Pourquoi la part de marché d’Apple fait-elle le yoyo ?

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La part de marché de la plate-forme d’Apple semble demander un recomptage de voix, si l’on en juge par le désaccord entre les deux sociétés d’études se chargeant de mesurer le secteur de l’informatique, IDC et Gartner. En dehors de la méthodologie retenue par les deux instituts, que faut-il lire derrière ces chiffres ?

Difficile de dire ce qui se passe actuellement concernant la part de marché d’Apple : selon IDC et Gartner Dataquest, qui ont rendu publics leurs résultats il y a peu (voir édition du 17 juillet 2003), elle se situerait entre 2 et 3 %. Pour IDC, Apple détiendrait 2,3 % de part de marché sur le dernier trimestre. Encore faut-il s’entendre sur la signification de ce chiffre : 2,3 % des ordinateurs vendus dans le monde. Un résultat en hausse de 0,3 % si l’on en croit les résultats publiés au dernier trimestre (et même de 0,5 % comparativement au dernier trimestre 2002), mais en baisse de 0,4 %, si l’on se réfère aux chiffres de l’année dernière… Gartner n’est pas d’accord, soulignant une baisse de 1,8 % des ventes de machines frappées de la Pomme, avec 447 000 unités commercialisées. Un chiffre qui se situe loin de celui publié par Apple (771 000 machines vendues d’avril à juin). Alors, que penser de la divergence de vues de ces deux organismes ? D’une part, les méthodologies retenues sont différentes : IDC indique se baser sur des entretiens avec les constructeurs et collecter les chiffres de ventes ainsi que des chiffres de distribution. Gartner, de son côté, affirme s’employer à recueillir les informations fournies par le marché tant du côté des fournisseurs que des distributeurs, afin de vérifier les chiffres de vente des canaux de distribution. Pour mettre tout le monde d’accord, certains analystes proposent de ne plus mesurer les parts de marché d’Apple et de Gateway, qui ne représentent plus qu’une part infime du marché de l’informatique.

Des nouveaux venus difficiles à quantifier

Reste la bizarre impression que la part de marché d’Apple fait le yoyo ! Elle est en constant déclin depuis 1992, date à laquelle Apple détenait 12 % du marché mondial de l’informatique, selon le site Pegasus3D, animé par un passionné, qui a compilé les informations fournies par les instituts de recherche depuis 1975. Passée de 9 à moins de 6 % entre 1996 et 1997, la part d’Apple tend vers les 2 % depuis. Mais les chiffres fournis par les instituts cachent un énorme mouvement sur la niche de marché détenue par la firme de Cupertino. Depuis 2000, la cible du Mac est constituée de deux populations : les utilisateurs de Mac OS Classic et les utilisateurs de Mac OS X (voir édition du 6 juin 2003). Les membres du premier groupe ne migrent pas forcément vers le second. Si cette remarque se révèle fausse pour le grand public, qui réagit plus au design des machines, une part importante des professionnels n’a pas encore adopté Mac OS X, notamment en raison de l’absence de machine jugée acceptable, mais aussi du retard de portage de quelques grands logiciels (voir édition du 11 juin 2003). De sorte que la part de marché d’Apple intègre, surtout depuis les versions les plus récentes du nouveau système d’exploitation, de nouveaux venus au Mac issus du monde PC. Ceux-ci s’avèrent très difficiles à quantifier : s’ils sont repérés aux Etats-Unis par le biais de sondages réalisés dans le réseau de distribution des Apple Stores, ils sont difficilement décelables dans le reste du monde. Observons toutefois que les chiffres tendent à montrer ce mouvement de flux migratoire. Notons aussi que l’absence d’offre d’ordinateur professionnel et l’attente d’un nouveau processeur ont sévèrement amputé les ventes d’Apple sur la dernière année. « En tout cas, cela ne nous a pas fait de bien », nous a précisé le directeur général Jean-René Cazeneuve récemment. « Nous attendons les résultats des ventes du G5 avec impatience. Cela semble se présenter plutôt bien. » Une résurgence devrait se faire sentir dès le prochain trimestre et surtout au dernier trimestre 2003, si Apple parvient aussi à mettre à jour sa gamme de machines grand public. A condition que la firme fasse des efforts intensifs de marketing pour modifier sa part de marché…