Quand Steve Jobs chauffe la salle

Mobilité

Pire que des adolescents, les spectateurs du discours de Steve Jobs ! Ils viennent pour être surpris, mais sont déjà conquis. Ils s’agitent, crient leur admiration. Plus qu’un patron de société, Jobs est un vrai gourou. Retour sur les lieux?

Secret de mise au point, secret sur les images, secret sur les caractéristiques techniques, secret de fabrication. Tous les moyens sont bons pour Apple pour préserver la surprise : services de sécurité musclés devant les usines, fausses rumeurs, silence radio. La discrétion est partout. ATI ne l’a pas respecté. Le fondeur de la nouvelle puce graphique « Radeon », installée sur le Mac, a dévoilé 2 jours avant Steve Jobs le contenu de sa présentation : un iMac et 2 PowerMac (voir édition du 18 juillet 2000). L’iCEO d’Apple n’est pas près de leur pardonner. Il n’a pas dit un mot sur la puissance graphique de ses nouvelles machines. Tout juste a-t-il glissé négligemment que l’iMac avait une carte ATI Rage 128 pro. Les collaborateurs d’ATI font grise mine. « Ils ne sont pas prêts de faire la même erreur à nouveau », glisse un membre de l’équipe d’Apple. Mais le client Mac n’est vraiment pas là pour la dispute : il vient voir l’iCEO d’Apple comme on va chez Disney, dans une pagaille indescriptible et sûr d’en avoir pour son argent ! Il vient s’amuser, il veut se sentir « chez lui chez Steve », et il est prêt à payer cher pour tout cela ! Il suffit de le faire rêver !

prêt à payer cher pour tout cela ! Il suffit de le faire rêver !

Et Steve Jobs sait y faire : au pas de charge, il fait la revue de détail des nouveaux produits, des nouvelles fonctionnalités, des nouveaux logiciels, des nouveaux prix, des nouvelles couleurs. Des « pretty cool » (très cool) par-ci, des « remarkable » (remarquable) par là, « ultimate » (ultime) ceci, « technical beauty » (beauté technologique) cela. Une blague jetée à la cantonade : « Oh mon dieu, Apple est passée d’une souris à un bouton à une souris sans bouton » ! Le show est rodé…

Les rires fusent, les acteurs s’activent sur scène. Phil Schiller, le responsable marketing international d’Apple, est chargé des cascades les plus périlleuses : cette année, il met en concurrence un PC à 1 GHz et un Mac G4. Quel tricheur ce Schiller, il a oublié la glace pour refroidir le Pentium III ! Ou encore : il fait du montage vidéo professionnel sur G4 multiprocesseurs au travers d’un réseau Ethernet à 1000 Mbits par secondes. Pour les néophytes, cela correspond à télécommander une centrale nucléaire depuis son salon au travers du réseau haute tension d’EDF !

Apparaissent les témoins ! Steve Jobs cultive ces interventions. Le scientifique d’abord, qui rappelle qu’il y a 5 ans, il travaillait sur des supercalculateurs qui avaient la taille d’une machine à laver et la puissance du G4 Cube. L’ingénieur, qui avoue que l’impression que lui donne cet ordinateur, lorsqu’il en extrait le coeur technologique, c’est de désamorcer une arme atomique, comme dans « Mission Impossible ». Le créatif qui admet qu’il a beau chercher ce qui peut manquer à cette machine, il est encore en train de chercher…

Et puis viennent les « Gigs » ! L’iCEO de la firme de Cupertino ne peut s’empêcher d’employer les superlatifs : le premier ordinateur à faire ceci, la première fois qu’une société d’informatique fait cela, l’unique au monde, la seule sur terre.. Il s’appuie sur la technologie… Chez Apple, tout est « Giga » (prononcez « guiga »). L’Ethernet, le nombre d’opérations par seconde, la mémoire, la capacité des disques durs… Comment voulez-vous rester insensible ? Des surprises comme s’il en pleuvait, l’Etoile Noire qui s’est laissée une nouvelle fois détruire, et le ticket caché sous le siège qui donne droit à la nouvelle souris optique gratuite à la sortie ! Direction eBay, on devrait pouvoir en tirer un bon prix aux enchères en ligne ! Enfin, on en a pris « plein les mirettes »…

Pour en savoir plus :

* La présentation de Steve Jobs

* MacWorld vu d’Apple

* Souris optique aux enchères sur eBay