Polémique sur la qualité de la téléphonie mobile

Régulations

L’ART publie une enquête sur la qualité des réseaux de mobiles, dont l’Afutt réfute les conclusions, sans pour autant accabler l’ART.

Gardien de la qualité des réseaux, l’Autorité de régulation des télécoms (ART) publie une enquête sur la qualité de service des réseaux de téléphonie mobile. « Réalisée en concertation avec les opérateurs », cette enquête serait plus une étude qualitative de zones décenies qu’une étude exhaustive de la couverture française par les trois opérateurs. En contradiction flagrante avec les conclusions d’associations de consommateurs dont celles de l’Afutt, l’étude de l’ART conclut que « tout va bien ». L’Afutt estime qu’un tel rapport « doit être critiqué mais surtout pas brûlé. En clair, l’ART peut devenir progressivement un allié du consommateur et un contrepoids de taille face aux opérateurs.

Cette étude est un pied de nez contestable aux détracteurs des opérateurs qui estiment que la qualité des réseaux mobiles est médiocre en France, surtout dans certaines grandes agglomérations aux heures de pointe. « Il ne faudrait pas que la saturation devienne la norme en France et que l’on fasse croire à l’utilisateur qu’une technologie radio est forcément de mauvaise qualité », indique Bernard Dupré de l’Afutt. Qui, à Paris, n’a jamais eu de problèmes de disponibilité du réseau sur l’axe historique Concorde-La Défense ?

Autre exemple, moins connu, l’axe qui va de la Porte d’Italie à la place éponyme. Sur ce parcours, en générant des appels toutes les deux minutes, on se rend compte que 50 % d’entre eux n’aboutissent pas et que ceux-là ne débouchent pas forcément sur la messagerie. Pourtant, l’étude (réalisée par le cabinet Directique) a nécessité quelque 20 enquêteurs sur le terrain (certains piétons, d’autres, automobilistes, ou encore, en utilisateurs fixes). À la décharge de l’Autorité de régulation, le document reconnaît que la qualité s’est dégradée entre 1997 et 1998. S’affichant comme une évaluation de la qualité « telle qu’elle est perçue par les utilisateurs », cette enquête ne fait à aucun moment appel aux témoignages souvent accablants de ces derniers.

En province, l’étude ne se montre pas plus convaincante. Par souci d’équité, l’enquête n’a pas pris en compte les zones non couvertes par Bouygues Télécom, « petit dernier arrivé » sur le marché mais qui se targue aujourd’hui d’avoir une couverture nationale. Ainsi, impossible de savoir si, dans une zone assez vaste (un quart du territoire a tout bonnement disparu !), l’utilisateur aura une qualité acceptable sur son téléphone.

Dans les agglomérations, à en croire l’enquête, pas ou peu de problèmes, les trois opérateurs plafonnent entre 94 % et 99 % de satisfaction. Que demander de mieux ? « Il faudrait afficher les taux d’échecs plutôt que de réussite, faire mieux participer les opérateurs pour qu’ils aient la volonté de s’améliorer, et peut-être revoir l’exigence des standards imposés dans les licences », conclut Bernard Dupré.