Rachat de SFR : l’emploi dans la balance

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Quel que soit l’acquéreur de SFR (Bouygues ou Numericable), le maintien de l’emploi voire la création de nouveaux postes est crucial pour convaincre le gouvernement. Et Vivendi ?

Bouygues va-t-il remporter SFR ? Le groupe Vivendi devrait donner sa décision dans le courant de la semaine alors que Numericable est également candidat à la reprise de l’opérateur au carré rouge. Le thème de l’emploi (maintien et création de postes) a été l’un des marqueurs pour affiner le dossier. Car il est important aux yeux des pouvoirs publics.

Ainsi, dans une lettre que Martin Bouygues a adressée au ministre du Redressement productif  Arnaud Montebourg (et publiée par Le Monde), des « engagements fermes »sont pris sur ce volet en cas de fusion entre Bouygues Telecom et SFR.

Au-delà du volet des investissements consentis  (« deux milliards d’euros par an sur les réseaux fixe et mobile, dont 400 millions d’euros sur la fibre optique »), le groupe Bouygues affiche sa volonté de ne pas procéder à un plan social à la suite de la fusion : « Nous nous engageons à ne procéder à aucun licenciement collectif, plan social, plan de départ volontaires dans le cadre de cette fusion. »

Dans la perspective du rapprochement avec SFR, le P-DG du groupe Bouygues se déclare prêt à « rapatrier plusieurs centres d’appel en France ». Ce qui devrait plaire au ministre du Redressement productif, qui recommande aux opérateurs télécoms de favoriser l’implantation de call centers implantés sur le territoire national. Un volet qui devrait davantage concerner les pratiques mises en place par SFR que celles de Bouygues Telecom (dont les centres d’appels sont localisés en France).

Autre gage donné au gouvernement : le recours privilégié à des fournisseurs français « à chaque fois que c’est pertinent au plan technique ». En l’état actuel, Bouygues Telecom a tendance à favoriser Ericsson et Huawei comme équipementiers télécoms.

Du côté de Numericable, on assure qu’en cas rapprochement avec SFR, l’emploi et l’investissement dans les deux entités et chez les sous-traitants de toute la filière seraient « sécurisés ». Patrick Drahi, principal dirigeant du câblo-opérateur via la holding Altice, a affirmé « qu’il s’engagerait à ne pas licencier, à conserver 8 500 emplois chez SFR et 2400 chez Numericable, et même recruter des commerciaux pour le marché des entreprises. »

Les syndicats perplexes

Selon LaDépêche.fr, des syndicats du groupe Bouygues montrent quelques signes d’inquiétudes malgré les déclarations optimistes des protagonistes. Ainsi, la section CFDT du groupe craint des répercussions en raison  du « nombre important de doublons entre Bouygues et SFR ».

Tandis que FO Com soulignaient que « les annonces de rachat, fusions, découpages en tous genres ne peuvent qu’inquiéter les salariés du secteur qui ont déjà payé un lourd tribut avec 40 000 emplois détruits depuis l’arrivée de Free Mobile ».

Emploi : inscrire des obligations juridiquement opposables ?

Interrogé mardi matin sur RTL, Arnaud Montebourg s’est félicité des engagements pris par Martin Bouygues. Et il a pris le soin de citer à l’antenne un extrait de la lettre qu’il a reçu du patron de Bouygues. Des « investissements dans les start-up du numérique en France » auraient été également notifiées.

La veille, Fleur Pellerin, ministre déléguée à l’Economie numérique, considère comme « souhaitable que les candidats au rachat de SFR puissent intégrer dans les licences leurs engagements en matière d’emploi ». Car, fusion oblige, il y aura des transferts de licences mobiles.

« Si ces engagements [sur l’emploi, ndlr] sont réels et sincères, cela ne pose pas de problème de les inscrire dans la licence afin qu’elles soient juridiquement opposables. Ce serait de nature à rassurer les partenaires sociaux », a déclaré Fleur Pellerin à l’AFP.

Rappelons que l’ARCEP, qui intervient pour valider le transfert de licences, est également doté d’un pouvoir de sanction en cas de non-respect des engagements pris. Reste à savoir si ce critère de l’emploi est examiné avec attention par le groupe Vivendi qui doit trancher sur le dossier SFR dans le courant de la semaine.

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