Quand l’ASP tourne à l’infogérance

Mobilité

En changeant de nom, Global Service Provider (anciennement Global ASP) cherche à se positionner comme un acteur complet de l’externalisation. Au mot ASP, on préfère désormais celui de FSP pour Full Service Provider. Toutefois, face à l’arrivée des télécoms et des éditeurs de logiciels, la société aura peut-être du mal à imposer son système, d’autant que les analystes estiment que l’heure n’est pas aux offres généralistes. Une vision que conteste Jean Collet, directeur général de Global Service Provider. Au delà de la présentation de ses nouveaux services, il évoque les limites de l’externalisation.

VNUnet : Un peu plus d’un an après la création de Global ASP, vous changez de nom et offrez de nouvelles briques à votre offre. Le modèle ASP va-t-il si mal ?

Jean Collet :On ne peut pas vraiment dire qu’il va mal. En revanche, il est vrai que cela prend du temps pour démarrer. Ce n’est toutefois pas une remise en question du modèle de location d’applications, et certainement pas pour nous. Seulement, au vu des solutions que nous offrons ou que nous voulons offrir, nous nous sentions à l’étroit sous la dénomination ASP. Le nouveau nom Global Service Provider permet de refléter l’ensemble de nos offres. L’offre initiale qui faisait de nous un acteur « pur ASP » ne constituait que la première pierre d’un édifice qui doit à terme nous permettre de couvrir l’ensemble des besoins informatiques d’une entreprise. La faiblesse du marché n’a rien à voir avec notre offre plus étendue. Le nouveau nom avait d’ailleurs été déposé dès mars 2000. Seulement, il est vrai que nous ne pensions pas amorcer cette évolution si rapidement. VNUnet : Quelles sont vos ambitions ?

Jean Collet :A côté de nos offres d’hébergement d’applications de type messagerie ou bureautique, nous avons cherché à proposer aux entreprises une offre d’infogérance complète de leur informatique. Quel est le besoin des entreprises aujourd’hui ? Tout simplement de se décharger d’un certain nombre de tâches ne relevant pas de leur coeur de métier, ou bien étant trop lourdes et complexes à gérer en interne. Ce besoin dépasse largement le simple cadre de la location d’applications via Internet. Aussi, nous voulons leur proposer un ensemble de services qui s’apparente à ce que l’on connaît déjà sous la dénomination d’infogérance. Désormais, nous proposons aux entreprises des services hébergés dans les domaines informatique, réseaux et sécurité.VNUnet : Plus concrètement, peut-on connaître le détail de vos nouveaux services ?

Jean Collet :La conséquence directe de ce positionnement sur un modèle d’infogérance, c’est que nous nous engageons à reprendre toute l’informatique de nos clients même si certaines applications ne sont pas standard. Il nous est d’ailleurs possible de proposer une maquette de cette application. Le client peut alors la tester et la comparer avec la sienne qui tourne en interne sans prendre de risque. Si l’application est propriétaire, nous nous proposons alors

de l’héberger tout en garantissant un service de maintenance. Outre cette offre d’hébergement, nous proposons toujours la location d’applications qui s’enrichit de plus en plus. Ainsi, nous sommes dorénavant en partenariat avec ISO pour une offre de CRM.

Parmi les nouveaux services, nous assurons les passerelles de communication, que ce soit autour de la messagerie unifiée ou de l’accès sécurisé à Internet, mais aussi des offres de sauvegarde de données et de stockage en ligne. Par ailleurs, nous proposons des solutions de sécurité au travers des modules d’authentification forte ou de firewall. Prochainement, nous devrions nous positionner aussi sur le domaine de la téléphonie sur IP. Il s’agira alors de remplacer le standard téléphonique par des applications Web tournant sur un serveur.VNUnet : En devenant généralistes, vous semblez aller à contre-courant des analystes de ce secteur qui estiment que seuls les ASP positionnés sur des secteurs spécifiques survivront…

Jean Collet :Je n’ai pas la prétention de tout faire. Pourtant, notre offre globale permet à nos clients d’avoir un seul interlocuteur. Je n’imagine pas une PME héberger sa messagerie chez Interliant, son logiciel SAP chez Atos Origin et toutes ses autres applications chez un acteur différent. Si un acteur n’a qu’une offre partielle, il a donc moins de poids et ne pourra être convaincant. La PME a besoin d’avoir une stratégie globale.VNUnet : Mais entre être un interlocuteur unique et avoir une offre généraliste, il y a une différence…

Jean Collet :Comment voulez-vous garantir une offre à votre client si vous ne maîtrisez pas l’ensemble des architectures ? Avant tout, je vends de la confiance, et cela ne peut marcher que si je suis responsable de l’ensemble de la chaîne. C’est aussi pour cela que nous avons ouvert un data center de 800 mètres carrés à Paris. C’est certes une surface moins importante que les milliers de mètres carrés de certains opérateurs. Mais l’important n’est pas là. La clé de l’externalisation réside dans la qualité de service.VNUnet : Justement certaines sociétés ont peur de perdre le degré de réactivité qu’elles possèdent en interne (voir l’interview de la semaine dernière)…

Jean Collet :Les PME, cibles des acteurs ASP, n’ont souvent en interne, dans le meilleur des cas, qu’un informaticien, dans le pire des cas, elles n’en ont pas du tout. Imaginons qu’elles en ont un, encore faut-il que cet informaticien ait le temps et les moyens d’effectuer les réparations. Mais en aucune façon, la PME ne pourra avoir en interne une équipe d’informaticiens sept jours sur sept. Aujourd’hui, un acteur qui héberge les applications d’une entreprise met en oeuvre des moyens largement supérieurs à ce que pourra jamais déployer une entreprise à elle toute seule. Je n’ai aucun problème pour remplacer dans un court délai un serveur qui brûle dans mon data center. Je ne suis pas certain que la PME pourra en faire autant.VNUnet : Vous vous définissiez comme un vendeur de confiance. C’est pourtant sur le point de la sécurité que nombre de sociétés refusent d’externaliser leurs données…

Jean Collet :C’est un sujet totalement subjectif. On aura beau passer des heures avec un client, lui démontrer les solutions de chiffrement, de cryptage, rien n’y fera sauf si entre lui et moi, se trouve cette notion fondamentale de confiance. Aujourd’hui, tout le monde met son argent en banque, sans avoir peur. L’entreprise dépend entièrement de l’électricité, pourtant le courant n’est pas produit en interne. L’externalisation des données est pourtant exactement la même chose. Aujourd’hui, il n’y a rien craindre. Les données ne font que transiter sur un lien intranet en lui et nous. C’est une ligne qui lui est dédiée. Il n’y a aucun lien avec l’extérieur. Et si le client veut avoir un accès à Internet, il le fait en passant par nous.VNUnet : Les derniers chiffres d’IDC US montrent que seulement 4 % des applications hébergées sont des ERP. Lorsque vous dites vouloir externaliser l’ensemble de l’informatique d’une entreprise, cela signifie-t-il aussi externaliser l’ERP ?

Jean Collet :Il est tout à fait possible d’externaliser l’ERP. Toutefois, si l’externalisation de l’ERP est si marginale, c’est tout simplement parce que les économies réalisées par l’entreprise ne sont pas vraiment significatives. Généralement, on estime que pour 1 franc d’investissement dans un ERP, il en faut 5 à 8 pour tout ce qui est paramétrage et intégration. Malheureusement, l’ASP n’apporte ici aucune réponse car, que ce soit chez le client ou chez l’hébergeur, il faut toujours implémenter l’application.