Quark : poids mort de Mac OS X

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Accusé d’être le responsable de tous les maux depuis qu’il traîne à migrer sous le nouveau système d’Apple, l’éditeur d’XPress est clairement pointé du doigt : le frein des ventes de Mac professionnels, c’est lui, le passage trop mou des entreprises à Mac OS X, encore lui? Mais à quoi joue donc le spécialiste du prépresse à l’heure où Apple entend abandonner Mac OS 9 comme système principal ?

Décidément, Quark doit avoir les oreilles qui sifflent ! Le 7 janvier dernier, c’est Steve Jobs en personne qui avait ouvert le feu sur l’éditeur d’XPress : « La migration vers Mac OS X est pratiquement terminée. Il reste certes encore un ou deux grands logiciels à sortir, des traînards, et nous savons tous de qui je veux parler ». Pas, l’ombre d’un doute, c’est Quark qui venait d’être désigné et, si elle commençait, la série n’allait pas s’arrêter là. Lors d’une présentation intitulée « la puissance X », ce fut au tour du directeur marketing de la firme d’en rajouter une couche, avant que le directeur financier, Fred Anderson, le 15 janvier, (voir édition du 16 janvier 2003),enfonce le clou : « Nos ventes de Power Mac ont connu une chute de 25 % et si la conjoncture économique y est pour beaucoup, nous pensons que nos clients attendent la disponibilité d’une version Mac OS X d’XPress pour mettre leur système à jour. » Même si Apple a beau jeu de faire porter le chapeau à Quark sans évoquer ses propres déficiences (faible valeur ajoutée des derniers Power Mac, prix de vente peu concurrentiels),elle affiche clairement sa colère ! Il faut dire que le spécialiste de la maquette, absent de la dernière édition de Macworld Expo, s’avère particulièrement en retard en ce qui concerne le portage de son application. A tel point que dans le publishing, les questions fusent. Et Scott Kelby, du magazine Mac Design, de s’interroger sur l’avenir même d’XPress dont il compare le parcours à celui d’Aldus PageMaker.

Rappelons-nous : en lançant le premier Mac en 1984, Apple inventait le Desktop publishing. Au milieu des années 90, Windows lui emboîtait le pas et entraînait certains des éditeurs pionniers du domaine dans son sillage. Aldus PageMaker en fût et mal lui en pris. Affaibli par l’énergie employée au portage sous Windows de son logiciel, il devait se faire déborder par Quark et son XPress. Quinze ans plus tard, c’est au tours du second, cette fois, de traverser la tourmente. Focalisé sur les services Web, Quark paraît, en effet, avoir oublié une règle élémentaire, celle qui l’oblige à coller au plus près des évolutions des systèmes qui le supportent et, plus précisément, de celui qui domine toujours le secteur : Mac OS.

Résultats : la fuite de la clientèle Quark semble s’accélérer, les propriétaires de magazines commençant à partager leurs expériences de transition vers l’application concurrente, Adobe InDesign. « Il y a 50 Mac que je ne peux pas acheter à cause de Quark, nous confie un chef d’entreprise, j’ai le budget, mais comment expliquer à mes designers, tous prêts à utiliser les dernières mises à jour d’Illustrator ou de Photoshop, qu’ils devront désormais perpétuellement passer d’un OS à l’autre, juste pour XPress ». L’homme n’est bien évidemment pas le seul et les témoignages de ce genre ne cessent d’augmenter (voir édition du 13 décembre 2002). Tous soulignent que l’absence de version X d’XPress empêche une mise à jour bien plus globale : celle de toutes les applications d’ores et déjà prêtes à tourner sous le nouveau système. De là à dire que Quark est l’empêcheur de tourner en rond, il y un pas que bien du monde franchit allègrement et cela pourrait coûter cher à l’éditeur, trop sûr de sa position dominante. Certes, une rumeur fait bien état d’une version Alpha d’XPress sous Mac OS X circulant auprès de testeurs mais personne n’est en mesure de la confirmer. En attendant, Quark se contente de brader son application (la mise à jour 5.0 se négocie actuellement à 50 % de son prix). Pour éviter l’hémorragie ou pour solder les comptes ?