Quid du stock des futurs Power Mac ?

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La question doit hanter les nuits de Timothy Cook, le vice-président chargé de la chaîne d’approvisionnement d’Apple : le niveau de l’offre d’Apple sera-t-il suffisant pour répondre à une demande qui risque fort de submerger la firme ? L’arrivée d’un nouveau modèle fait craindre le pire : la rupture de stocks…

Le premier Mac à ne pas être produit par Apple dans son usine californienne de Sacramento ou sur sa chaîne irlandaise de Cork sera sans doute le prochain Power Mac. La firme à la Pomme a engagé depuis quelques années l’externalisation de sa production vers une source unique : Taiwan. C’est de là que proviennent la quasi-totalité de ses machines actuelles (les Power Mac sont eux toujours assemblés à Cork). Si seuls les portables étaient produits par des sous-traitants locaux il y a deux ans tandis que la production d’iMac restait assurée à travers le monde chez Apple ou d’autres sous-traitants (voir édition du 16 novembre 2000), aujourd’hui tant l’iMac que l’iPod sont mis en forme en Asie (voir édition du 10 décembre 2001). En fait, la tendance, initiée par les industriels locaux, est désormais à l’emploi de ressources de production chinoises (voir édition du 29 novembre 2001). Ce qui a fait dire aux dirigeants d’Apple lors de la dernière assemblée des actionnaires qu’ils étaient préoccupés par la propagation de l’épidémie de pneumopathie atypique. Apple n’est pas la seule à se trouver dans cette situation : tous les constructeurs informatiques font réaliser une très grande partie de leur production d’ordinateurs dans ce coin du globe. Si par malheur survenait une extension rapide de l’épidémie, elle pourrait même affecter la production des machines. Seule la ligne de Xserve pourrait actuellement résister à un ralentissement de la production : Apple la maîtrise dans ses deux dernières unités de production. Mais pour Tim Cook (voir édition du 24 août 2000), le vice-président d’Apple chargé de la production et de la vente mondiale, la corrélation entre cette épidémie – essentiellement localisée sur la zone d’implantation des fournisseurs de Mac – et la montée en puissance d’une demande pressante pourrait tourner au cauchemar ! Un carnet de commandes rempli à ras bord d’un côté et une insuffisance de production de l’autre. Apple s’avère coutumière du fait : sur bon nombre de ses dernières machines, la demande a augmenté sans discontinuer alors que les unités n’ont pas pu être livrées en temps et en heure, souvent pour des problèmes de montée en puissance des lignes de production des sous-traitants. Ce fut le cas pour l’iMac G4 (voir édition du 28 février 2002), dévoilé début 2002 et dont le retard de livraison n’a pu être rattrapé qu’au milieu de l’année. Ce fut encore le cas très récemment avec le PowerBook 17 pouces (voir édition du 20 février 2003), qui n’a rencontré son public que plusieurs semaines après la date de livraison initialement annoncée et pour lequel certains clients restent encore en situation d’attente.

Quel successeur pour le G4 ?

Le cafouillage de ces lancements pourrait atteindre son apogée avec celui, attendu en juin prochain, d’une révision majeure du Power Mac, doté du processeur annoncé en octobre dernier par IBM : le PowerPC 970. La raison en est fort simple : le successeur du G4 est désormais attendu depuis de longues années. En fait, tout le monde s’attendait à voir apparaître le fameux G5 rapidement après octobre 2001 (voir édition du 12 octobre 2001). Le lancement du processeur – qui devait être produit par Motorola – aurait d’abord été retardé de trois puis de six mois, pour être unilatéralement annulé en février 2002 par le PDG du fondeur, selon les dires du site Macrumors. Une telle décision était en fait prévisible depuis le mois d’août 2001 (voir édition du 27 août 2001). Reste qu’Apple n’a toujours pas déterminé quel serait le successeur de son actuel processeur, dont les observateurs s’accordent à dire que, s’il reste performant dans certains domaines (notamment grâce à l’utilisation de son moteur vectoriel), il se révèle un peu faible sur d’autres fonctions. Du coup, la présentation, un an après les bruits d’arrivée du G5, du PowerPC 970 (voir édition du 16 octobre 2002) et l’accumulation de rumeurs qui s’est ensuivie n’ont pas manqué d’avoir un triple effet : une impatience accrue chez les utilisateurs, une baisse des ventes des Power Mac actuels et la montée au créneau des dirigeants d’Apple pour justifier leur choix du G4. Mais dans l’antichambre de l’actualité, le téléphone arabe a plutôt tendance à souligner la volonté farouche d’Apple (et surtout de Steve Jobs) de se désengager rapidement du G4 : dans moins d’un an, si on veut bien en croire un plan de développement dévoilé par Macbidouille.

Au final, un constat s’avère frappant : avec des ventes de Power Mac en berne, Apple a tout intérêt à ne pas rater la prochaine introduction de son Mac professionnel. Si celui-ci s’avère la machine « tueuse de Pentium » comme se plaisent à l’annoncer certains sites de rumeurs, elle provoquera, au moins chez les actuels clients d’Apple, un regain d’intérêt. Et si ce Mac du futur ne souffre pas d’erreurs de conception, ses ventes pourraient bien crever les plafonds atteints par le constructeur depuis des années. Du coup, les rumeurs selon lesquelles la firme préparera des stocks de Power Mac dès la fin mai, mais aussi de la prochaine itération de PowerBook 15 pouces, pourraient bien s’avérer exactes. Et Tim Cook, confronté à la menace d’une épidémie d’ampleur mondiale et d’une demande globale particulièrement forte, pourrait bien avoir réclamé que les règles financières de restriction des stocks de produits finis soient quelque peu assouplies pour le prochain lancement. Quant à Fred Anderson, le directeur financier de la firme, s’il présente des résultats moyens pour le trimestre en cours en raison du mois de stocks de machines accumulées par Apple, ce sera surtout pour terminer l’année fiscale en beauté à la fin septembre ! Chat échaudé craint l’eau froide… A force de louper des ventes sur ses machines, la Pomme a très certainement envie de surprendre son monde.