Quel marché pour les mobiles Internet ?

Régulations

Opérateurs de télécoms, équipementiers et géants de l’informatique se lancent dans la course aux produits et aux services sans fil, entraînant dans leur sillage une nuée de start-ups. Mais le public et les entreprises sont-ils prêts à suivre ?

Depuis peu, l’usage des communications Internet sans fil a connu une explosion considérable grâce à l’e-mail et à l’accès distant, auprès des intranets en entreprise ou vers Internet. Les modèles de téléphone sans fil ou d’assistants numériques connectés se sont multipliés, si bien qu’aujourd’hui un large éventail d’entreprises tente d’accéder au nouvel eldorado de la connexion mobile. Des acteurs poids lourds comme Microsoft, IBM avec sa division Lotus ou encore Oracle côtoient sur ce nouveau terrain des start-up plus modestes comme Proxinet ou AvantGo. Cette effervescence a même conduit le cabinet de recherche IDC à prédire que vers 2002, plus de 55 millions d’appareils mobiles seront en circulation. Pourtant, transformer le monde pour le rendre « sans fil » se révélera plus compliqué qu’il n’y paraît.

D’abord, les difficultés sont d’ordre technique, pour des raisons de débits et de compacité. Comme l’explique l’analyste Alan Reiter, « ce que l’on est en train de faire revient à prendre un chausse-pied pour faire passer des informations issues d’un gros tuyau vers un système relié par quelque chose ressemblant davantage à un brin de paille ». De plus, il reste à séduire une nouvelle clientèle. Microsoft, qui investit beaucoup sur le secteur mobile à travers le système allégé Windows CE, a été contraint de revoir sa stratégie de communication sur les assistants PC Pro afin de gommer plusieurs idées reçues sur son produit et éclairer le public sur son réel intérêt. Malgré un marketing musclé appuyé par plusieurs constructeurs, les ventes de terminaux Windows CE se sont révélées très décevantes.

Autre difficulté, la multiplication des solutions propriétaires ou des « standards » non compatibles pourrait freiner l’essor des appareils sans fil. La liste des constructeurs actifs chacun de leur côté est déjà longue. Sous le nom de code Projet Panama, Oracle développe sa solution logicielle de transfert de données pour transformer les pages Web au format HTML ou XML en contenu consultable sur un assistant numérique. Microsoft et Qualcomm font de même pour Windows CE exclusivement. Sun Microsystems s’est associé au consortium Symbian (réunissant Ericsson, Motorola et Nokia) pour proposer des téléphones mobiles compatibles Java. Sans oublier les technologies des jeunes sociétés Proxinet ou AvantGo capables de traduire du contenu Internet pour l’adapter à un format embarqué. Bref, un déluge de solutions sera proposée au public qui devra faire son choix. Mais il y pire encore : malgré cette activité débordante, rien ne garantit que ces produits sans fil apporteront aux responsables réseau des nouveaux services à la fois utiles et de qualité.