Publicité : des opérateurs mobiles tentés par un blocage ?

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Dans leur bras de fer avec les fournisseurs de services Internet, plusieurs opérateurs mobiles envisageraient de bloquer la publicité chez leurs abonnés.

Comment gérer la bande passante ? Qui doit contribuer au financement des infrastructures réseau (data centers, interconnexions) ?

Patate chaude dans le débat autour de la neutralité du Net, la question des rapports entre opérateurs télécoms et prestataires de services en ligne risque de revenir sur la table dans les prochains mois.

Tout du moins à croire le Financial Times, auquel un FAI européen a confié son intention de bloquer, chez ses clients mobiles, les contenus à caractère publicitaire ; et ce « avant la fin de l’année ».

Ledit opérateur affirme avoir installé, dans ses data centers, un logiciel « de type AdBlock » capable de bloquer, sur les pages Web et les applications, la plupart des publicités à l’exception de certains formats, natifs essentiellement (par exemple dans les fils Twitter et Facebook).

Cette technologie est développée par l’entreprise israélienne Shine, qui compte parmi ses investisseurs le milliardaire chinois Li Ka-shing (propriétaire du groupe télécoms Hutchinson Whampoa)… et qui dit travailler sur ce bloqueur de pub avec « plusieurs références mondiales », dont l’une comptant « près de 40 millions de clients ».

L’opérateur européen qui a témoigné auprès du Financial Times évoque pour sa part un service « gratuit » fondé sur le principe de l’opt-in : ce serait donc à l’utilisateur de l’activer.

Un déploiement global avec activation par défaut n’est toutefois pas à exclure au vu de l’objectif avoué de la démarche : convaincre les groupes Internet de partager une partie de leurs revenus publicitaires (60 milliards de dollars par an pour le seul Google).

Une solution « intermédiaire » consistant par exemple à bloquer la publicité pendant quelques heures chaque jour pourrait aussi être retenue, l’important étant « d’ouvrir la table des négociations ».

Pour Google, une telle initiative n’est pas raisonnable : les utilisateurs finaux achètent aux opérateurs l’accès aux services et contenus fournis par les éditeurs, lesquels se financent notamment par la publicité pour soutenir des investissements importants en infrastructure afin d’héberger et de diffuser leurs propres contenus et services.

Le groupe Internet de Mountain View serait le premier visé par cette fronde des opérateurs. Il avait déjà dû faire face, début 2013, à une alerte en France : au moyen d’une mise à jour de ses box ADSL Révolution (v6), Free avait subitement bloqué la publicité.

La filiale d’Iliad avait rapidement fait machine arrière après conciliation avec les éditeurs, annonceurs et diffuseurs sous la houlette de Fleur Pellerin, alors ministre déléguée à l’Économie numérique.

En toile de fond se posent des enjeux quant à la pérennité du modèle économique de nombreux sites Internet qui vivent de la pub. D’autant plus que la justice allemande vient de déclarer légal l’usage d’AdBlock Plus. Une décision qui pourrait faire jurisprudence à l’échelle européenne.

Crédit photo : Anatoli Styf – Shutterstock.com

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