RealNetworks est-il réellement un hacker ?

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En utilisant le terme « hacker » dans sa réaction à la solution Harmony de RealNetworks, le communiqué d’Apple ne s’est-il pas chargé d’un contresens conséquent ?

La réaction d’Apple au lancement par RealNetworks de sa solution de contournement de DRM Harmony (voir édition du 27 juillet 2004) s’est faite attendre. « Nous sommes étonnés de constater que RealNetworks a adopté les tactiques et techniques des hackers pour s’infiltrer dans l’iPod », peut-on y lire (voir édition du 30 juillet 2004). L’utilisation par la Pomme du terme « Hacker » pose question. S’avère-t-elle ici imprécise, si la firme a voulu soulever le doute quant aux intentions honnêtes de RealNetworks ? Malgré une acception négative largement répandue, l’activité de la communauté des « Hackers » est encadrée par un certain nombre de règles de bonne conduite. L’article « Hacker » du dictionnaire encyclopédique d’informatique de Frédéric de Solliers souligne que « les hackers sont de bons types, créant du logiciel remarquable en un temps record. (?) Jerry Pournelle (un écrivain de science-fiction spécialiste informatique, NDLR) a écrit en 1996 : ‘Hacker au sens ancien : les créateurs de choses intelligentes à faire avec des ordinateurs' ». Le sens premier de ce terme reste donc celui d’un magicien de l’informatique, de la programmation ou de l’électronique. Les compétences du hacker lui permettent notamment « d’intervenir sur le comportement d’un logiciel sans avoir à en connaître le fonctionnement général ». Steve Wozniak, l’un des fondateurs d’Apple, se considérait lui-même comme appartenant à la communauté des hackers. Tandis que Compaq aura sans doute réalisé le plus beau « hack » de l’histoire de l’informatique en imitant le fonctionnement de l’IBM PC et lancé ainsi l’apparition de compatibles PC. Un joli coup de chapeau Depuis, et avec le temps, le terme hacker a été dévoyé et son utilisation étendue. Les entreprises considèrent désormais que le « Hacker » menace leurs intérêts, alors qu’elles étaient les premières à les utiliser auparavant. Elles ont remis en cause l’éthique des « Hackers », qui revendiquent le désir de participer à la construction d’une société meilleure. A la différence des crackers. Pour Eric S Raymond, le gourou du hacking, seul à avoir décrit leur comportement dans son livre « The New Hacker’ Dictionnary » (le nouveau dictionnaire Hacker), une différence fondamentale sépare les hackers des crackers. Quand les premiers construisent des choses, les seconds les cassent. Reste à savoir si la technique de contournement du système de gestion de droit utilisée par Real, relève du hacking ou du cracking. Et de s’interroger également si une société peut se permettre d’utiliser leurs tactiques et techniques. Dans le doute, Apple pouvait-elle écrire que RealNetworks avait utilisé des « techniques de crackers » ? Tout dépend finalement du point de vue où l’on se place. Pour la firme à la Pomme, nul doute qu’Harmony constitue une arme destinée à s’emparer d’une partie du marché de la vente de musique en ligne. Le terme « cracker » aurait ainsi sans doute mieux coller à sa perception de l’audace de Real. Quant à RealNetworks, il peut légitimement se prévaloir d’une avancée dans la compatibilité de son offre avec celle de son concurrent et se sentir honoré d’avoir été traité de « hacker », au sens non dévoyé du terme. En soit, le communiqué de presse de la Pomme se présente finalement comme un joli coup de chapeau envers la performance du personnel de RealNetworks.