Power Mac G5 : une belle allure, vraiment ?

Mobilité

Apple a présenté ce lundi ce qu’il considère comme le plus puissant ordinateur personnel au monde. Le Power Mac G5, dont la cadence n’atteint pourtant que 2 GHz, écrase jusqu’aux puces Intel Xeon les plus rapides du marché. La bande passante développée sur le Mac s’avère inégalée pour l’instant et explique pour beaucoup les bons résultats obtenus. Les autres caractéristiques techniques les confortent.

Le petit plaisir de l’aficionado d’Apple à l’occasion des présentations de son patron : « one more thing ». Steve Jobs a renoué ce lundi avec ce gimmick, qu’il n’avait pas utilisé depuis de longs mois. Mais il y avait de quoi : Apple présentait ce qu’elle considère comme l’ordinateur personnel le plus puissant de la planète, la première machine 64 bits de la catégorie et le premier Mac à disposer d’une bande passante atteignant 1 GHz ! Le Power Mac G5 comble l’abysse qui séparait Mac et PC en termes de performances. Jobs et quelques représentants de différents éditeurs ont littéralement écrasé un PC fonctionnant sous deux puces Intel Xeon à 3,06 GHz. Et le Pentium 4 le plus rapide du marché ne s’en est pas remis lui non plus. De quoi poser des questions tant à Intel qu’à Microsoft (voir édition du 5 mars 2003).

Toutefois, s’il est vif, le nouveau Mac n’a pas vraiment fière allure ! Du moins au premier coup d’oeil ! Un grille-pain selon certains, un radiateur selon d’autres. Apple nous avait habitué à mieux. De face, l’ordinateur n’a l’air de rien. C’est sans doute de profil qu’il vaudra mieux l’exposer. Reste sa beauté intérieure, qui retiendra plus l’attention des utilisateurs. Et là, on peut dire qu’ils auront de quoi s’amuser ! Le PowerPC 970 d’IBM (voir édition du 16 octobre 2002) a reçu toute l’attention des concepteurs de la machine. Adieu par exemple la mémoire cache L3, absolument indispensable sur le G4 pour masquer son manque de bande passante : le PowerPC G5 dispose d’un bus de 800 à 1000 MHz (contre 167 sur le dernier G4). Adieu le goulet d’étranglement de l’interface des processeurs : on passe d’un seul bus partagé (pour les versions biprocesseurs) à deux bus indépendants ! Bonjour la bande passante disponible ! 16 Gbits/s contre 1,3 sur le G4. Et la mémoire vive maximale : elle passe de 2 à 8 Go, tandis que la vitesse d’accès augmente (sauf sur l’entrée de gamme), passant de 333 (en 64 bits) à 400 MHz (sur 128 bits) ! Et ce n’est pas fini : tant les graphiques, que le bus PCI sont survitaminés. Apple passe ainsi à l’AGP 8X Pro et adopte le PCI-X (sur les deux modèles supérieurs), faisant passer la fréquence de 33 à 133 MHz et gonfler les capacités d’accès de 266 Mo par seconde à 2 Go/s !

SuperDrive à tous les étages

Le reste de la machine est du même accabit : SuperDrive à tous les étages, cartes graphiques nVidia GeForce FX ou ATI Radeon 9600 Pro dotées de 64 ou 128 Mo de mémoire. Emploi de la norme Serial ATA pour les disques durs, qui disposent d’une bande passante de 150 Mo par canal (contre 100 Mo à se partager sur les derniers G4). Le Power Mac G5 qui intègre aussi l’USB 2.0, les Firewire 400 et 800 et des ports audio optiques est prêt pour Bluetooth (en option) et AirPort Extreme. En résumé, la machine se présente comme la réponse idéale aux marchés visés par Apple : arts graphiques, vidéo, recherche scientifique… Mais elle couvre désormais également des domaines où le Mac n’était pas à son avantage, comme les bases de données ou les jeux ! Il s’agit donc de la première brique d’une refondation de l’architecture du Mac. Et la gamme devrait rapidement évoluer : Apple et IBM se disent particulièrement impliqués dans l’opération et doivent fournir un processeur tournant à 3 GHz dans les 12 mois ! On sait d’avance qu’IBM jouera sans doute d’abord sur l’augmentation de la fréquence (des PowerPC 970 tournait déjà à 2,5 GHz en labos) avant de réduire la taille du processeur pour poursuivre l’augmentation de fréquence. Après, IBM dit avoir déjà travaillé à la prochaine génération qui devraient être dénommées PowerPC 980 (entendez G6, si Apple garde sa terminologie).

La stratégie PowerPC d’Apple semble donc désormais tenir la route et écarte toute idée d’un portage de Mac OS sur PC. IBM et Apple paraissent ambitionner de tenir leur position de challenger vis à vis du monopole numérique imposé par les Laurel et Hardy de l’informatique : Intel et Microsoft !