Pessimisme sur l’avenir d’Apple

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Incroyable volatilité de l’esprit des analystes financiers ! Apple a indiqué que ses bénéfices seraient 10 % inférieurs à ses prévisions et les voilà qui hurlent à la mort, comme au bon vieux temps où ils enterraient déjà la firme de Cupertino. Les commentaires allant bon train, comment trancher le pour du contre ?

Souvenez-vous du début de l’année. Alors que la bourse sur Internet décolle (tout du moins en France), les entreprises de la nouvelle économie se prennent les « pieds dans le tapis » et les cours s’effondrent. De quoi refroidir n’importe quel petit porteur. Bulle spéculative, nous dit-on alors. Mais cela touche-t-il les entreprises bien ancrées dans l’ancienne économie, qui tirent également les marrons du feu de la nouvelle ? C’est le cas d’Apple, qui réalise une partie non négligeable de son chiffre d’affaires sur des ordinateurs, mais aussi sur des logiciels. Et sans doute à terme des services sur Internet. Les analyses vont bon train du côté des médias américains qui ont tôt fait de profiter de la faiblesse du cours de l’action de la firme de Cupertino (voir notre édition du 2 octobre 2000) pour lui tomber dessus à bras raccourcis.

A les entendre, Steve Jobs est le grand fautif de l’histoire, son comportement d’adolescent colérique n’étant pas compatible avec les affaires. Impossible selon eux de faire tourner une boîte et de conduire une entreprise comme on pilote une équipe de projet. Pourtant, on ne peut pas vraiment dire que les patrons précédents se soient illustrés pour leurs bons résultats.

L’un de ces commentateurs, le très célèbre Michael Malone, un spécialiste du magazine Forbes, n’hésite pas à penser que l’histoire d’Apple connaît un cycle, qui se répète sans fin. Le spécialiste de CNNfn, quant à lui, pense qu’il s’agit du début de la fin. Alors que croire ? Apple en si mauvaise posture que cela ?

C’est vrai, les ventes de l’iMac ont ralenti depuis le printemps (voir notre édition du 20 juin 2000). Vrai aussi, l’iBook a subi les mêmes problèmes de production que l’iMac (voir notre édition du 13 septembre 2000). Troisième point noir, le G4 Cube. De l’avis de tous, un très bel ordinateur, mais qui souffre d’un prix élevé et de quelques défauts de fabrication non compatibles avec son esprit « haut de gamme ».

Mais le problème principal pourrait venir des machines professionnelles. D’un côté, il y a le G4 multiprocesseur, une machine dont on ne pourra tirer pleinement parti que lorsque l’OS X sera sorti. De l’autre, le PowerBook, dont tout le monde attend le remplaçant. Conséquence, les machines qui permettent à Apple de dégager le plus de marge sont en panne.

Alors ? La relance, pour quand ? Difficile à dire, mais il est clair que les lignes de production sont désormais en mesure de fournir à plein les machines qui permettent généralement à Apple de faire un « carton » en fin d’année. L’iMac et l’iBook seront vraisemblablement les plus gros contributeurs. Le véritable changement ne pourrait venir qu’avec l’arrivée du nouveau système d’exploitation, dont l’esthétique a déjà séduit la plupart des commentateurs, et qui semble pouvoir se reposer très vite (peut-être même plus vite que prévu), sur une importante bibliothèque de logiciels venus du monde Unix ou Linux et du portage d’applications « carbonisées ». Alors, en panne Apple ? Un peu de tempérance, messieurs les analystes.