Quand le patron de Microsoft nargue Sun

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Les dirigeants des sociétés leaders de l’industrie informatique sont également de fortes personnalités. Steve Ballmer l’a une nouvelle fois prouvé en répondant plutôt vertement aux idées avancées la veille par Scott McNealy.

Le symposium ITxpo organisé par le cabinet d’étude Gartner est l’occasion pour de grands patrons de l’industrie informatique d’exposer leur vision générale de leur métier… et aussi de railler celle de leurs concurrents. Steve Ballmer, PDG de Microsoft, ne s’en est pas privé lors de son intervention d’hier, attaquant frontalement Scott McNealy, patron de Sun. Ce dernier avait en effet déclaré la veille que « le logiciel n’était qu’une fonctionnalité du matériel, mais pas une industrie. » Pour Scott McNealy, nous allons vers un monde tout en réseau. Et son travail est de fournir des « boîtes noires » qui doivent être capables de fonctionner 24 heures sur 24 sans que personne ne sache ce qu’il y a dedans.

« C’est une des choses les plus stupides que j’ai entendues », a rétorqué Steve Ballmer. « Voilà une bonne raison d’éviter d’avoir recours à Sun. Même des sociétés comme EMC [leader mondial du stockage, Ndlr] savent que leur réelle valeur ajoutée se situe dans le logiciel. 75 % de leur force d’ingénierie est employée au développement logiciel. Sun n’a rien compris », a-t-il asséné. Et de continuer en défendant pied à pied le modèle de développement de logiciels et de vente de licences que Microsoft suit depuis ses débuts.

« Si nos logiciels ont de la valeur [en rapport avec le prix demandé], les gens continueront de les acheter », a-t-il également répondu aux analystes du cabinet Gartner qui lui demandaient pourquoi les logiciels Microsoft étaient si chers et continuaient d’augmenter. Que les utilisateurs continuent de les acheter tout simplement à cause de la position de quasi-monopole de l’éditeur de Redmond dans le domaine de la bureautique par exemple, n’a tout simplement pas été évoqué.

On attendait également que Steve Ballmer précise la position de Microsoft vis-à-vis de Linux, en réponse notamment aux assertions de Sun à ce sujet (voir édition du 18 octobre 2000) et aux critiques de la PDG d’HP (voir édition du 17 octobre 2000). Il n’a finalement fait aucun commentaire. Il a simplement indiqué que sa société s’engageait à respecter les standards ouverts, tel le XML, dans ses produits, mais qu’il n’était pas question qu’elle partage ce qui touche à sa propriété intellectuelle. Bref, il faut comprendre que l’adoption par Microsoft du modèle du code source librement distribué n’est pas pour demain.