Perquisitions Numericable-SFR : le rapprochement s’est-il fait trop vite ?

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Les perquisitions menées dans les locaux parisiens de Numericable et SFR par l’Autorité de la concurrence et la DGCCRF auraient pour but de vérifier que la fusion effective des 2 opérateurs n’avait pas commencé avant l’heure prévue.

La situation ne s’arrange guère chez Numericable-SFR. Le groupe est actuellement frappé par une perquisition. Sont concernés les locaux de Numericable à Champs-sur-Marne, de SFR à Saint-Denis, et de Virgin Mobile à Levallois-Perret, confirme Olivier Lelong, délégué syndical CFDT SFR.

Cette perquisition est menée par l’Autorité de la concurrence avec la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) dans le cadre d’une enquête sur les conditions de rachat de SFR par Numericable Group, il y a 1 an. Virgin Mobile avait également été racheté par Numericable en 2014.

« Tous les bureaux des membres du comité exécutif ont été scellés et les ordinateurs embarqués, nous indique une source syndicale qui dit tomber des nues. Et ça descend dans les différentes strates de l’entreprise, notamment au marketing, chez les équipes qui travaillent sur la box et celles du SI. »

L’absorption de SFR dans Numericable s’est-elle faite dans les règles de l’art ou plutôt de la loi ?

Si l’accord de vente de SFR a été signé en avril 2014 entre Numericable Group/Altice et Vivendi, l’opération n’a été actée par les actionnaires qu’en juin tandis que l’Autorité de la concurrence n’a accordé son feu vert qu’à la fin octobre.

Avant cette date, les équipes de Numericable n’avaient pas le droit de commencer à piloter SFR, note Silicon.fr.

C’est donc ce que cherche à vérifier le gendarme de la concurrence qui a mis sous scellés plusieurs bureaux, embarqué des ordinateurs et disques durs et visité plusieurs services dont ceux du marketing et des équipes techniques, chez SFR du moins, de source syndicale.

Selon Les Echos, la démarche de l’Autorité aurait été motivée par les déclarations des concurrents de Numericable-SFR. Le rachat de SFR avait entrainé une bagarre épique entre Bouygues Telecom et Numericable à coup de surenchères et qui s’était élargie à d’éventuelles opérations croisées avec Free et Orange sur des questions de rachat de réseau notamment.

Au-delà des auditions menées par les sages de la rue de l’Echelle avec les différents opérateurs du marché, certaines attaques auraient été formalisées par courrier. Si la préparation de la gouvernance de la future entité n’est pas un délit en soit, il n’en reste pas moins que l’organigramme de Numericable-SFR était dessiné dès la mi-octobre, avant, donc, le blanc seing de la Concurrence.

En revanche, SFR avait annoncé une nouvelle box TV Fibre très proche de celle de Numericable 15 jours à peine après la validation de la fusion des deux entreprises.

Un délai très court, trop selon les concurrents, pour mettre en place une telle opération.

Si l’Autorité de la concurrence parvient à démontrer que les discussions opérationnelles, commerciales ou techniques, entre Numericable et SFR ont bien démarré avant le 27 octobre, le groupe encourt une amende jusqu’à 5% de son chiffre d’affaires. Soit près de 650 millions d’euros si l’on retient le résultat 2014.

Un montant salé alors que, surendetté à hauteur de 11,6 milliards d’euros (sur les 19 milliards pour Altice), la nouvelle direction de Numericable-SFR court après les économies, notamment auprès de ses fournisseurs et des salariés.

Le respect des obligations de réserve n’est pas la seule affaire qui intéresse l’Autorité de la concurrence dans le fonctionnement de Numericable-SFR.

En début d’année, celle-ci soupçonnait l’opérateur de dégrader artificiellement la valeur d’Outremer Telecom avant sa vente obligatoire pour palier un risque de position dominante à Mayotte et La Réunion.

Si Numericable-SFR avait finalement fait marche arrière face aux risques d’invalidation de la fusion, l’Autorité de la concurrence n’a néanmoins pas clos l’enquête. Depuis, le groupe de Patrick Drahi a vendu sa filiale d’outre-mer au malgache Telma. Affaire classée ?

 

Crédit image : Minerva Studio – Shutterstock.com

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