Réactions hostiles au jugement de Microsoft

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Sun, Lindows, Ovum ont fait connaître publiquement leur déception suite au jugement rendu dans l’affaire Microsoft, poursuivi par le gouvernement américain pour violation des lois antitrust. Selon eux, le jugement ne changera rien à la situation monopolistique du géant de Redmond. Seul espoir pour eux : que la Commission européenne juge l’éditeur de Windows indépendamment de toute influence.

Evidemment, le jugement rendu lundi 4 novembre dans le procès Microsoft qui permet à la firme d’échapper aux sanctions de scission prononcées dans un premier temps (voir édition du 4 novembre 2002) ne fait pas plaisir à tout le monde. Si les neuf Etats américains plaignants ne se sont pas encore prononcés sur un éventuel appel de la décision de la juge Colleen Kollar-Kotelly, certains acteurs se sont empressés de donner leur avis.

A commencer par l’éternel concurrent Sun, engagé dans une bataille juridique avec le géant de Redmond autour du langage Java (voir édition du 19 juin 2002). « Le choix, l’innovation et la compétition sont les bases de l’industrie de la technologie », peut-on lire sur le site du développeur de Solaris. « Aujourd’hui, les règles ne favorisent pas ces principes et ne protègent pas les millions de développeurs et d’acteurs qui veulent un marché ouvert », poursuit durement le communiqué. Pour Sun, qui maintient ses poursuites, les sanctions prises à l’encontre du géant de Redmond seront « inefficaces pour freiner le monopole de Microsoft et ses pratiques anticoncurentielles ».

Des concurrents mécontents

Michael Robertson, PDG de Lindows et fondateur de MP3.com, n’est lui non plus pas très satisfait du jugement. « En tant que concurrent de Microsoft », écrit-il dans son édito, « nous sommes dans une position unique pour percevoir la brutalité de leurs actions. » Et de témoigner sur l’intervention de Steve Ballmer, PDG de Microsoft, auprès de Wallmart, l’un des plus grands revendeurs américains, pour tenter d’influer sur la décision de vendre des PC équipés de la distribution Linux LindowsOS. Comme Sun, le dirigeant de Lindows se dit convaincu que le récent jugement ne changera en rien l’attitude monopolistique de Microsoft. Mais à la différence de la société de Palo Alto, Michael Robertson entend tirer profit de cette attitude pour séduire de futurs clients « fatigués de surpayer leurs logiciels ».

Autre avis, celui de Philip Carnelley, directeur de recherche chez Ovum, société spécialisée dans les télécoms. « Le jugement est une victoire pour Microsoft. On a le sentiment que les précautions ont été prises après coup », écrit le porte-parole. « Nous pensons que Microsoft continuera à dominer le marché des logiciels de la même manière qu’il domine celui des applications de bureau, et il a de bonnes chances de faire de même dans le domaine des applications pour téléphones portables. » Il est vrai que Microsoft s’est immiscé sur ce marché avec sa plate-forme SmartPhone, récemment sélectionnée par Orange.

Une Europe impartiale

Bref, les voix qui s’élèvent contre l’absence de réelles sanctions du jugement rendu vendredi 1er novembre 2002 ne manquent pas. Même la Commission européenne a tenu à se faire entendre et à montrer son indépendance vis-à-vis de la justice américaine. Mario Monti, commissaire européen à la Concurrence, doit notamment se prononcer d’ici à la fin de l’année sur les accusations d’abus de position dominante qui pèsent sur Microsoft concernant la commercialisation de Windows 2000 (voir édition du 30 août 2001). Admettant que l’Europe était libre de sa décision, Microsoft a aussitôt précisé : « Dans l’intérêt de la cohérence transatlantique, nous espérons qu’elle tiendra compte pour sa décision des autres faits dont elle dispose. » Des menaces ?