français qui a vu le jour au début du mois d’octobre, pour dénoncer certaines mesures soumises dans le projet de loi de finance 2013.

(Interview téléphonique réalisée le 23 novembre 2012)

ITespresso.fr : Pouvez-nous nous présenter en quelques mots les activités de Global Equities et de sa division Corporate Finance ?

Pascal Mercier : Nous pratiquons deux métiers. Le principal est la levée de fonds pour les entreprises innovantes, soit deux-tiers de nos opérations, et d’un autre côté, principalement des cessions.
Par exemple, cette année, nous allons annoncer notre quatorzième opération, dont une dizaine de levées de fonds.

ITespresso.fr : L’éditeur français de jeux sociaux et mobiles Adictiz a récemment bouclé un  tour de table de 2 million d’euros. Son concurrent américain, Zynga, rencontre des difficultés en Bourse et a annoncé une vague de licenciements. Pensez-vous que le créneau du « social gaming » est toujours aussi porteur ?

Pascal Mercier : Les jeux sociaux continueront d’exister. Il y aura naturellement un écrémage qui se mettra en place, il existera de moins en moins d’acteurs sur ce secteur. Seuls les acteurs les plus professionnels domineront le marché.

La raison du succès d’Adictiz concernant sa dernière levée de fonds est à mettre sur le compte de la qualité du management : quand nous tombons sur des entrepreneurs exceptionnels, nous leur faisons confiance.

Nous nous intéressons à trois éléments essentiels lorsque nous avons à faire à une start-up : l’entrepreneur et son équipe, le secteur et le stade de maturité.

Notre modèle économique, qui repose sur une commission de succès sur les fonds levés, ne nous permet d’intervenir sur des dossiers d’amorçage. Les plus petites levées auxquelles nous avons participé sont de l’ordre de 1 million/1,5 million d’euros, les plus importants tournent autour de 15 millions d’euros. La majorité de nos opérations sont comprises entre 2 et 5 millions d’euros.

ITespresso.fr : Quelle a été la start-up qui vous a récemment le plus enthousiasmé, un coup de cœur ?

Pascal Mercier : Nous avons par exemple levée des fonds pour le spécialiste de la vente de cosmétiques par abonnement JolieBox il y a un peu plus d’un an, et la jeune pousse s’est associé en septembre dernier à l’américain BirchBox.

En moins d’un an, JolieBox s’est tout de même positionné comme un acteur incontournable en Europe, avec des acquisitions en Espagne et au Royaume-Uni, et BirchBox, pour se déployer sur le continent européen, a décidé de s’allier avec lui.

ITespresso.fr : Et quel a été votre plus mauvaise opération ?

Pascal Mercier : Quand on lève des fonds, c’est toujours un succès ! Nous sommes dans le secteur du capital-risque : toutes les start-up financées ne perdureront pas. Qui ne tente rien n’a rien. Nous ne sommes jamais déçus, c’est l’esprit du capital-risque…

ITespresso.fr : Vous êtes un des fondateurs des Pigeons, mouvement de défense des entrepreneurs français. Est-ce un mouvement éphémère ? Vos revendications ont-elles été satisfaites ?

Pascal Mercier : Le mouvement a duré un mois. Nous avons deux choses : du dialogue et de faire entendre notre voix sur la nécessité d’écouter les entrepreneurs. L’attitude des pouvoirs publics depuis le lancement des Pigeons a changé.  Nous pensons avoir apporté une brique à l’édifice…

Les mesures prises ne nous satisfont pas pleinement, car elles sont compliquées. Mais nous sommes satisfaits d’avoir créé une conscience et d’avoir permis aux pouvoirs publics d’avoir véritablement découvert les sociétés de croissance et leur potentiel. Nous restons optimistes pour la suite…

Il faut souligner que l’esprit « start-up » en France est excellent. L’écosystème qui s’est créé ces 15 dernières années est remarquable, probablement le plus beau en Europe. Notre but est de dire qu’il ne faut pas gâcher cet écosystème, notre volonté est de le pérenniser, de le développer davantage.

Nous souhaitons dire au gouvernement qu’il faut mettre en place de véritables règles du jeu, proches de celles de nos voisins européens. Il faut simplifier les lois, faciliter l’investissement dans les sociétés  de croissance, pour  les fonds ou les particuliers, simplifier les règles de gestion des fonds de capital-risque. Permettre encore plus de fluidité !

ITespresso.fr : Quels conseils donneriez-vous aux start-up qui cherchent à lever des fonds ?

Pascal Mercier : Bien préparer la levée de fonds surtout, ne jamais faire les choses à moitié. Bien préparer ses éléments de présentation (business plan, management presentation), de ne pas hésiter à contacter un nombre important d’interlocuteurs, car 9 sur 10 diront « non ». Et c’est toujours une bonne idée de passer par un leveur de fonds qui sait optimiser ce genre de process.

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