Quand la Pomme se fournit en Asie

Cloud

Les rumeurs les plus folles désignent l’Asie du Sud-Est comme le terrain de jeu favori d’Apple pour ses approvisionnements. La firme de Cupertino serait en train de préparer 2002 avec Taiwan mais aussi avec la Chine. L’entreprise californienne mise sur la baisse des coûts, l’augmentation de la productivité et les perspectives de croissance de la zone pour soutenir sa reprise. Etat des lieux.

Apple semble présente partout en Asie. De Digitimes au quotidien Taipei Times, certains des principaux observateurs du secteur de l’électronique asiatique font état de mouvements et de rumeurs concernant la firme à la Pomme. La société pourrait acheter pour 3 milliards de dollars de composants à Taiwan cette année et étendrait ses achats auprès des industriels de l’île en 2002. Apple serait également en train de préparer la montée en force de son équipe d’achats à Shenzhen – une ville de République populaire de Chine sur la frontière avec Hong-Kong – pour la faire passer de vingt à trente personnes. Il s’est également dit dans les cercles industriels asiatiques que le constructeur de Mac aurait pu transférer une partie de ses commandes de PowerBook de Quanta (voir édition du 13 avril 2001), son fournisseur actuel, à Compal Electronics, un autre fabricant de portables. Mais l’information a presque immédiatement été démentie, laissant à Quanta la charge de la totalité des quelque 300 à 500 000 portables fabriqués annuellement pour la Pomme, soit 68 % des portables professionnels d’Apple.

Apple se fournit principalement en composants dans la zone sino-asiatique en raison des compétences poussées des entreprises de cette partie du cercle Pacifique et des coûts de revient particulièrement bas offerts par les entreprises locales. Les industriels taiwanais sont spécifiquement en mesure de sortir de nouveaux modèles en six à neuf mois, contre douze pour le Japon et plus d’un an aux USA. Apple poursuit depuis maintenant deux ans une politique de sourcing dite de recherche du « coût asymptote instantané global », qui fait que l’industriel est entraîné dans la prospection du meilleur coût de revient, tout compris, au niveau mondial. Une quête destinée à concurrencer les PC sur leur propre terrain et à poursuivre la maximisation de sa marge. A Taiwan, Apple dispose par exemple du sous-traitant fournisseur de ses iBook, pour le monde entier, Alpha-Top. Celui-ci doit lui permettre d’offrir pour ses machines le meilleur rapport qualité/prix du marché grâce à une politique de réduction drastique des coûts de production initiée par son nouveau propriétaire, le fabricant de composants Elitegroup (voir édition du 16 août 2001). Alpha-Top dépassera pour la première fois en 2001 le million d’unités selon des pronostics internes à ce fournisseur, en raison du succès très (trop ?) important de l’iBook (voir édition du 9 juillet 2001). Sur les dix premiers mois de l’année, Alpha-Top aurait produit 930 000 portables et devrait en écouler 170 000 sur la fin 2001 ! Apple, son plus gros client, représenterait 85 % du total avec près de 935 000 machines en 2001 ! Le succès des appareils électroniques portables ne semble pas s’arrêter là, puisque l’iPod, lui aussi produit dans la région, serait en train de se vendre comme des petits pains, si l’on en croit les premiers rapports non officiels. Les efforts de réduction de coûts de production devraient toucher également cet appareil courant 2002.

Un pari asiatique risqué ?

La stratégie asiatique d’Apple va-t-elle l’aider à atteindre l’objectif de 10 % de parts de marché d’ici cinq ans qu’elle s’est fixé ? La firme semble y croire, Steve Jobs ayant indiqué que la région Asie-Pacifique était celle dont la croissance est la plus importante pour Apple. La firme, en s’appuyant sur Quanta pour les PowerBook, Alpha-Top pour les iBook mais aussi sur Foxconn Electronics pour les iMac, Universal Microelectronics pour les produits Airport et Inventec Appliances pour l’iPod (voir édition du 5 novembre 2001) réalise en tout cas un coup de force taiwanais qui n’est pas sans risques. L’île, si elle propose les meilleurs coûts industriels du moment, a contre elle sa position géographique propice aux tremblements de terre et aux intempéries virulentes. Sans compter les effets des tensions politiques de sa rivalité avec sa grande soeur chinoise. Un risque qui semble devoir être réduit avec le temps, au gré des accords trilatéraux Chine-Taiwan-Etats-Unis (voir édition du 2 janvier 2001), et qu’Apple semble prête à prendre pour briller à nouveau.