Processeur 64 bits : pour quoi faire ?

Mobilité

L’introduction de processeurs 64 bits dans les ordinateurs semble imminente. L’affaire ne devrait pas concerner les machines grand public, du moins dans un premier temps. En revanche, les ordinateurs à vocation professionnelle pourraient en être rapidement équipés. Quel bénéfice l’informatique tirera-t-elle d’une telle évolution ? Faut-il craindre des incompatibilités et se préparer à une nouvelle migration ? Voyage au coeur d’un futur proche?

De nouveaux processeurs 64 bits dans les ordinateurs, nous en évoquions l’imminence dans notre article d’hier. Si Intel n’a pas suivi cette voie de développement, il semble que l’arrivée de puces plus puissantes, architecturées de façon à gérer des instructions numériques plus longues, ne soient plus qu’une question de temps. L’hégémonie du célèbre fondeur PC pourrait d’ailleurs s’en trouver déstabilisée. AMD avec son Hammer (voir édition du 2 mai 2002), comme IBM avec son PowerPC 970 (voir édition du 16 octobre 2002) se sont engouffrés dans la brèche et développent ces processeurs destinés à de prochaines générations d’ordinateurs. Le PowerPC 970, fruit de 5 années de recherche chez IBM, serait celui qu’Apple semble sur le point de choisir. Cupertino ne s’est pas officiellement exprimé sur le sujet, mais la puce 64 bits IBM, moins chères que celle des concurrents, devrait permettre d’atteindre des niveaux de performance très importants tout en consommant peu, pour un dégagement de chaleur minime. Ces caractéristiques la rapproche de l’actuel G4 : à 1,2 GHz, le PowerPC 970 affiche 19 watts, contre 30 pour le G4+ tournant à 1 GHz ! Autant dire qu’il y aura, à terme, des PowerPC 970 dans les portables.

Cela dit, dans un premier temps, l’introduction de tels processeurs ne concernera sans doute pas le marché de l’ordinateur grand public. C’est du côté des stations de travail, des « grosses » machines et surtout des serveurs qu’ils devraient faire leur entrée. Grâce à ces puces à « sang froid », ils pourraient notamment rapidement entrer dans la composition de l’Xserve. Le Mac à base de PowerPC 970 se trouverait alors en concurrence avec les machines dotées de l’Itanium d’Intel . Et le marché de ce type de machines de s’en trouver chamboulé ! Il existe, en effet, plusieurs dizaines de milliers d’applications Unix 64 bits tournant sur PowerPC ! En 1996, IBM décomptait déjà près de 28 000 logiciels pour son mini ordinateur AS 400, construit, à l’époque, autours d’un PowerPC 64 bits baptisé AS A30 ! Une aubaine pour la Pomme qui trouverait là de nouveaux et sérieux arguments en faveur de ses solutions, plus performantes que jamais et sans doute pas beaucoup plus onéreuses que les actuels Power Mac.

Une accélération sans précédent des traitements.

Renouvellement des applications Mac à la clé ? Pas nécessairement ! La transition devrait même se faire en douceur, le PowerPC 970 ayant effectivement été conçu pour faire tourner les logiciels 32 bits d’aujourd’hui, qu’ils aient été écrits pour Mac OS 9 / Classic, ou pour Mac OS X. La nouvelle puce ne leur apporterait aucun bénéfice, aucun désavantage non plus ! En revanche, elle ouvrirait la porte à nombre d’innovations applicatives. Notamment dans le domaine de la vidéo : d’un point de vue technique, les processeurs 64 bits savent gérer beaucoup plus de mémoire que les actuels processeurs 32 bits. De 4 Go de mémoire vive, aujourd’hui, la RAM passerait à 18,44 millions de To (2 puissance 64) maximum ! Pour les professionnels (de la vidéo, des arts graphiques, des bases de données), les spécialistes des calculs complexes, la mise à disposition de cet espace-mémoire quasi illimité permettrait une accélération sans précédent des traitements. Enfin, pour Apple, le passage à une architecture 64 bits retournerait la situation : tous les processeurs 64 bits actuels tournent autour de 1 GHz, le PowerPC 970 affiche, lui, 1,8 GHz !