Piratage : dernier avertissement avant poursuites

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Les producteurs sont déterminés : après une ultime campagne d’information, ils s’apprêtent à poursuivre les internautes qui téléchargent illégalement des fichiers musicaux.

« Nous n’avons pas d’autre choix que d’attaquer les internautes mais avant, nous avons voulu les prévenir une dernière fois », résume Pascal Nègre à l’occasion d’une conférence de presse tenue le 4 mai au siège du Snep. Le syndicat des producteurs présentait une campagne d’avertissement sur les risques, pour l’internaute, de la piraterie en ligne : trois ans de prison et 300 000 euros d’amende au maximum. Affichages, spots radio et télé, distribution d’un livret pédagogique auprès du corps enseignant et de la jeunesse…, cette campagne dont le coût s’élève à 1 million d’euros vise à faire comprendre une fois pour toute que le piratage en ligne est un délit. « L’industrie est ferme et déterminée », lâche Gilles Bressand, le président du Snep.

Un secteur en mauvaise santé

Après des années d’hésitation, les producteurs de musique ont donc décidé de passer à l’action. « Nous attaquerons si rien ne change », explique Hervé Rony, le délégué général du Snep, « c’est-à-dire s’il n’y a pas de reprise des ventes de disques et d’effondrement du peer-to-peer. » Car les producteurs restent convaincus que l’échange illégal de fichiers en ligne est le principal facteur de décroissance du marché. « Il suffit de regarder les chiffres », estime Hervé Rony, « les courbes de la montée du haut débit et de la chute des ventes de disques sont en miroir. » Le Snep concède qu’il y a des phénomènes exogènes comme une mauvaise conjoncture, un déplacement des budgets vers la téléphonie, les DVD et l’informatique notamment. Mais les producteurs n’en démordent pas : la véritable cause de la mauvaise santé du secteur est le P2P.

Il est vrai que les chiffres sont mauvais. Sur les trois premiers mois de l’année, le marché du disque a chuté de plus de 21 % en valeur et plus de 20 % en volume. Sur l’année 2003, la baisse globale a atteint 15 %. Précisons que ces chiffres concernent le marché de gros, soit les ventes réalisées par les producteurs aux distributeurs et magasins. Seul le DVD musical progresse de manière impressionnante avec plus de 75 % de progression en volume. Mais les 2,4 millions d’unités vendues sont loin de compenser les pertes des CD, singles ou albums. Mais les chiffres ne comprennent pas les ventes légales en ligne. « Nous mettrons bientôt en place des outils pour mesurer les ventes en ligne », indique Hervé Rony. « Fin juin, il y aura une vraie offre légale », estime Pascal Nègre, faisant notamment référence à l’iTunes Music Store d’Apple.

Responsabilité des fournisseurs d’accès

Si les internautes sont pointés du doigt, les fournisseurs d’accès ne sont pas oubliés. « Les FAI se sont moqués de nous », lance Hervé Rony, « ils doivent désormais coopérer dans la lutte contre la piraterie. » La loi sur la confiance dans l’économie numérique (LEN) en cours de validation (voir édition du 9 avril 2004), qui impose un certain niveau de responsabilité aux FAI, devrait faciliter le travail des producteurs. « La LEN inverse les rapports de force », analyse Pascal Nègre, « elle va nous permettre de discuter sérieusement. Nous sommes convaincus que nous allons trouver rapidement un terrain d’entente. » Les fournisseurs d’accès auront-ils vraiment le choix ?