Pourquoi le PowerMac G5 est-il si peu cher ?

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Le G5 s’avère étonnamment peu cher… pour du haut de gamme ! Comment la firme à la Pomme a-t-elle obtenu pareils prix, sur une machine relativement novatrice ? Grâce à des coûts de production bas, fruits du partenariat avec IBM et de l’utilisation de technologies standard.

Les prix des PowerMac G5 d’Apple (voir édition du 24 juin 2003) sont particulièrement intéressants : entre 2 272 et 3 348 euros, alors que les dernières machines professionnelles étaient tarifées entre 1 793 et 3 348 euros. Autant dire que le prix du haut de gamme ne bouge pas, et que seuls les réductions sur l’entrée et le milieu de gamme s’apprécient, respectivement de 480 et de 120 euros. Pour qui suit la politique de la firme depuis des années, cette grille tarifaire s’avère suspecte ! Le tarif de l’entrée de gamme paraît élevé. La ventilation des coûts explique cette tarification. Une chose est sûre : au centre des enjeux se positionnent deux pièces de la machine : le processeur et le contrôleur système. Côté processeur, c’est IBM qui a fait le plus gros du travail. Apple a participé au bus. Le G5 est produit dans l’usine d’East Fishkill, dans l’Etat de New York (voir édition du 16 octobre 2002). Pour IBM, la rentabilisation de son usine nécessite une importante montée en volumes. Le processeur de la Nintendo, c’est IBM ; les premières puces Xilinx à 90 nanomètres, encore IBM ! Et il s’est engagé avec AMD sur la voie d’un partenariat également. Près de 50 ingénieurs de chez AMD doivent, à terme, rejoindre l’usine pour travailler sur de nouveaux processeurs (les designs des processeurs d’AMD sont habituellement réalisés en Californie). Cette chasse au client se comprend parfaitement : il s’agit en fait d’optimiser l’utilisation de la capacité de l’usine flambant neuve. Les quelque 3 millions de Mac vendus chaque année représentent autant de puces fabriquées, et autant pour atteindre le seuil de rentabilité ! Du coup, on peut s’attendre à une lutte à couteaux tirés pour décrocher ce marché. Une rumeur relayée par MacWhisper indiquait déjà début juin qu’IBM fournirait des processeurs entre 25 et 35 % moins chers que les G4. Sur la base des niveaux de vente moyens des PowerMac G4 obtenus ces dernières années, IBM peut espérer vendre à Apple entre 766 000 et 1,4 million de G5 par an. Jusqu’à la moitié du parc de Mac écoulé chaque année ! Du coup, les revenus annuels du G5 pourraient représenter jusqu’à 10 % du coût de l’usine d’IBM !

Un contrôleur système onéreux

Deuxième composant d’importance au sein des nouveaux PowerMac : le contrôleur système. Sorte de plaque tournante de l’ordinateur, il est lui aussi conçu dans le cadre du partenariat avec IBM. Cette pièce, entièrement nouvelle, coûte cher, car c’est elle qui donne accès à toutes les interfaces, mémoires, ports, trouvés sur la machine. Surtout, elle est chargée de faire sauter les goulets d’étranglement habituels en fournissant beaucoup de bande passante. Les autres technologies qui ajoutent aux coûts du G5 sont l’utilisation de la technologie PCI-X, de l’AGP 8x Pro, d’Hypertransport et de l’interface Serial ATA. Comptez aussi l’utilisation de la mémoire vive, qui augmente les coûts en raison de l’obligation de l’utiliser par paires. Implications directes de ces choix : l’augmentation des coûts par utilisation de technologies standard peu répandues. Mais l’adjonction d’un processeur supplémentaire ne représente pas un coût si important. Pour présenter un prix incitatif sur son entrée de gamme, Apple a utilisé un bus PCI au lieu du bus PCI-X, et fait quelques autres aménagements (mémoire DDR 333 MHz, limitation à 4 Go de RAM, disque dur de 80 Go…). Mais le résultat est là : cette machine biprocesseur offre un rapport innovation/coût bien plus attractif que les deux autres machines, en raison de son prix identique à l’ancien haut de gamme des G4 !